02. Lui

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Quelque part dans Los Angeles
11:12

La nuit avait été un enfer. Pas une minute de sommeil. Je restais assise sur ce lit, tremblante, le regard fixé sur la poignée de la porte, prête à réagir à la moindre intrusion. Chaque bruit dans le couloir me faisait sursauter.

La dernière fois qu'il avait ouvert cette porte, il m'avait attrapée par le bras avec une telle violence que j'en avais encore les marques violettes. Il ne m'avait pas frappée, pas encore, mais il s'amusait à jouer avec mes nerfs, à me pousser à bout.

Les mots qu'il avait lâchés hier tournaient encore en boucle dans ma tête :

"Répare les erreurs de ta famille, et on en rediscutera après."

Quels "erreurs" ? Pourquoi moi ? Mon père était peut-être un de trafiquant, mais je l'aimais, il m'a toujours protégé de son monde, et en quoi est-ce que ça me concernait ? Ces pensées me dévoraient, me rendant folle.

Je triturais une mèche de mes cheveux, le regard perdu sur les murs défraîchis de la chambre. Cette pièce puait l'abandon et la misère, tout comme ma situation. Cela faisait une semaine que j'étais coincée ici. Une semaine à supporter Jake et son putain de sourire malsain.

Soudain, des bruits de pas lourds résonnèrent dans le couloir. Mon cœur s'emballa. Il approchait. La poignée bougea, et il entra sans frapper.

Il portait un sweat noir et un jean troué. Ses cheveux en bataille et ses yeux noirs brillaient d'un éclat carnassier. Il me fixait, un sourire cruel étirant ses lèvres.

— T'as bien dormi, princesse ? lança-t-il d'un ton moqueur.

Je ne répondis pas, détournant les yeux. Cela ne fit qu'accentuer son amusement. Il s'avança d'un pas rapide, attrapant brutalement mon menton pour me forcer à le regarder.

— Réponds quand je te parle, salope.

Son ton était glacial, et sa poigne, douloureuse.

Il me tira violemment du lit, m'arrachant presque le bras.

— Debout. T'as une gueule de merde. Va te laver, tu pues le désespoir.

Il me traîna dans le couloir jusqu'à la salle de bain. Lorsque je tentai de me libérer, il resserra son emprise.

— Si tu veux que ça fasse mal, continue de bouger, murmura-t-il à mon oreille, un éclat sadique dans la voix.

Dans la salle de bain, il me poussa contre le mur, son corps trop proche du mien.

— Je te surveille cette fois. T'as cru que t'allais me refaire le coup de la fenêtre ? Il désigna la fenêtre maintenant verrouillée par un cadenas massif.

Je reculai instinctivement, mais il me barra la route.

— Bouge encore, je t'éclate la tête contre le miroir.

Son regard descendit lentement, s'attardant sur mon corps.

— T'es bien foutue, putain. Dommage que t'aies pas un meilleur caractère.

Mon estomac se noua. Je le détestais, et je détestais encore plus ce sentiment d'impuissance.

— T'as une heure. Sors dans cet état, et je te fous à poil devant notre invité, déclara-t-il avec un sourire menaçant.

Il quitta la pièce en claquant la porte, me laissant avec mes pensées.

Je me tenais là, tremblante, incapable de bouger. Des vêtements étaient posés sur un panier : une mini-jupe ridiculement courte et un haut presque inexistant. Ma gorge se serra.

— Enfile ça, sinon je te trouve moi-même un truc à porter, cria-t-il de l'autre côté de la porte.

Je savais qu'il était sérieux. Tremblante, je me forçai à enfiler ces horreurs. La jupe ne couvrait presque rien, et le haut laissait à peine de place à l'imagination. Je me sentais sale, mais je n'avais pas le choix.

Dans le miroir fissuré, je ne me reconnaissais plus. Mes yeux étaient cernés, mon visage vidé de toute couleur. Cette fille, c'était une étrangère.

                                                                                    

                                                                                                ***


J'entendis Jake frapper violemment à la porte.

— Bouge ton cul, putain ! hurla-t-il.

Il entra sans attendre, me regarda de haut en bas avec un sourire satisfait, et siffla.

— Ça, c'est mieux. Sois gentille, et peut-être que je te traiterai comme une princesse.

Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard.

— Regarde-moi quand je te parle ! Sa main claqua contre ma joue, me faisant vaciller.

Les larmes me montèrent aux yeux, mais je me retins de pleurer. Il semblait se nourrir de ma faiblesse.

— Allez, ma jolie, on a de la compagnie. Fais bonne impression, ou tu vas le regretter.

Amour sans fin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant