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C'est l'été. J'ai 19 ans. Et comme toute jeune fille de 19 ans, je devrais être à la plage, à bronzer et me baigner sans me soucier du lendemain. Boire, fumer, m'amuser. Ces verbes devraient faire partie de mon vocabulaire. Rire a gorge déployée avec ma meilleure amie d'enfance ? Une routine. Enfin, la vie d'une fille de 19 ans.

Seulement, comme chaque rêve qui se doit, il y'a un retour à la réalité. Et pour ma part, il est brutal.

Mon été ressemble plutôt à servir des bières à de vieux hommes pervers et macho dans un bar perdu dans le fin fond de Scampia. Cette ville est de loin la plus dangereuse d'Europe. Vivre là bas signifie avoir 6 chances sur 10 de mourir. Cette ville était à l'origine construite pour la petite bourgeoisie, mais suite à un tremblement de terre, les familles riches sont parties partis laissant place aux familles pauvres ainsi qu'à la mafia. Et donc au sang. Et contrairement à mon rêve, me soucier du lendemain est devenu ma philosophie. Surtout si je peux mourir d'un moment l'autre.

Il est à présent 3 heures du matin. Mon service est terminé depuis un certain temps, mais les heures supplémentaires font parties à part entière de ce sal boulot. A cette heure-là, les rues sont vides et le silence qui y règne est insoutenable. Et malgré une certaine chaleur, de grandes vagues de vents froids font surface. Mon short n'est pas là pour aider, mais je remercie intérieurement mon cerveau pour avoir pensé à avoir pris un pull large.

Je suis totalement épuisée, j'ai les pas lourds. La soirée a été une des plus fatigantes que j'ai pu faire et les clients ont été déchainés. Et de moins en moins prévisibles ... Les demandes de numéros, les sifflements, les regards insistants, je connais. Mais les mains baladeuses en plein service, c'est désespérant. Ce travail est désespérant. Mais j'en ai besoin. Plus que tout, j'en ai besoin. Ma situation m'empêche de critiquer ce boulot qui m'aide énormément d'une certaine manière.

Bientôt arrivée à ma Vele qui est un des nombreux immeubles symboles de la ville, des bruits me viennent de la rue voisine. Des grondements. Des tirs.

Je suis en train d'assister à un échange de drogues, ou pire. Un meurtre.

Prise de panique et de peur, mon corps ne veut plus bouger. La rue est déserte, je n'ai aucun moyen de me protéger. De longues minutes passent sans aucun bruit mis à part des personnes qui parlent. Des hommes si je ne m'abuse. Mais ça n'en ai pas fini. Un autre tir se faire entendre. Cette fois, mon corps est pris d'un instinct de survie. Je cours tout droit sans m'arrêter sachant pertinemment que je serais encore plus proche des tirs, mais aussi plus proche de mon chez moi.

Les bruits s'intensifient. Mon cœur bat à mille à l'heure. Regardant derrière moi par peur d'être suivi, je tombe brusquement à cause d'une canette par terre. Cette canette était vraiment obligée d'être là maintenant ? Je me relève doucement en espérant que personne ne m'est entendue.

Soudain, le silence.

- « Galliano, c'est quoi cette merde ? Tu m'as dis que personne ne serait là ! "

Merde. Putain de merde. On m'a entendu.

La voix d'un autre homme retenu, une voix grave et métallique :

- " Je sais pas mais cette puttana sera morte avant de pouvoir parler. "

Mon souffle se coupe.

A Scampia, assister à ce genre de scènes est courant. Seulement, j'ai eu la chance de n'en avoir jamais été témoin. Mon corps tremble, mais l'idée de mourir maintenant et de cette façon me fais reprendre les choses en main. Je continue à courir en regardant devant moi. La peur me traverse l'échine, mais je n'ai qu'une chose en tête : rentrer chez moi.

Après quelques minutes qui m'ont semblés des heures, la rue touche à sa fin. Je peux enfin tourner.

Silence.

Yeux sombres. Noirs.

Il m'a vu.

Je ne sais pas combien de temps cette scène a duré. Des secondes ? Des minutes ? Des heures ? Je n'en ai aucune idée. L'effroi qui m'a traversé, m'a fait perdre toute notion du temps.

J'ai d'abord cru qu'il allait me tuer. Ou alors me kidnapper, puis me séquestrer. Mais non, il m'a laissé m'échapper. L'espoir me dis qu'il a eu pitié de la fille de 19 ans que je suis. Mais encore une fois, la réalité me rattrape. Ils viendront me chercher.

Il viendra me chercher.







                                           .








Je suis enfin rentrée dans ma Vele.

Je vis seule avec ma nonna depuis la mort de ma mère. Elle est partie quand je n'avais que 6 ans. Plus je grandis, plus les souvenirs que j'ai d'elle sont flous. D'après ma nonna, c'était une femme extraordinaire, et courageuse. Mais surtout déterminée à l'éducation de sa fille malgré des moyens plus que faibles. J'ai été éduqué par ces 2 femmes. Mon père nous abandonnées quand je suis née.

Alors, ce n'est pas que la peur de souffrir si je meurs, mais la peur de laisser ma nonna seule dans cette ville ou le sang coule plus que la pluie.

Arrivée dans ce que l'on peut appeler, la pièce principale, je chuchote :

- « Nonna ? Ça va ? »

Pas de réponses.

- « Nonna ? »

Et merde... Si ils l'avaient kidnappée ? Je ne peux pas la perdre, il ne me reste qu'elle ! C'est totalement impossible, comment t'ipourraient aller plus vite que m-

- " Cara, je suis là. Ca ne vas pas mio cuero ? "

Elle est là. Nonna est avec moi.

Je vais devenir totalement parano, il faut vraiment que je me ressaisisse.

- " Tout vas bien, ne t'en fais pas."

- " Pourquoi as-tu rentré aussi tard ? Tu as eu un problème Mio Cara ? " dit-elle inquiète.

- " Non, nonna. J'ai juste travaillé un peu plus aujourd'hui " dis-je d'une petite voix.

Après tout ce n'est pas vraiment un mensonge, juste un petit oubli ... Elle serait beaucoup trop inquiète, je ne peux pas lui faire ça.

Soucieuse, elle n'osa pas rouvrir le sujet.

- " Buona notte nonna. Je vais dormir. Ti amo ! "

- " Ti amo mio bambina "

Sur ces mots je partie dans ma chambre et m'endormit aussitôt dans les bras de Morphée.

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⏰ Last updated: Jul 26, 2023 ⏰

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