RhéaJ’ai froid. Un froid glacial qui s’insinue jusque dans mes os. Je n’arrive plus à bouger. Tout mon corps semble gelé, figé dans cette pièce.
Depuis qu’ils m’ont enfermée ici, je vis l’enfer.
Chaque jour, chaque heure, ils me posent des questions. Des questions auxquelles je n’ai pas les réponses. Ils semblent penser que je mens, mais comment pourrais-je répondre à des choses que j’ignore ?
Et Sam… Je le maudis. Lui et ses descendants. Je le hais. Il va me payer pour tout ce qu’il me fait enduré , lui et ces hommes qui m’entourent depuis trois longs mois.
Oui, trois mois. Cela fait maintenant cinq mois que j’ai été transférée dans ce centre, et trois mois que je suis enfermée dans cette chambre sombre et glaciale.
Trois mois d’enfer. Trois mois de maltraitance. Trois mois sans pouvoir me laver correctement. Trois mois à ne pas dormir plus de quelques minutes, hantée par leurs voix, par leurs pas dans le couloir. Trois mois qu’il est parti.
Ces trois mois sont les pires de toute ma vie.
Et pourtant, je tiens. Je ne suis pas une faible. Je ne l’ai jamais été.
Durant ces mois, je me suis surprise à remercier mon père, ce même homme qui m’a brisée, de m’avoir appris à survivre sans manger. Grâce à lui, je supporte leurs morceaux de pain rassis, leurs assiettes vides. Cela ne me fait plus rien.
Dans cette pièce où le froid mord ma peau, je me suis repliée sur moi-même, mes genoux contre ma poitrine, espérant réduire l’impact du gel. Peine perdue.
Alors que je fermais les yeux, épuisée, la porte métallique s’ouvrit lentement, dans un grincement sinistre. Quelqu’un essayait d’être discret, mais échouait lamentablement.
Dès qu’il pénétra dans la pièce, je fermai les paupières, faisant semblant de dormir.
— Tu crois qu’elle dort vraiment ?
Je reconnus immédiatement cette voix. Je la reconnaîtrais entre mille. Sa voix, son odeur… tout. André. Cet homme dégoûtant.
— Je crois bien que oui, répondit une autre voix, plus grave.
— Je t’avais bien dit qu’elle était très belle, reprit André.
— Pour une fois, tu dis vrai. Mais pour les autres, tu avais tort.
Les autres ? Quoi, les autres ? Ils font ça à toutes les patientes ? Ils profitent de leurs états pour leur faire du mal ? Des salopards. Des monstres.
J’entendis leurs pas se rapprocher de moi. Mon cœur battait à tout rompre, mais je m’efforçais de respirer lentement, pour ne rien laisser paraître.
Puis, je sentis des doigts glisser sur mon bras. Des doigts froids et invasifs. Un frisson de dégoût me traversa. Est-ce André ou cet inconnu ? Peu importe. Tous les deux sont aussi abjects l’un que l’autre.
Je tentai de me concentrer, d’oublier ces doigts, mais c’était impossible. Mon esprit s’embrouillait. Pourquoi ? Pourquoi moi ?
Finalement, après ce qui me parut une éternité, ils quittèrent la pièce. Je ne sais même pas quand ils avaient cessé de me toucher. Tout ce que je sais, c’est que je pouvais enfin respirer.
Mais dormir ? Impossible. Je ne cessais de revivre cette nuit, ce moment où tout a basculé.
Ce mercredi matin . Ce jour-là, il est parti. S’il avait été là, rien de tout cela ne serait arrivé. Il m’aurait protégée, je le sais. Mais je lui en veux de m’avoir abandonnée.
Alors, comme à chaque fois que le sommeil refusait de venir, je commençai à compter. Un, deux, trois… Cinquante. Le sommeil finit par me prendre.
🕳️
Le lendemain
Je me réveillai brusquement, dérangée par un vacarme dans le couloir. Quelque chose se passait, mais quoi ?
Deux hommes entrèrent soudain dans la pièce. Sans un mot, ils me tirèrent de ma prison glacée, m’ordonnant de marcher.
Où m’emmenaient-ils ? Je n’en savais rien. Leurs pas étaient rapides, trop rapides pour mes jambes affaiblies. Je trébuchai, incapable de suivre leur rythme.
L’un d’eux s’arrêta. Je fus surprise lorsqu’il me souleva dans ses bras. Je ne me débattis pas. Je n’en avais pas la force. Au contraire, je m’accrochai à lui, comme un enfant s’accroche à sa mère, de peur qu’il ne me lâche.
Après quelques minutes, ils s’arrêtèrent devant une porte.
Était-ce toujours le même hôpital ? Tout ici semblait différent.
Cette pièce était bien plus grande que ma cellule précédente, et remplie de lumière, presque aveuglante.
Je fis quelques pas, déstabilisée. Sur le lit blanc, tout était immaculé : le drap, la table, même l’horloge.
— Ils adorent vraiment le blanc, murmurais-je en faisant les cent pas.
La pièce était dépourvue de fenêtres. Mais en explorant, je découvris une autre porte. Une salle de bain.
Enfin, une chance de me laver.
Je retirai mes vêtements crasseux, laissant l’eau chaude me purifier. Le savon emporta la saleté accumulée, mais pas le poids de ma souffrance.
En sortant, j’enfilai une robe blanche laissée là. Propre. Légère. Elle me paraissait presque irréelle.
De retour dans la chambre, une petite table m’attendait, un plateau dessus. Sans réfléchir, je dévorai la soupe.
Puis, l’horloge se mit en marche. Tic, tac. Tic, tac.
Le bruit était insupportable. Après une trentaine de minutes, elle s’arrêta enfin.
🕳️
Une semaine plus tard
Tic, tac. Tic, tac.
Encore ce bruit. Ce maudit bruit.
Ils le font exprès. Ils veulent que je perde la tête.
— Assez ! hurlais-je en attrapant l’horloge.
Je l’écrasai au sol, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un tas de débris.
Pourtant, le soir venu, je l’entendis à nouveau.
Tic, tac. Tic, tac.
Mais je l’ai détruite…
Je suis devenue folle. C’est ça qu’ils veulent.
Je me recroquevillai sur le lit, les mains sur les oreilles.
— Rhéa, calme-toi. Respire.
Mais malgré mes efforts, je savais qu’ils gagnaient. Je suis faible face à eux et c'est ce qui est énervant le fait que je ne puisse rien contre eux .
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A pretty psychopath TOME 1
عشوائيRhéa a toujours mené une vie difficile. Battue par son père depuis l'enfance, elle voit son destin basculer lorsque ce dernier décide de la marier de force pour éponger ses dettes. Mais ce qui semblait être une échappatoire s'avère être un nouveau c...