Amour sans fin

06. Ready ?

L'homme qui m'avait attrapée m'entraîna hors de la pièce, sans brutalité mais avec une poigne ferme, comme s'il n'avait pas besoin de forcer pour me faire comprendre que je n'avais pas intérêt à résister. Il me guida jusqu'à un petit salon adjacent, aux murs tapissés de livres et aux rideaux épais qui plongeaient la pièce dans une pénombre étouffante. Il me fit signe de m'asseoir dans un fauteuil en cuir qui semblait avoir vu de meilleurs jours.

— Tu bouges pas, ordonna-t-il d'un ton sec, avant de se poster près de la porte.

Il croisa les bras et s'adossa au mur, son regard braqué sur moi comme un prédateur surveillant sa proie. Mon esprit tournait à plein régime, mais aucune échappatoire ne semblait possible. La maison était trop bien gardée, et cet homme, avec sa carrure imposante et sa vigilance, ne me laisserait aucune chance.

Je respirai profondément pour calmer la panique qui montait en moi. Je devais rester concentrée. Tom avait dit qu'il voulait tester mes capacités. Mais de quelles capacités parlait-il ? Était-ce un jeu d'intimidation, ou attendait-il que je prouve ma valeur d'une autre manière ? Mon regard dériva vers la bibliothèque, cherchant désespérément une distraction.

— Tu comptes lire un bouquin ? lança l'homme, sarcastique.

Je relevai les yeux vers lui, forçant un masque d'indifférence.

— Peut-être. Ça t'embête ?

Son sourire en coin me fit grimacer. Il semblait apprécier mon insolence autant qu'il la trouvait futile. Il ne répondit pas, mais son regard restait pesant. Je savais qu'il n'était pas là pour discuter, juste pour m'empêcher de tenter quoi que ce soit.

Les minutes s'étirèrent en une éternité. J'entendais des éclats de voix dans le couloir, des bruits de pas pressés, et parfois un cri étouffé qui me faisait sursauter malgré moi. Mon père. Que lui faisaient-ils ? Je serrai les poings, m'efforçant de ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Tom avait raison sur un point : ici, il fallait survivre. Mais je n'étais pas du genre à attendre que les choses empirent.

L'homme près de la porte semblait perdre patience, se balançant légèrement sur ses pieds. Je remarquai qu'il jetait parfois des coups d'œil furtifs vers son téléphone, comme s'il attendait des instructions. Si seulement je pouvais utiliser cette distraction... mais il restait trop près.

Au bout d'un moment, des bruits de pas lourds se firent entendre dans le couloir. Je relevai la tête juste au moment où Tom Kaulitz réapparaissait dans l'embrasure de la porte. Il avait retiré sa veste, et ses manches relevées révélaient des bras marqués de tatouages. Son pistolet était toujours dans sa main, mais il l'agitait avec une désinvolture presque nonchalante. Il balaya la pièce du regard avant de poser ses yeux sur moi.

— Toujours sage, à ce que je vois, dit-il avec ce sourire narquois qui me faisait grincer des dents. Bien.

Il fit un signe de tête à l'homme, qui se redressa immédiatement.

— On y va, annonça Tom en me désignant du menton. Toi, tu restes ici.

L'homme hocha la tête et ferma la porte derrière nous, me laissant seule avec Tom. Mon cœur s'emballa, mais je refusai de montrer la moindre peur. Il s'approcha lentement, réduisant encore une fois la distance entre nous.

— Prête pour une petite balade ? murmura-t-il, une lueur amusée dans le regard.

Je soutins son regard, refusant de baisser les yeux.

— Où est mon père ? demandai-je, ma voix plus froide que je ne l'aurais cru.

Il rit doucement, un rire sans chaleur.