Comment j'ai rencontré l'amour

Chapitre 1 - Une rencontre inopinée

Je m'étais inscrite à la salle de sport en février 2023. J'y allais de temps à autre avec mon amie Emilie ou avec mon copain Calvin mais il m'arrivait souvent de m'y rendre seule.
Cela faisait peut-être deux semaines que j'y allais régulièrement, dans l'objectif d'avoir un corps de rêve pour cet été. Et ce jour-là, j'y étais surtout allée pour me vider la tête des pensées négatives. Depuis mon anniversaire, le 14 janvier, je ne faisais que de me disputer avec Calvin. Il refusait que je sorte sans aucune raison. Il scrutait mes moindres faits et gestes. Et lorsque je faisais la sieste en rentrant du travail, il en profitait pour se jeter sur mon téléphone afin de vérifier avec qui j'avais conversé dans la journée. Si bien qu'à chaque réveil, encore toute barbouillée, je recevais une avalanche de reproches alors que je n'avais rien fait qui pouvait attiser sa colère.
J'étais arrivée sur le parking vers 15h30, environ. C'était mon heure de prédilection. La salle de sport n'était pas très fréquentée. Alors que je coupais le contact de la voiture, je relevais la tête et c'est à ce moment-là que je découvris la plus belle personne que je n'avais jamais eu l'occasion de voir. Un brun au regard d'azur venait d'ouvrir sa portière. Il était habillé d'une veste beige vintage au col mouton et d'un short bleu de plage. C'était une bien drôle de façon de se vêtir. Mais dessous cette veste se dessinait des bras épais et sans aucun doute musclés à en deviner par sa corpulence aussi imposante qu'harmonieuse. Il passa sa main dans ses cheveux et claqua sa portière avec une violence délicate.
Je dus déglutir et reprendre mon souffle avant de jeter un œil à ma dégaine. J'avais les cheveux rassemblés en une queue de cheval haute, un legging noir presque neuf et un pull gris large et délavé. Ce n'était pas terrible. Il fallait que je sorte de la voiture mais je ne voulais pas que ce bel inconnu ne me voit dans cette tenue. Je me dépêchais de prendre mon sac de sport à moitié vide et me précipitais jusqu'à la porte de la salle de sport. J'entendis des pas pressés derrière moi. C'étaient les siens. Dans un élan de vitesse, la lanière de mon sac s'accrocha dans le portique.

« - Vous ferez attention, mademoiselle, votre sac s'est coincé, prononça une voix de velours derrière moi.
- M-merci, bredouillais-je en me retournant. »

Son regard était déstabilisant, à la fois hautain et empli de compassion, dur et doux en même temps. Mes joues commencèrent à me brûler de honte. Je devais sans doute être cramoisie.
Je repris la lanière de mon sac et courus presque jusqu'aux vestiaires dans lesquels je me suis réfugiée peut-être cinq minutes ou une éternité, difficile à dire. Mon cœur battait la chamade. Comment avais-je pu être aussi maladroite ? Il doit sans doute se moquer de moi à l'heure qu'il est. J'étais censée me faire toute petite, presque transparente. Je ne souhaitais pas qu'il me voie, c'était loupé.
Je rassemblais mes affaires ainsi que ma dignité et ma motivation pour me lancer dans ma séance sportive, car après tout, j'étais venue pour ça. A peine sortie du vestiaire, je jetais un coup d'œil autour de moi et je sentis le regard de mon bel inconnu à travers le miroir. Il me souriait gentiment. Et je ne pus m'empêcher de baisser la tête avec pudeur et de sourire en retour.
Comme à chaque fin de séance, je me dirigeais vers le tapis de marche vers l'entrée de la salle. Le tapis incliné sur une pente a 10%, c'était parti pour une demi-heure de marche. Be Alright de Ariana Grande jouait dans mes écouteurs pour me motiver. Un léger coup de vent caressait mon bras et me fis sortir de mes pensées. C'était encore ce bel inconnu qui passait. Il s'arrêta au comptoir de la salle de sport, juste sous mes yeux. Il était tout transpirant, luisant de sueur. Il échangea quelques mots avec Alexandre, le manager de la salle. Puis ils s'installèrent sur les fauteuils de l'espace détente. De temps à autre, j'échangeais des regards avec mon inconnu. Il était d'une beauté éblouissante. Il devait sans doute avoir une petite trentaine d'années, une barbe bien entretenue et un pull bleu dessinant ses muscles avec suggestion qui relevait son regard d'un bleu intense. Il parlait avec ses mains d'une manière animée, sans doute était-il très concerné par la conversation. Et c'est avec sérieux et douceur qu'il répondait à Alexandre. Ils avaient l'air de se connaître depuis longtemps.
Le temps que j'aille me changer dans les vestiaires, il était parti. Un sentiment de tristesse m'envahit. Je devais rentrer chez moi et retrouver Calvin. L'appréhension me gagna. A quel genre de dispute aurais-je le droit aujourd'hui ?