Je me lève, la main devant la bouche, et tourne les talons rapidement vers ma chambre.
Tout devient très flou, comme si on m'avait assommé avec une massue. En entrant dans ma chambre, je claque la porte et m'assois par terre.
J'essaie de me calmer. Ça faisait un bon bout de temps que je n'ai pas versé de larme. J'ouvre grand les yeux mais les larmes m'empêchent de voir correctement.
Je souffle mais ma respiration est de plus en plus saccadée. Je me sens trembler. J'essaie de prendre une nouvelle fois de grandes inspirations mais elles sont coupées par mes sanglots qui prennent le dessus.
Honnêtement, je ne sais même pas si ça sert à quelque chose d'essayer de me calmer.
Je n'arrive plus à me repérer dans la chambre et mes pleurs s'intensifient.
C'est une crise d'angoisse.
Je pense que c'est toute la misère de ces 3 dernières années accumulée sans extérioriser qui me gifle la figure.
C'est dingue ça! Je me rappelle encore du jour où j'ai mis les pieds dans un lycée pour la première fois. Du jour où j'ai triché pendant un examen blanc de maths et que tout le monde m'appelait "Cheat Master" parce que j'ai réussi à me taper un 93/100.
Je me rappelle aussi du jour où je suis allée voir l'entraînement de foot de mon béguin de cet époque. Il s'appelait Seojoon.
Il était très timide et ne parlait pas aux filles. Personne ne le remarquait puisqu'il ne parlait jamais, mais à chaque fois que je le voyais, mon cœur me faisait le même effet que comme si j'avais couru un marathon.
Il était très athlétique, et il était de loin le meilleur de l'équipe du lycée. J'y connais rien au foot, mais ça s'était flagrant.
C'est mes deux meilleures amies de l'époque, Seoah et Youngsoon, qui m'avait dit d'aller le regarder, elles sont même venues avec moi.
Quand j'ai enfin réussi à lui parler, j'étais super heureuse car sa personnalité et la mienne s'emboîtaient parfaitement. J'aimais discuter avec lui et il me disait souvent que ma personne était très agréable.
Il faut dire que j'étais très joviale et sociable quand je n'avais aucun soucis.
Un jour, il m'a dit de le rejoindre dans une salle de classe vide pendant la pause déjeuner.
J'en ai informé Seoah et Youngsoon qui paraissaient ravies de la nouvelle.
J'appréhendais un peu avant d'y entrer. J'étais si nerveuse que j'en avais la boule au ventre.
Je suis entrée et il m'a demandé de m'asseoir en face de lui.
La première phrase qui sort de sa bouche est: "Je suis amoureux de Youngsoon depuis le collège".
Honnêtement, ça ne m'a même pas fait mal tout de suite, j'étais juste choquée. C'est comme si je devenais sourde d'un coup.
Il m'expliquait à quel point elle est jolie, à quel point elle sent bon, à quel point sa voix est douce et je ne sais quoi d'autre.
Je savais qu'elle avait beaucoup plus de popularité que moi auprès des garçons, je ne l'ai jamais jalousé pour ça jusque ce jour là.
"Tu pourrais m'aider à sortir avec elle?"
Cette phrase me pince toujours un peu le cœur quand je me la refais en tête.
Je n'en revenais pas. J'avais passé des mois à surmonter mes folies cardiaques, des mois à sourire à l'entente de son nom, des mois à discuter avec lui pour qu'au final il soit aussi aveugle qu'une taupe. Le pire, c'est que c'était ma meilleure amie.
J'ai donc répondu oui.
Quand je l'ai annoncé à Youngsoon, elle avait l'air vachement contente.
"Tu me faisais de l'ombre!"
"J'ai dû sacrifier mes sentiments pour toi!"
"Je suis si contente!"
C'est qu'elle m'a dit, et je n'ai même pas répondu.
1 mois plus tard, ils sont en couple.
Le lycée finit, ils emménagent ensemble. Youngsoon, Seojoon et Seoah ont tout les trois coupé tout contact avec moi.
Je n'avais même plus envie de pleurer, je me sentais juste vide.
Je me sens toujours vide.
Je me rappelle de la remise des diplômes de fin de lycée. Je me rappelle de toutes ces photos que j'ai prise dans mon appareil photo avec tous mes amis du lycée durant le grand voyage scolaire de première.
Je me rappelle aussi toujours aller manger du poulet frit dans le restaurant de ma voisine les soirs d'hiver juste après les cours.
Je me rappelle des trajets à vélo que je faisais tous les matins et tous les soirs en chantonnant.
Je me rappelle des longues routes que je devais prendre. D'un côté il y avait des étendues énormes de champs, de l'autre c'était la forêt.
Ces routes étaient droites et infinies. Elles étaient larges et lisses.
Je me rappelle des couchers de soleil que je regardais du toit de ma petite maison en haut d'une colline.
Je me rappelle me battre avec ma sœur tous les matins pour savoir qui utilisera le sèche-cheveux en première.
Je me rappelle avoir pleurer en rentrant de mes vacances à la mer car j'avais des tâches de rousseurs à cause du soleil.
Je me rappelle regarder pendant des heures des défilés de différentes marques comme Vivienne Westwood, Yves Saint Laurent, ou encore Louis Vuitton.
Je me rappelle courir après mon ami dans les couloirs parce qu'il s'amusait à voler mon déjeuner.
Je me rappelle que j'étais heureuse, vraiment.
J'étais épanouie, je ne pensais pas au futur.
En fait, si, j'y pensais. Mais je me disais que je verrai ça plus tard, et que je devais me concentrer sûr l'instant présent. Voilà où ça m'a conduite.
Si seulement je pouvais, juste une fois, remonter le temps et me mettre des claques, je le ferais.
Et maintenant, je suis allongée sûr le sol d'un hôtel que je quitterai dans une semaine en train de me remémorer des bons souvenirs qui ne m'offrent plus rien que des haut-le-cœur.
Trinquons, les amis.
À la jeunesse.
Aux amours.
Aux chagrins.
Aux pleurs.
À la joie.
À la tristesse.
À la vie.
Et sanglotons aux regrets, car il n'y a que ça à foutre quand c'est passé.
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Apricity; SUNGHOON (PAUSE)
Fanfiction"C'est tout comme si tu amenais une brise printanière me siffler à l'oreille "Je t'aime", alors que nous sommes factuellement, psychologiquement et émotionnellement parlant toujours en hiver, et qu'il n'y a aucun soleil pour m'éclairer. En tout cas...