CHAPITRE 5

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Brooklyn

Après être sorti de la douche, mon écran de téléphone m'indique qu'il est vingt et une heure trente. J'ai été plus rapide que ce que j'aurais cru, je me dirige vers mon dressing et attrape quelques vêtements. Je décide d'opter pour quelque chose de plutôt simple, un jean noir taille haute légèrement évasé au niveau des chevilles, un t-shirt levis blanc basique et une veste en jean de la même couleur que mon pantalon. J'enfile le tout, me coiffe légèrement à l'aide de ma cire pour cheveux. J'aurais pu mieux faire, mais cela sera bon pour ce soir, déjà que je me force à sortir pour éviter de me foutre en l'air, c'est déjà pas mal. Je chope mes clés et me prépare à partir. Ma sacoche en main, je descends de l'immeuble, l'escalier sent toujours autant la pisse et je parie que mon voisin est encore en train de fumer de la beuh.

Je commande un uber et à peine trois minutes plus tard, le voilà arrivé. Le chauffeur descend pour m'ouvrir la portière arrière du véhicule. Il est assez jeune, ce qui n'est pas pour me déplaire, je lui donne même pas trente ans. Mes yeux sondent son corps avec avidité, jeune et bien foutu. Je m'empêche néanmoins de continuer mon observation de crainte que ça le mette mal à l'aise. Il est plutôt grand, brun aux yeux bleus. Ceci n'est pas mon combo préféré, mais je dois avouer que cela lui va plutôt bien. Il possède également une légère barbe de trois jours et ça, ça me fait clairement craquer. La sensation de passer mes doigts dans une barbe fraîchement repoussée, c'est divin. Perdu dans mes pensées, je n'ai pas vu que le chauffeur attendait que je monte dans le véhicule. Je balaye mes fantasmes avant de le remercier et de grimper dans la voiture.

— Je vous en prie, allez-y.

— Merci beaucoup, dis-je amicalement.

La voiture démarre, je scroll sur Instagram, des photos d'hommes bodybuildés ornent mon feed.

Décidément je suis vraiment le cliché du type gay...

La voiture s'arrête, je tourne la tête et aperçois la devanture de la boîte de nuit. C'est vraiment beau, un énorme néon violet avec écrit "Purple ring" illumine l'entrée. Pourtant, ce qui captive mon attention, c'est le building qui s'élève devant moi, je pourrais presque en avoir le vertige. Jamais je n'aurais pensé que la boîte de nuit se trouverait au rez-de-chaussé d'un immeuble aussi haut, je crois même qu'il s'agit du plus grand de Chicago. Je sors de la voiture et remercie le chauffeur pour la course.

Arrivé devant l'entrée, la réalité me rattrape. Je n'avais pas senti cette petite boule se former dans mon estomac, le stress monte de plus en plus en moi et mes mains deviennent moites tout aussi rapidement. Je commence à regretter d'avoir eu cette idée, mais je ne suis pas venu ici pour rien, je glisse la main dans ma sacoche et discrètement, avale un anxiolytique sans hésiter. Mes jambes enclenchent seules le pas vers l'entrée, comme si mon cerveau avait pris les devants. Je passe littéralement en mode pilote automatique. A présent devant le guichet, je demande une entrée et paye dans la foulé. En me dirigeant vers la première pièce de la boîte, je suis bousculé par un groupe de trois mecs. Naturellement, en gentille petite victime que je suis, je m'excuse. Celui qui a l'air d'être le leader du groupe me répond.

— Je suis pas sûr que tu sois à ta place ici, le pédé.

Comme à mon habitude je vais me contenter de baisser la tête et de ne pas répondre.

Pathétique... encore et toujours tu restes la gentille marionette de tout le monde, me torture ma voix intérieure.

Ma gorge est sèche. Je me dirige vers le bar central au milieu d'une piste de danse, tout en prenant le temps de regarder autour de moi. C'est une grande salle avec une hauteur sous plafond immense, toute la surface de la pièce est une piste de danse, sur ma droite se trouvent des carrés privés et sur ma gauche, j'aperçois des toilettes mixtes. C'est plutôt cool à mon sens. Je lève les yeux et vois comme des sortes de mezzanines qui doivent contenir, elles aussi, des carrés VIP. Je pense que si elles sont en hauteur, elles doivent être pour des gens importants ou sûrement pour le patron et ses amis, histoire de ne pas être dérangés par toutes sortes de personnes alcoolisées. Mes prunelles continuent d'observer ces mezzanines, jusqu'à ce que ceux-ci s'arrêtent net sur le visage d'un homme qui a les mirettes rivées sur moi. Je reconnais ces yeux froids et sombres. C'est le mec que j'ai aperçu tout à l'heure au travail. Il me fixe avec insistance et je dois l'avouer, c'est extrêmement déstabilisant, je n'apprécie pas cela.

Pourquoi me fixe-t-il comme ça ?

Une boule se forme dans mon estomac et je n'arrive pas à interpréter ce que c'est. Ce n'est pas comme quand je suis stressé, c'est différent...

Admets le Brook, c'est juste de la tension sexuelle. Depuis combien de temps n'as-tu pas couché avec un homme ?

Ferme la !

Mon moi intérieur a raison, je n'ai rien fait depuis tellement longtemps et ne parlons pas de mes expériences, soit elles étaient nulles soit... Bref, c'est forcément de la tension, cet homme est magnifique. Cheveux brun, grand et légèrement musclé comme il faut, c'est clairement l'homme de tous mes fantasmes. Au moment où je reprends mes esprits et sors de mes réflexions, je me rends compte que nos yeux sont toujours scellés. Je me détache des siens, gêné par ce qui vient de se passer.

Depuis combien de temps dure notre contact visuel ?

Je ne m'attarde pas sur cette question, continuons comme si de rien n'était et tâchons d'oublier cette humiliation. Une fois au bar, j'appelle une serveuse, je suis époustouflé par sa beauté. Son visage est long et fin avec de belles boucles blondes qui lui retombent dessus. Je m'arrête sur ses lèvres, elles sont bien remplies et rouges avant de remonter mes yeux vers les siens elle a de magnifique mirettes grise maquillées de manière naturelle avec un trait de liner parfaitement exécuté et du mascara.

— Excusez-moi mademoiselle, bonsoir, est-il possible de commander un verre ? dis-je amicalement en essayant de parler assez fort pour contrer la musique.

— Bonsoir, bien sûr je suis là pour ça, dites moi que puis-je vous servir ?

Je peine à entendre ce qu'elle me répond mais parviens à le déchiffrer.

— Une vodka pomme s'il vous plaît, ce serait parfait.

La serveuse se lance dans la concoction de mon breuvage, je détourne le regard vers la mezzanine. L'homme mystérieux de tout à l'heure a disparu. La barmaid me tapote l'épaule tout en me tendant mon verre.

— Merci. Je vais vous régler par carte s'il vous plaît.

— Bien sûr ça fera huit dollars s'il vous plaît.

Elle dépose le terminal de paiement devant moi et au moment où je m'apprête à effectuer un sans contact, un homme attrape la machine.

— Laisse Camille, son verre est pour moi.

— Merci c'est gentil, mais ce n'est pas la peine, rétorqué-je.

Je me tourne vers cet inconnu qui souhaite m'offrir à boire. Mon expression se fige quand je me rends compte que la personne qui se tient juste devant moi n'est autre que celui avec lequel j'ai échangé un regard. Maintenant que je le vois de plus près, il me paraît plus jeune que ce que je pensais, il ne doit pas être beaucoup plus âgé que moi. Mon corps, à l'image de mon visage, se tend sous ce regard qui m'embrase. Il est proche de moi, tellement proche que son effluve m'apparaît comme une ultime technique pour accaparer mon attention. Je reconnais cette fragrance, c'est le Y de Yves Saint Laurent, soudain la pub qui passe à la télévision pour ce parfum me revient en tête.

"Y Le nouveau parfum pour homme de Yves Saint Laurent.

Un parfum boisé au sillage intense pour un homme accompli.

Sûr de lui et audacieux, il fait de ses rêves une réalité."

Et bien on dirait qu'il a pris la publicité au pied de la lettre.

Je suis sorti de mes songes par la voix de celui-ci.

— Si j'insiste, dit-il sèchement. Camille, ne fait pas payer cet homme pour sa consommation ni pour aucunes autres d'ailleurs.

— Bien sûr patron, c'est noté, dit la jeune femme, un grand sourire étincelant sur les lèvres.

Alors cet homme est le boss de cet établissement, intéressant, même si je ne suis pas impressionné plus que cela. Il dégage une aura d'homme d'affaires.

— Je vous remercie, mais vraiment ça me gêne. Ce n'est pas la peine vous savez j'aurais été dans la capacité de payer, dis-je gentiment.

Je le regarde, son œillade est froide et sans expression particulière.

— Je t'en prie, ce n'est rien quand on retrouve une connaissance vieille d'au moins treize ans, dit-il d'un sourire ravageur, presque hypocrite.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 03, 2023 ⏰

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Le mal aimé [Dark Romance MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant