Chapitre 1: Dans les tranchées

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Le ciel était d'un gris d'acier, le froid mordant de l'aube balayait la terre boueuse et tremblante des tranchées. Les sons de la guerre, rugissants et omniprésents, créaient une symphonie de destruction qui semblait imprégner chaque fibre de l'air. Le grondement lointain de l'artillerie s'évanouissait enfin dans le crépuscule, laissant derrière lui un silence tendu et lourd. Dans la tranchée, l'air était épais de la fumée des fusils et de l'odeur âcre de la peur. Le soldat, encore un adolescent lorsqu'il avait quitté son village natal pour rejoindre les rangs de l'armée française, se tenait là, immobile, le corps tendu en anticipation.

"Soyez prêts !" cria le sergent, son visage buriné et encrassé par la boue et la sueur. Ses yeux d'acier balayaient les rangs des hommes alignés devant lui, leurs visages pâles éclairés par la lueur des torches. "Ils arrivent !"

Le cœur du soldat bondit dans sa poitrine, un tambour sourd battant un rythme effréné de peur et d'excitation. A ses côtés, ses camarades de régiment - des hommes qui étaient devenus plus que des frères au cours des dernières semaines - se tendirent également, leurs mains crispées sur les crosses de leurs fusils.

L'assaut commença. Le monde se réduisit au son déchirant des mitrailleuses, au grondement sourd des mortiers, aux cris et aux hurlements des hommes. Dans le chaos, il n'y avait que lui, son fusil et les ordres hurlés par le sergent.

"Tirez ! Tirez !"

Il obéit, son doigt se pressant sur la détente encore et encore, chaque tir faisant reculer le recul de l'arme contre son épaule. Autour de lui, les hommes tombaient, fauchés par les balles allemandes, leurs cris s'évanouissant dans le rugissement de la bataille.

"En avant ! Pour la France !"

Avec un cri de rage, il se leva de la tranchée et se précipita vers la ligne ennemie, ses camarades à ses côtés. La terre tremblait sous ses pieds, secouée par l'explosion des obus, et le ciel était un tourbillon de fumée et de feu. Mais il continua d'avancer, tirant, rechargeant, tirant encore, chaque balle tirée un défi hurlé face à la mort.

La bataille sembla durer une éternité, chaque seconde étirée jusqu'à la rupture. Finalement, l'aube se leva, un pâle éclat de lumière dans le ciel enfumé. Autour de lui, le paysage était méconnaissable, transformé par la violence et la destruction.

L'ordre de retraite fut finalement donné, et il retourna à la tranchée, ses jambes tremblantes à peine capables de le porter. Autour de lui, ses camarades faisaient de même, leurs visages pâles et fatigués, leurs yeux hantés par ce qu'ils venaient de vivre.

Ils avaient survécu à un autre assaut. Un autre jour dans l'enfer des tranchées.

Il se laissa tomber lourdement sur le sol humide de la tranchée, son dos contre le bois grossièrement cloué qui servait de protection. Son corps était épuisé, chaque muscle criant de douleur après l'effort intense. A ses côtés, ses camarades de régiment faisaient de même, leurs visages tirés, leurs yeux brillants de fatigue et de soulagement.

Une pluie fine commença à tomber, transformant la tranchée en un marécage boueux. Mais personne ne se plaignait, trop épuisé pour se soucier de l'inconfort. Autour d'eux, la guerre continuait, les bruits sourds des canons au loin une constante, un rappel qu'ils n'étaient que de petits pions dans une machine de destruction bien plus grande.

Le sergent marcha le long de la tranchée, ses bottes s'enfonçant profondément dans la boue. "Bon travail, les gars," dit-il, sa voix rauque de fatigue. Il n'y avait pas de fierté dans ses mots, seulement un soulagement épuisé.

Au cours des prochaines heures, ils s'affairaient aux tâches nécessaires pour survivre. Les fusils étaient nettoyés, les munitions comptaient, les blessures soignées du mieux qu'ils le pouvaient. Ils mangeaient aussi, des rations de guerre qui étaient loin d'être appétissantes, mais qui remplissaient leur estomac et leur donnaient la force de continuer.

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