SCÈNE 6 : INT/JOUR - BUREAU D'ENTREPRISE

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Kuwai retire violemment le bol à moitié entamé des mains de Renan.

KUWAI

Qu'est-ce que vous m'avez foutu ? J'ai vingt-trois personnes qui ont gagné au loto... dans le même
immeuble ! La moitié de la population qui ne crève plus la dalle, des stars à la rue et des SDF au Sénat, des gens qui deviennent invisibles... Vous trouvez ça normal ?


RENAN

Ah en effet je crois avoir pris quelques libertés sur mon cahier des charges.


KUWAI

Vous êtes le portrait craché de votre père, mais lui était directeur de cette lucrative société. Dois-je vous rappeler que votre travail consiste juste à trier les vœux que nous recevons quotidiennement et les faire parvenir au secteur 5 ?


RENAN

Mon père contrairement à vous ne considérait pas les souhaits comme une simple valeur marchande. Il voulait que les hommes tirent un enseignement de leurs échecs mais aussi qu'ils puissent accomplir leurs rêves.

KUWAI

Qu'est-ce que vous essayez de prouver? Vous savez comme moi que tous les caprices des mortels n'ont pas vocation à être réalisé. Ils vous font peut-être pitié mais vous devez savoir leur dire non. Chérir leur souffrance. Faire de leurs pleurs et de leurs regrets vos compagnons. Cela fait cinq mille ans que j'occupe ce poste et croyez mon expérience seules les crises, les guerres, les maladies feront avancer votre carrière. Contentez-vous d'impressionner nos actionnaires pas les mortels.

Renan sort un document et l'agite devant lui.


RENAN

Cela vous rappelle sûrement quelque chose. Que vont en penser ces actionnaires s'ils venaient à le découvrir ? Ce que vous faîtes des vœux ne me regarde pas mais ce genre de détournement pourrait vous renvoyer chez les mortels.

Kuwai, d'un claquement de doigt, enflamme le document. Renan ressort le même document immaculé de sa poche avec fierté. Kuwai s'adosse sur sa chaise et croise les bras.


KUWAI

Qu'est-ce que vous voulez ?

Renan regarde face caméra satisfait et se retourne vers Kuwai.


RENAN

Vous allez me permettre de donner un sens à leurs désirs. Pour ça j'ai besoin de ta place. Autrement dit, tu as intérêt à faire un excellent café parce que je le veux tous les matins sur ce bureau à dix heures pétantes.

Kuwai se lève, il se tient le cœur en grinçant et finit par poser ses mains sur le bureau. La table se met à trembler dangereusement. Il tape du poing et son bureau cesse de vibrer. Renan reste de marbre.


KUWAI (en prenant son téléphone après quelques secondes de réflexion)


Véronique annulez tous mes rendez-vous pour aujourd'hui.





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