7. Le plan

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Nous quittons la maisonnette, et mes pensées s'emballent dès les premiers pas. Mon cerveau semble fonctionner à mille à l'heure, explorant tous les scénarios possibles pour atteindre les Rochman. Mais chaque plan s'écroule avant même de prendre forme. Ce sont des gens puissants, intouchables. Des murs d'argent et de pouvoir les protègent, et je me sens si petite face à eux.

Arrête de réfléchir aussi fort tu me donnes mal au crâne, lâche ma meilleure amie. 

Je dois les faire payer, Dona. Je ne peux pas continuer à vivre autrement.

Elle s'arrête net, se retourne vers moi et me prend la main. Ses yeux, empreints de tendresse, cherchent les miens 

Et si c'était une façon de fuir ton deuil ? Ce n'est pas la solution, ma chérie. Ça va te faire du mal, rien de plus. 

Je secoue la tête, refusant ses mots.

Non, Dona ! Ils m'ont enlevé ma mère. Elle devait vivre encore longtemps. Elle n'avait que cinquante ans. Encore des années devant elle... avec moi.

Sa main glisse doucement sur la mienne, comme pour apaiser ma douleur.

Je sais, ma chérie, je sais... Mais crois-moi, ce n'est pas ce qu'elle voudrait pour toi. Elle aurait voulu que tu sois heureuse, pas consommée par la vengeance. Tourne la page, oublie ces gens. 

Je balance la tête négativement. Je croise son regard, le mien empreint d'un feu que rien ne peut éteindre.

Impossible! Depuis qu'elle est partie, j'ai ce vide en moi. Et maintenant, savoir qu'elle a été arrachée à moi... c'est insupportable. Cette douleur ne partira jamais tant que je ne les aurai pas mis à terre. Je veux qu'ils perdent tout, comme moi.

Je pose ma main sur ma poitrine, comme pour contenir la douleur qui m'envahit à chaque battement de mon cœur. Une larme silencieuse roule sur ma joue. Je l'essuie rapidement, refusant de me montrer plus vulnérable.

Je te comprends, murmure Dona. Tu sais que je serai toujours de ton côté. 

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, mais il est vite effacé par le défilement des pensées sombres dans mon esprit. Je tourne la tête vers le paysage qui défile par la fenêtre du taxi. Ma mère me manque terriblement. Je repense à elle sans cesse. Peut-être qu'en réalité, on ne fait jamais vraiment son deuil. On apprend juste à vivre avec ce trou béant.

Le taxi s'arrête au pied de l'immeuble de Dona. Nous montons en silence. Une fois arrivées, je sens le besoin urgent de me vider l'esprit.

Je vais courir un peu, dis-je en me dirigeant vers la chambre. 

D'accord, je t'aurais accompagner mais le sport et moi ça fait deux, répond Dona avec un sourire espiègle.

 T'inquiète pas, j'ai besoin de solitude de toute façon. 

D'accord ! 

Dans ma chambre, j'enfile un legging et un T-shirt bien ample. Je n'aime pas porter des vêtements moulés, je préfère rester discret. Après avoir salué Dona, je sors de l'appartement et me dirige à pied vers Central Park. En marchant, je prends mon téléphone et décide d'appeler Miléna. 

Allo? 

Mi bella. Come estas? Je ne t'ai pas vu aujourd'hui au boulot. Je devais t'appeler mais je n'ai pas eu le temps. 

Ça va, mais c'est une longue histoire. J'ai été virée... et réembauchée, mais affecté à un autre hôtel. 

Quoi ? Mais pourquoi ?

La Voyageuse AstraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant