Chapitre 18

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Léo.

J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et referme la porte de l'immeuble. Je resserre ma doudoune contre moi en frissonnant, et marche à toute vitesse en direction de l'abri-bus pour me couvrir des flocons de neige.

Le bus arrive quelques minutes plus tard, et je m'empresse de m'y engouffrer en scannant ma carte.

Les transports en communs font partie des trucs que je déteste; alors quand j'entends un enfant pleurer, je grimace et augmente le son de mes écouteurs, afin de masquer tous les bruits autour de moi.

Je suis assez stressé comme ça putain.

Une vingtaine de minutes plus tard, je descends du bus, et lève la tête vers le bâtiment en face de moi.

Respire.

Je pousse les portes de l'entrée et marche le long du couloir jusqu'au guichet de l'accueil. Je me présente, et décline son identité. L'homme en face de moi ne me salue pas et reste neutre. Le visage froid, il lève son regard vers moi qu'une seule fois afin de vérifier ma photo d'identité, puis m'intime les chaises dans la pièce d'à côté.

On me fait donc patienter dans ce qui ressemble à une salle d'attente, et j'en profite pour acheter un snack et un café. À côté de moi, une dame boit un chocolat chaud, les mains tremblantes et les yeux humides, alors qu'un homme à côté d'elle lui frotte les épaules, essayant de la réconforter comme il peut.

J'observe le temps à travers les barreaux de la fenêtre, et regarde les flocons de neiges devenir des gouttes de pluies.

Déprimant.

Incapable de rester assis, je me lève, jète mon gobelet en carton et commence à tourner en rond comme un lion en cage, faisant râler plusieurs personnes.

Enfin, un officier appelle mon nom d'une voix forte et posée, et me demande de le suivre.

Il me laisse m'installer à une table ronde, puis recule assez pour ne pas écouter nos conversations, mais pas suffisamment pour pouvoir intervenir en cas de problème.

Je tape du pied frénétiquement et me ronge les ongles à cause du stress, jusqu'à ce que j'entende des pas se diriger dans ma direction, et une personne s'installer en face de moi.

Je prends une inspiration, et relève la tête en figeant mon regard dans le sien.

J'esquisse un sourire et régule ma voix avant de lancer:

- Salut.

Il triture ses mains devant lui avant d'en passer une dans ses cheveux mi-longs, puis lève ses yeux fatigués vers moi.

- Salut, souffle-t-il d'une voix rauque.

J'essaye de nouveau un sourire, mais il s'évanouit rapidement devant sa mine pâle et fatigué, son accoutrement piteux et son stresse visible à des kilomètres. Une petite barde recouvre le bas de son visage, ne laissant plus apercevoir sa peau hâlée.

- Dans combien de temps est-ce que tu pourras sortir ? Chuchote-je pour engager la conversation.

- J'suis pas sûre que ça soit une bonne idée.

Je relève les yeux vers lui, et essaye de le cerner comme j'en avais l'habitude de le faire. Mais il garde le regard baissé sur ses mains, le visage fermé et les lèvres pincées.

- Tu lui manques.

Et à moi aussi.

Il secoue la tête en ne répliquant rien.

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