Jeff, l'homme aux cent secrets

Le regard d'un homme.

Parfois, la vie nous réserve des surprises. Certaines d'entres elles sont plus horribles que d'autres. Je n'ai pas eu beaucoup de chance dans la vie, on m'a fait croire que je ne méritais pas d'exister. On me l'a obligé, on me l'a infligé. Mes parents ne m'ont fournis aucune aide. Ils sont la cause de mon traumatisme. Aucune personne ne devrait vivre ce que j'ai vécu. Un enfant a le droit de rêver. J'ai le droit d'aimer...

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Lay m'a écrit hier soir... je ne sais pas ce que je devrais faire. Mon ex m'a déjà assez manipulé, je ne devrais même pas le regarder... mais une partie de moi a besoin de lui. J'ai besoin de son corps, de sa voix, de son toucher... Lay m'a trahis, il m'a fait croire en l'amour, m'a fait oublié mes malheurs, mais il m'a aussi démontré que l'infidélité était son plus grand charme. J'ai perdu espoir en l'amour depuis ce jour. Aucun homme ne m'a plus jamais fait du charme. Comme si la magie était disparue.
L'amour est un sentiment étrange. On devient fou, innocent et complètement aveugle. Je voulais tout de lui, j'aurais voulu l'avoir pour toujours. Mais lorsqu'un homme utilise ses femmes comme jouet, on ne peux pas sortir du piège. Désormais, je ne pourrai sortir avec un homme sans avoir peur, sans douter de moi. Car je suis une femme qui a perdu espoir, parce que je suis une femme qui s'est fait piégée par un homme stupide.

Je devrais me trouver une femme...

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Pour me changer les idées, j'allais au bar. Le genre de bar au style victorien. La tapisserie colorée de couleurs nocturnes automnales, de motifs délicats français de l'époque, de teintes de bois vieillis exotiques et de cadres dorés de toutes formes. J'aimais ce genre d'endroit. Je devenais une autre personne. Je portais mes habits chics élégants noirs, j'avais l'impression d'être une femme fatale, celle qui n'avait besoin de personne mais qui jouait avec le cœur des autres. Je portais ces vêtements pour dévoiler mon corps, montrer mon coup et mes épaules, mon collier d'émeraude d'une qualité exceptionnelle, le seul bijou que Lay m'avait offert, le seul que j'avais gardé. Ce bijou valait des milliers, je n'avais aucune raison de le donner. Porter ce collier me donnait de la force, il était proche de ma poitrine, mais il ne l'atteindrait jamais. Tout comme mon ex, cette ordure aux mains baladeuses. Je n'avais aucune émotions. Je buvais au rythme de mon cœur froid. Le whisky de diamant dans mon verre de glace, mon regard mort dans le vide obscur, j'étais présente sans le savoir dans ce bar qui m'obsédait.

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Un soir, le mal prenait possession de ma gorge. J'avais le goût de crier et de pleurer toute l'eau de mon corps pour que cet homme ait ma déshydratation sur la conscience. Je m'engageais vers le bar, mon nouveau complice, lorsque j'eus l'idée absurde de mettre le rouge à lèvre que je portais lors de ma rencontre avec Lay. Ce violet sombre, le nouveau reflet de ma personnalité. Je le prit, l'appliqua sur mes lèvres pulpeuses et souris tristement dans mon miroir de poche. Je pris ma place habituelle, avec ma robe de velours noire que je venais de dénicher chez un designer belge. Je changeais de camp, je passais de la proie au prédateur en quelques secondes en portant cette tenue.

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J'enchaînais les verres, les glaçons et les verres d'eau. Je me soûlais petit à petit. L'alcool n'avait plus l'effet escompté sur moi. J'étais toujours là, dans le bar. Je voulais être là-bas, dans ses bras... je touchais mon collier, rêvassais, espérais. Lorsque je m'apprêtais à quitter, un homme entra dans la pièce. Il lança son manteau élégant noir sur le futon, prit le tabouret et s'assit à mes côtés. Il avait une carrure imposante, aux traits délicats. Je n'apercevait pas ses yeux, car sa chevelure les cachaient.  Mais je voyais sa bouche sublime. Le genre de lèvres idéales pour une multitude de choses...
Il poussa les mèches de son visage. Je vis sa mâchoire, une vraie œuvre d'art. Aussi aiguisée qu'un couteau de couperet, elle me ferait saigner au simple toucher. Je n'avais jamais rencontré un tel homme depuis longtemps. Je ne croyais pas que j'en verrais un aussi séduisant. Il leva la tête, soupira sensuellement et me regardera de bas en haut jusqu'à ce que son regard se perdit dans le mien. Il me fixa pendant de longues secondes avant de sourire timidement et de commander un verre. Mon cœur palpitait. Mes mains devenaient de plus en plus moites. J'observais ses veines sur ses avant bras. Quelques minutes avant, il avait remonté les manches de sa chemise noire. Il avait remarqué l'attention particulière que je lui donnait lorsqu'il tentait de me séduire. Ses bras étaient sexy. Autant que son coup. Tout de lui était attirant. Comme si le diable remontait de l'enfer pour me séduire. Même sans alcool dans le corps, j'aurais une envie folle de lui sauter dessus, de l'embrasser au point qu'il en veuille plus... je l'aurais dévoré. Je suis une vraie cannibale parfois.
Il retourna le bas de son corps vers moi, appuya son coude sur le comptoir du bar, et me souris tout en m'analysant. Je lui souris et pris une gorgée tout en appuyant mes lèvres fermement sur le bord de mon verre pour y laisser mon rouge à lèvre. Je me leva, pris mon sac à main, mon manteau et mon parapluie et je sortis du bar. À ce moment précis, je ne sais pas de qui me prit... j'avais la chance de renoncer à Lay mais je m'enfuyais encore. Une autre part de moi me disait que j'avais bien agis. Qu'il allait tomber sous mon charme et qu'il allait revenir pour moi. Un homme aussi beau ne pouvais pas aimer une femme comme moi.

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Encore perdue dans mes pensées, j'ai évité d'aller au bar cette semaine. J'attendais la fin de semaine. Je devenais de plus en plus alcoolique et ça ne m'allait pas du tout. Alors, aller au bar un samedi soir me paraissait plus normal. Je m'assieds. Le barman prit la peine de s'approcher de moi et de me demander si j'allais bien. Je le rassura en lui disant que je voulais réduire ma consommation. Il m'a répondu qu'il était rassuré que j'ai trouvé un homme et que je me sentes mieux. J'étais perplexe. Un homme ? Il me répond alors que l'homme de l'autre jour venait tous les soirs depuis notre rencontre. J'étais encore plus perplexe. J'avais la bouche ouverte de stupéfaction et d'étonnement. Le barman s'amusait en voyant ma tête. Il riait de bon cœur. Je compris alors que la deuxième part de moi avait sans doute raison... je ne me ferai pas avoir cette fois mais je vais tout de même en profiter ... franchement, vous avez vu son corps ?? Qui ne ferait pas de même ? Cet homme avait l'air intéressé par moi... qu'est-ce que j'allais faire?