selenophilia

« Moon Blues »

Auteure : Izukko | Type : OS

© Le texte appartient à l'auteure.

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Centre spatial de Naro, Corée du Sud.

Un homme traversait les longs couloirs à toute vitesse, la chemise négligemment ouverte, ses cheveux bruns en bataille et il écoutait à peine la voix de la jeune femme qui courait à ses côtés, une pile de dossiers sous le bras.

— De quand datent les derniers chiffres ? demanda-t-il en ajustant ses lunettes qui tenaient difficilement sur son nez à cause de ses mouvements précipités.

— D'il y a très exactement quatre minutes, Monsieur. La jeune femme serra les documents contre sa poitrine et rattrapa difficilement son supérieur, ses talons claquant maladroitement contre le sol. Je suis venue directement vous chercher pour que vous puissiez voir cela de vos propres yeux.

— Je vous remercie.

L'homme déglutit, essayant de garder son calme alors qu'il venait d'entrer dans la salle de contrôle. Une dizaine de scientifiques, tous postés devant leurs ordinateurs se redressèrent aussitôt en le voyant arriver.

— Chef, nous vous attendions ! s'exclama l'une d'entre eux. Venez voir s'il vous plaît, c'est terrible.

Le nouvel arrivant s'approcha et descendit les escaliers d'un pas rapide, atteignant le gigantesque écran central sur lequel tous les yeux étaient fixés avec inquiétude, dans l'attente du verdict final de leur supérieur. Sur ce dernier étaient représentées plusieurs courbes et plusieurs suites de nombres semblant s'affoler et varier à l'infini.

L'homme les observa avec attention, les sourcils froncés et ses doigts se baladèrent brièvement sur l'écran tactile, passant en revue les différents graphiques. Le silence dans la salle était oppressant et les scientifiques ne pouvaient s'empêcher de s'observer avec peur et inquiétude.

— Chef, que pensez-vous des chiffres ? osa finalement l'un d'entre eux, d'une voix hésitante.

L'homme en blouse blanche avait les sourcils froncés, les lèvres tordues en une moue désapprobatrice alors qu'il fixait avec insistance les chiffres sous ses yeux qui continuaient de varier.

— Vérifiez l'orbite ! ordonna-t-il soudainement. Calculez sa vitesse.

Le scientifique qui lui avait posé la question sursauta et se précipita sur son ordinateur, tapant sur les touches du clavier aussi vite que possible. Plusieurs têtes curieuses se penchèrent au-dessus de lui.

— Trente kilomètres par seconde, Monsieur, annonça-t-il après avoir effectué quelques rapides calculs.

Nouveau silence. Les poings de l'homme se serrèrent soudainement et il se retourna, un air grave sur le visage.

— Mes amis, je pense que vous vous en doutez bien au vu des chiffres... La trajectoire de l'astéroïde a bien changé, en l'espace d'une seule nuit. C'est tout simplement incroyable.

— Qu'est-ce que cela veut dire, chef ?

Ce dernier se mordit les lèvres et regarda une énième fois les chiffres sur l'écran. Tous connaissaient la réponse, lui le premier, mais ils attendaient qu'il l'annonce. Chose qu'il fit non sans une pointe d'amertume dans la voix.

— L'astéroïde 203FF que nous observions depuis plusieurs mois et qui était censé passer à côté de la planète Terre est maintenant en train de se diriger droit vers nous. Selon nos estimations, il mesurerait trois cent mètres de diamètre et son point de chute est estimé...