Hiver

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Tout le monde entendit les sept coups retentir dans l'orphelinat, mais personne n'alla ouvrir. La porte s'ouvrit, et une enfant entra. Les cheveux de cendre, le visage pâle, malade. 

Personne ne la vit arriver, personne ne s'occupa d'elle. Elle sortie dans le jardin, elle vit deux tombes vides, elle rentra dans l'orphelinat.

Les semaines passèrent et l'orphelinat se vida peu à peu. Toutes les semaines, le corbillard passe récupérer un corps. Un orphelin, une nonne, les deux.

La Mère Supérieure est malade, son état empire aussi rapidement que les rats s'accumulent dans l'orphelinat. Un jour, étendue dans son lit, elle entendit une voix dans le couloir.

Alors, apparu le garçon blond. La couronne que lui avaient faites les nonnes surplombait sa tignasse.

Une seconde voix se fit entendre. Le garçon roux entra. Il tenait son bâton dans sa main en sang.

Une troisième voix se fit entendre. La fille aux cheveux noir entra. Dans sa main, une balance. De la nourriture d'un côté, le coeur d'un des orphelins de l'autre. Lequel des deux a le plus de valeur ?

Une quatrième voix se fit entendre. La fille aux cheveux cendrés entra. A ses côtés, deux chiens aux allures de cadavres, silencieux comme la mort.


Les enfants approchèrent de la Mère Supérieure, et plus ils se rapprochaient, plus la vision de la Religieuse se brouillait. Bientôt, elle ne vit plus rien. Elle ne pouvait qu'entendre un grouillement de centaines de pattes bouger dans la pièce. 

Une voix se fit entendre.

Viens.

Les enfants sortirent de la pièce, laissant un dernier repas aux nuisibles. Ils quittèrent l'orphelinat et se livrèrent au monde.


Marseille, 1347, La Peste Noire




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