La fin du mois de Janvier arrivant, je suis vraiment contente de retourner en Grèce, au chaud, au bord de la mer. Thessalonique me manque, d'autant plus que l'ambiance en France est bien morose avec les effets du virus du Covid. La Grèce est encore confinée, mais cela n'empêche pas le champ des possibles qui m'est ouvert là-bas d'être immense. Même confinées, nous pouvons découvrir de nouveaux lieux, échanger avec de nouvelles personnes dans une autre langue, vivre de nouvelles aventures, expérimenter de nouvelles émotions. Je m'arrête une dernière fois dans le centre-ville de Trévoux au niveau du point de vue sur la Saône pour dire aurevoirs à ma ville natale pour six mois cette fois-ci. Je poste une story. Depuis que je suis partie, je prend pour habitude d'observer qui les regarde. J'aime voir le visage des personnes auxquelles je tient dans la liste de ceux ayant vu mes stories. Le paysage français est vraiment différent de ce que nous pouvons voir à Thessalonique. A Trévoux, il y a beaucoup de brume, beaucoup d'arbres. A Thessalonique, le paysage marin est très présent, ainsi que de petits arbres fruitiers bordant les rues un peu partout. Le lendemain, mes parents me conduisent en voiture à l'aéroport de Genève en Suisse. Je trouve cela intéressant de partir de différents aéroports à chaque fois et de découvrir de nouvelles architectures. En attendant l'avion, j'ai l'impression que je suis dans un entre deux, un espace temps unique, un carrefour de ma vie, et surtout, que pour la première fois, elle m'appartient. J'ai passé quelques temps à Thessalonique, pris mes repères, je me suis reposée en France, revu tout ce qui m'était familier, et, maintenant, alors que le semestre de printemps été arrive, je pressens que ce que je m'apprête à vivre s'annonce incroyable, absolument unique. Le stress et la peur de l'inconnu de Septembre ont disparu. Encore une fois je suis trop contente de prendre l'avion, je me sens libre, indépendante, chanceuse, jeune. La vue sur Thessalonique en arrivant est vraiment somptueuse. De nuit, les rues se dessinent en jaune orangé, avec les milliers de lampadaires allumés. Bien sûr, je prends de nombreuses photos. Je ne suis pas assise contre le hublot, et le monsieur situé à côté de moi me propose d'en prendre quelques unes de plus près pour moi.
L'avion atterrit, je monte dans un taxi et me revoilà dans ce magnifique appartement, rue Zefiron. Quel plaisir d'être de retour ! Je termine tranquillement mes essais et mes projets. La période des fêtes m'a donné du temps pour réfléchir, et j'ai pour projet de rencontrer quelqu'un ici en Grèce, le cadre étant absolument paradisiaque, et les personnes, adorables. Je réinstalle donc Tinder, cette fameuse application, que j'avais déjà installée en mars deux-mille-vingt, et je commence à discuter avec quelques garçons. Pendant le même temps, je profite visuellement, malgré les masques, de la façon dont la Grèce est lotie en matière de beauté masculine. Et je dois dire que je trouve ça plutôt pas mal. J'ai encore beaucoup de travail, donc je reste pour le moment assez souvent à l'appartement. C'est également l'hiver donc il est plus confortable de rester à l'intérieur. Et puis, je ne l'ai pas précisé mais en Grèce, le confinement est toujours en place. Bon, je triche un peu en restant dehors souvent un peu plus d'une heure, car j'estime que ça ne changera pas grand-chose pour quiconque, et j'ai vraiment besoin de prendre l'air.
Au début du mois de Février, je me rend sur les hauteurs de la ville, sur les ruines du château Heptapyrgion pour dire au revoir à Ian et à sa copine Isabell qui quittent Thessalonique. Justine m'avertit qu'elle est devenue très proche de Lilla et Emma pendant mon absence, et que donc je me sentirai peut-être à part. Je comprends tout à fait cela, et je lui dit que c'est normal, car elles ont passé beaucoup de temps ensemble, et surtout, par ces temps, il est normal de se rapprocher et de se soutenir. Nous observons le coucher du soleil dans les tons orange vif qui rend le panorama sur Thessalonique et la mer absolument sublime. Nous ne sommes qu'en Février mais les températures sont déjà très douces. Je suis en pull à l'extérieur. Il y a Justine, Kati, Lilla et Emma pour cette soirée d'au revoir. Je suis heureuse pour Ian, il a l'air d'être vraiment épanoui avec Isabell. Je suis tellement contente d'être de retour en Grèce, par ce temps, avec ce panorama, ces amis. Isa annonce à sa famille à ce moment-là qu'elle est en couple avec Ian par message. En redescendant, je réalise ce que Justine a voulu m'expliquer. Elle marche en faisant de grands pas en synchronisation avec Lilla en redescendant le long des ruines. Elles ont l'air très complice toutes les deux.
Nous décidons un peu plus tard dans le mois de partir faire une grande marche autour du lac Kerkini, qui se trouve quelques kilomètres aux alentours de la ville. Il a neigé il y a peu, ce qui rend le cadre vraiment féérique. Nous ne croisons pas grand monde. Nous marchons, rigolons, je réalise que je me sens bien là, au bout du monde, à découvrir de nouveaux paysages, pendant que je sais que la situation est assez compliquée en France. Un chien nous suit tout le long de la balade. A chaque sortie, j'ai le sentiment que mon état d'esprit change. Chaque excursion me rappelle certains évènements que j'ai vécu par le passé, avec d'autres personnes en France, mais me provoque également tout un nouveau panel de sensations.*
Nous organisons, avec les filles, une soirée pour fêter la fin du semestre, des partiels et l'anniversaire de Lilla avec leur amie Kati. Nous passons une soirée bien arrosée. Nous jouons aux cartes, au palmier : il s'agit d'un jeu dans lequel nous devons poser nos cartes en équilibre sur une bouteille, avec divers défis à relever en fonction du numéro de carte tiré. Si nous faisons tomber toutes les cartes, c'est « cuppa », c'est à dire que nous buvons tout le verre. Nous enseignons des mots français aux filles, et nous apprenons en retour certains mots hongrois de leur part. « Aguish eigadra » veut dire santé et « köszonom », dont le short est « kosci », veut dire merci.
Quelques jours plus tard, nous nous retrouvons pour une sortie sur le front de mer sous fond de musique grecque. Nous buvons une bière chacune avec les filles, puis nous rejouons au jeu auquel nous avions joué pour l'anniversaire de Lilla : chacune notre tour, nous mimons quelque chose à faire deviner aux autres. Nous rions tant. Malgré le Covid, je réalise que l'ambiance ici est vraiment différente de l'ambiance française. Il y a du monde sur le front de mer, et tout le monde à l'air vraiment détendu, sans problème particulier. Je découvre un aspect plus sociable, léger de ma personnalité.
Nous marchons un moment puis nous nous rendons compte qu'un chien nous suit, exactement de la même manière que lors de la balade au lac Kerkini. Nous nous disons pour rigoler qu'ils doivent surement sentir nos bonnes vibrations.
Bientôt, l'aventure comme je l'avais espérée, dans l'esprit de l'auberge espagnole, va commencer. Notre groupe va s'agrandir, je vais vivre de nouvelles expériences, encore, et grandir.
J'avais envie, avant de partir, de rencontres, et peut-être d'un amour Erasmus, et je pense que c'est cette envie qui va provoquer le panel d'émotions que je vais ressentir par la suite.
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La ville douce
Non-FictionCe récit retrace les aventures d'une jeune étudiante de 22 ans en Erasmus en Grèce à Thessalonique pendant un an durant le Covid. Il parle d'histoires d'amours, d'amitiés, de la culture grecque, d'erreurs et d'apprentissages... La narratrice a vécu...