ta tristesse, son souhait

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- Fréminet, mais qu'est-ce que tu fais, dehors tout seul ? Ne me regarde pas comme ça, regarde toi tu es trempé ! Rentrons, il pleut.

Mais le petit blond gardait sa tête levée vers le ciel, attirant les soupirs incessants de son frère.

- Tu m'écoutes ?

Évidemment, non. Il était trop occupé à détailler les nuages grisonnants.

- Fréminet...
- Lyney, tu...la légende de la pluie de Fontaine, tu la connais ?

Oui. Oui il la connaissait, après tout leur "Père" était de Fontaine et elle leur avait souvent conté cette histoire lorsqu'ils étaient enfants.

- Je la connais, oui, mais...
- J'y crois. Je suis sûr que quelque part dans la ville, le roi hydro-dragon pleure. Tu crois qu'il est tout seul ? Qu'il est tout triste ?
- Je ne sais pas..je pense surtout que tu te poses trop de questions et que tu vas attraper froid. C'est bien que tu y croise, ajouta t-il plus doucement, mais je préfère que tu le fasses de manière raisonnable.

Le plus jeune tourna sa tête vers lui, ses yeux bleus brillants soudainement d'une lueur comme celles que l'on voyait dans le regard du plus innocent des bambins.

- Dis Lyney...tu crois qu'un jour je pourrais le voir ? Ce serait mon rêve. D'ailleurs, je l'ai souvent cherché quand je plongeais mais maintenant je ne pourrais plus alors..

Un petit silence s'installa. Traumatisé par l'eau primordiale qui avait manqué de justesse de le tuer, il était à présent dans l'incapacité de retourner dans ses fonds marins adorés. Son seul refuge lui était impossible.

- J'aimerais qu'il vienne jusqu'à moi. Je lui ferais un câlin même s'il est sûrement très grand. Puis je lui dirais qu'il n'a pas à être triste même si c'est normal, parce qu'il est aimé de tous les Fontainois. Tu crois que ça arrivera ? Qu'il m'écoutera ? Il est sûrement très gentil mais je...

Son frère ne répondit pas et se contenta de l'attraper par les épaules en l'amenant vers l'intérieur, remarquant ses grelottements.

- Tu dois continuer d'y croire. Je te le jure, je te fais la promesse de réaliser ton rêve et de t'amener jusqu'à lui. Et après...tu re nageras.


TEVYAT - VILLE DE FONTAINE
BUREAU DU JUGE SUPRÊME

- Monsieur Neuvillette, vous avez encore passé la nuit dans votre bureau.

La petite voix qui se voulait sévère de la mélusine attendrit Neuvillette qui lui offrit un petit sourire dont lui seul avait le secret. Comment faisait-il pour être si parfait en faisant un geste que la nature avait donné à tous les hommes ?

Démasqué. Addict au travail, le juge suprême avait fini par trouver le sommeil sur son bureau, après avoir rédigé ses rapports quotidiens. Allez savoir pourquoi, ce qui semblait être une corvée était en réalité un moyen pour lui d'oublier la pression considérable qui pesait sur ses épaules et travailler le détendait...enfin, si Sigewinne passait par là, elle ne serait définitivement pas de cet avis et le forcerait à s'arrêter pendant au moins quelques mois.

- C'est vrai, mais j'ai pu m'avancer sur mon travail au moins.
- Vous et moi savons que c'est inutile et que votre charge de travail sera toujours aussi considérable.

Un soupir s'échappa de ses lèvres et il passa sa main dans sa chevelure blanche méchée de bleu, ses yeux lavande presque translucides posés sur la feuille que la mélusine avait apporté : son planning de la journée. Chargé comme tous les jours. Neuvillette soupira longuement. Les jours se ressemblaient tous et se succédaient, et au final, cela faisait 400 ans qu'il exerçait sa profession. Pour rien au monde il ne l'échangerait. Il pouvait au moins faire ça pour les Fontainois, lui qui n'en était pas réellement un.

Il se leva, sa légendaire grâce et son aura écrasant tout sur son passage. Quand Neuvillette passait, tout le monde le regardait. Quand Neuvillette parlait, tout le monde l'écoutait. Il avait l'éloquence naturelle, la gestuelle fine, les mots justes. Il avait le regard, l'autorité. Il était le plus grand homme de Fontaine, et même le plus fou des idiots le reconnaîtrait.

Le juge s'approcha lentement de la fenêtre et l'ouvrit doucement, sentant l'air matinal de Fontaine lui caresser le visage. Il prit une grande inspiration, remplissant ses poumons d'air frais, et son regard se posa sur la ville, et surtout l'océan. Il l'observa pendant longtemps, comme happé par sa beauté, comme si son coeur était mystérieusement attiré par les vagues.

Neuvillette se détourna aussitôt ; s'était-il mis, un instant à rêver ? Il avait rêvé d'océan. Sottises. Sa place, bien qu'il la recherchait encore sans cesse, était à la surface. Elle était auprès de l'ingérable Furina. Auprès de mélusines à qui il aimait parler quotidiennement. Elle n'était pas parmi les animaux marins ou les poissons , mais bel et bien près des humains.

Il ferma les yeux et les rouvrit aussitôt en se dirigeant vers sa porte. Une longue journée l'attendait. Comme tous les jours.

- Monsieur Neuvillette, bonne journée. À tout à l'heure.
- Oui. À bientôt.

Neuvillette lui adressa un dernier regard avant de quitter la pièce. Il était un homme occupé, enfermé dans sa routine, routine qu'il avait construite de ses propres mains. Et c'était très bien. Ça avait toujours été comme ça, après tout. Pourquoi changer ?

Oui, pourquoi ?

Pourquoi pas ?















- À SUIVRE ☀️


Hihi c'était pas forcément prévu mais boooon je commence à devenir obsédée et il faut nourrir ma wriolette obsession alors voilà 👀👀👀👀👀👀👀

: ̗̀➛ 𔘓 the dragon's rainy tears ( 𝙬𝙧𝙞𝙤𝙡𝙚𝙩𝙩𝙚 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant