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Lorsque la porte s'ouvrit sur un infirmier amenant un nouveau lit à côté du sien, Lee Chan sommeillait déjà pour l'heure qu'il était. Il n'était que cinq heures de l'après-midi mais le jeune homme était déjà assoupi depuis bien longtemps. Lors de son réveil, il fut surpris de voir une autre personne à côté de lui, le noir de la nuit ne lui permettait pas de distinguer grand chose mais l'odeur du sang sec qui émanait du corps endormi à sa droite lui donna une petite idée de quel genre de blessures l'autre patient pouvait avoir. Il passa le reste de sa nuit à fixer son plafond à l'aide des faibles lumières de la ville passant par les rideaux semi transparents et ce jusqu'à ce que le jour ne se lève. L'heure du déjeuner arriva finalement après de nombreuses heures où Chan se contentait d'analyser chaque parcelles de la pièce, bien qu'il l'avait déjà fait de nombreuses fois. Il mangea sans un grand appétit et, finalement, un peu d'action se montra après qu'il n'ait fini son repas, du moins, selon son envie. Il laissa presque les trois quarts de son repas sans même y toucher, la médiocrité du plat s'ajoutant à son peu d'appétit. Alors qu'il était reparti pour admirer la vue qu'il avait, profitant d'être à côté de la fenêtre qui elle était plutôt en hauteur, Chan entendit la porte à sa droite s'ouvrir. Il ne se tourna pas immédiatement, pensant que ce n'était qu'un soignant qui lui rendait une énième visite ou qu'il était là pour son voisin de chambre qu'il avait finalement pu mieux observer avec le jour qui était arrivé mais c'est lorsqu'il entendit une voix féminine bien familière qu'il finit par se tourner lentement vers la personne. 

— Devine ce que je t'apporte ! fit la femme en s'approchant de son fils.

— Maman ! répondit alors Chan, heureux d'avoir sa première interaction sociale depuis plusieurs heures

La femme s'installa alors sur une chaise aux côtés du lit du plus jeune, un petit sachet couleur ocre sur ses genoux. Elle tourna la tête pour y regarder le jeune homme allongé un peu plus loin, d'apparence encore plongé bien loin dans son somme.

— Tu partages ta chambre avec quelqu'un, maintenant ? demanda-t-elle d'un air curieux, bien que son fils n'en savait pas réellement plus.

— Apparemment. Mais je n'en sais rien, je me suis réveillé et il était là. Chan haussa les épaules comme il le put tandis qu'il jeta un œil à son tour sur le lit à sa droite. Tandis que son fils paraissait distrait par son nouveau colocataire, la femme en profita pour passer le sachet de ses genoux à ceux de son fils, un petit sourire niais sur les lèvres.

—Je t'ai ramené ça, ce n'est pas vraiment grand chose mais j'ai pensé que ça pourrait te faire plaisir. fit sa mère en lui souriant chaleureusement. Il plongea alors un œil à l'intérieur du sachet, quelque peu confus, alors que Soonah commençait son petit interrogatoire.

— Ton épaule va mieux ? Et ta côte aussi ? Tu peux de nouveau bouger tes jambes ? Tu ne t'ennuies pas trop ici ? faisait-elle sans vraiment laisser de temps à Chan pour répondre. Il commença à ouvrir la bouche pour s'apprêter à parler mais sa génitrice fut de l'avis contraire, l'attaquant avec une nouvelle question. — Tu sais quand est-ce que tu sortiras d'ici ? Tu es cloué dans ce lit depuis déjà trois semaines... Geon ne sait plus quoi faire de sa peau sans toi.

Cela fit doucement rire Lee Chan qui attendit quelques secondes avant de répondre pour s'assurer que sa mère n'avait plus rien à lui demander.

— Ça va un peu mieux oui, même si rester dans un lit d'hôpital c'est vraiment pas top... D'après les médecins, si mon rétablissement continue sur cette voie là, j'aurai fini la rééducation fin avril.

— Fin avril ? Les yeux de Soonah s'ouvrirent plus qu'ils ne l'étaient déjà et sa bouche formait un parfait O. — On est en mars et tu es déjà là depuis fin février, Chan ! Comment c'est possible ?

— Je n'ai rien décidé, maman, puis je ne me sens pas réellement prêt à reprendre quoi que ce soit maintenant ou dans les futurs jours.

La mère du garçon finit par hocher la tête, l'air un peu triste de devoir laisser son fils hors du foyer encore si longtemps, bien que c'était le temps nécessaire pour se remettre de son accident.

— Ça passera vite, promis. Tu devrais plutôt être heureuse que je sois en vie ! Les médecins m'ont rabâché je ne sais combien de fois à quel point c'était proche.

— Tu as raison. Il vaut mieux que tu restes ici te reposer plutôt que tu ne rentres alors que tu n'est pas totalement rétabli. Ne te force pas trop sur la rééducation, ça peut faire ralentir le processus si tu te blesses de nouveau. fit sa mère avec un sourire comme pour conforter son fils qui ne pouvait plus vraiment bouger à sa guise.

Chan acquiesça et ce fut l'heure pour la femme de partir, laissant derrière elle le sachet qu'elle avait déposé pour son fils. Il l'ouvrit enfin avec un sourire tandis que la porte se referma, sortant ce qui lui faisait de l'œil depuis le milieu de conversation. Dedans s'y trouva une viennoiserie qu'il ne perdit pas de temps à mettre dans sa bouche, l'appétit lui revenant en un tour de magie tandis qu'il avait disparu ces dernières semaines. Environ cinq minutes fut le temps qu'il lui fallut avant de froisser le sachet en boule et de le mettre à la poubelle. Pour ce, il voulait essayer de se lever par lui-même, bien que ses précédentes tentatives n'avaient mené à rien, incapable de tenir sur ses deux jambes sans tomber au sol, pleurant de douleur et de frustration. Chan déplaça la couverture et la fit basculer sur sa droite, faisant sortir ses jambes du lit pour se retrouver assit sur le côté du matelas. Le garçon prit une grande inspiration tandis qu'il agrippait son drap comme si sa vie en dépendait, posant son premier pied sur le sol, pied qui n'était pas vraiment gracieux à voir. Mélangé de plaies et de pansements, sa plante de pied n'avait plus rien de lisse et propre. Celle-ci entra en contact avec le sol et le jeune Lee ne put cacher une grimace de douleur alors qu'il posa son second pied au sol. À la limite de se mettre au sol pour ramper jusqu'à son objectif, il tendit sa main vers son pied de lit et il le saisit d'une forte poigne, son autre bras porté en attelle ne lui étant de toute façon d'aucune utilité. Un pied devant l'autre, finissant par ne plus avoir de support, il avançait vers la corbeille en bois, lançant le papier lorsque le but fut à portée. Le sachet tomba dedans et, tandis que Chan s'apprêtait à faire marche arrière, les jambes d'une lourdeur indescriptible, il s'écroula au sol, pourtant si près de son objectif. Trois membres au sol, il avait de nouveau échoué sur une tâche aussi simple. Il resta quelques secondes ainsi avant que la porte ne s'ouvre sur son médecin qui passait dans le couloir au même moment, s'arrêtant lorsque le bruit du corps de Chan contre le sol ne retentisse dans ses oreilles. 

— Chan ? Tout va bien ? L'homme se précipita à son chevet tandis que le plus jeune semblait à bout de forces. — Viens là... fit-il alors qu'il prit le garçon avec lui pour le ramener à son lit.

Le jeune homme respirait lourdement, ne sachant plus réellement qu'est-ce qui lui faisait mal exactement. Il ne répondait pas vraiment à ce que lui demandait le médecin, il ne l'entendait de toute façon plus vraiment bien, des acouphènes venant couvrir sa voix.

— Tout va bien ? Que s'est-il passé ? fit le médecin en reposant son patient dans le lit. Il fit un rapide tour des machines pour s'assurer que tout allait bien puis il revient vers lui. — Chan ? Tu m'entends ? ajouta-t-il alors qu'il vit que le garçon ne répondait pas et qu'il avait l'air plus ailleurs qu'autre chose.

Chan hocha doucement la tête tandis qu'il se laissa presque tomber contre son coussin, soudainement prit d'une envie de sommeil, son manque de nutriments en lui commençant à le rattraper.

— Je vais te laisser te reposer. Je reviendrai à ton réveil pour te poser des questions. rétorqua l'homme en s'éloignant du lit, laissant le garçon qui somnolait plonger dans un mélange de sommeil et d'évanouissement.

Épuisé, c'était ce que Chan était, bien qu'à chaque réveil il semblait déborder d'énergie, cela ne durait jamais bien longtemps. Il dormait beaucoup mais jamais assez, pourtant Chan pensait que c'était bien trop. Son état requérait beaucoup de repos, de plus qu'il n'apportait pas ce repos par voix orale en mangeant suffisamment. La nourriture de l'hôpital n'aidait pas, certes, mais il fallait dire que depuis son accident, l'appétit qu'il avait autrefois était égarée. Lui-même ne savait d'où cela provenait, mais il en avait conscience, tellement qu'il se forçait tout de même à avaler le peu qu'il pouvait à chaque repas mais ça lui était compliqué. Cela le rendait encore plus fatigué et en plus de cela, cela ralentissait son rétablissement.

𝗍𝗁ꫀ 𝗌𝗂𝖼𝗄 𝗇ꫀ𝗑𝗍 𝖽ꪮꪮ𝗋 『𝗅.𝖼𝗁ꪖ𝗇』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant