All about you

𝓬𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 1

N
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Assise sur ma chaise, entourée de visages impatients, nous partageons tous une attente commune : l'arrivée des vacances. Chaque tic-tac de l'horloge raisonne dans ma poitrine. Certains élèves se font rappeler à l'ordre pour avoir rangé leurs affaires trop tôt, la professeure est consciente qu'elle n'a plus toute notre attention.

Les couloirs résonnaient d'excitation, des murmures et des rires accompagnaient chaque pas. Les conversations fusaient déjà à propos des projets estivaux, certains en parlaient comme si c'était inscrit dans les étoiles, tandis que d'autres élaboraient des plans minutieux comme s'ils préparaient un casse.

Chacun a sa propre vision des vacances qui se profilent à l'horizon.

Mes parents avaient initialement prévu un voyage en Europe, et ma mère m'a demandé au moins quarante fois si je voulais les accompagner.

Mais, j'ai bien conscience que ça me ferait prendre du retard dans mes études, et mes parents savent pertinemment que malgré le fait que je ne sois qu'en première à la rentrée, aller à Havard n'est pas une option, c'est une obligation.

J'ai réussi à décrocher une place dans leur programme d'été pour l'année prochaine, et il est hors de question que je rate cette opportunité. Chaque cours, chaque note, chaque heure de révision m'en rapproche un peu plus. Rien ne doit se mettre en travers de mon chemin.

Pour moi, Harvard incarne le summum de l'excellence académique. Les noms gravés dans les livres d'histoire y ont tous fait escale, et je compte bien en faire partie un jour à mon tour.

Ma mère a cherché une solution à son voyage prévu en Europe, et c'est sa meilleure amie, Meredith, qui a proposé de s'occuper de moi pendant son absence. Les visites de Meredith sont rares, mais ça n'a jamais entaché leur amitié. Ma mère m'expliquait que c'était ainsi pour les femmes qui réussissaient, qu'elles avaient moins de temps pour elles-mêmes. Elle ne cessait de me dire à quel point Meredith était un modèle pour elle.

Meredith a trois fils, ce qui a soulevé quelques inquiétudes chez mon père au début. Grâce aux talents de persuasion de ma mère et de Meredith, il a fini par accepter. Je n'avais pas vraiment mon mot à dire dans cette histoire. Ce qui m'étonnait toujours, c'est que Meredith m'avait toujours traitée comme sa propre fille, malgré nos rencontres rares et espacées. Elle vivait à presque 40 minutes de notre maison, et par une de ces étranges coïncidences de la vie, mon dossier scolaire s'est retrouvé transféré au même lycée que celui de ses fils...

Selon elle, je me ferai des amis rapidement dans cette nouvelle école. Mais j'ai des doutes. L'idée de me fondre dans un groupe déjà formé me rend un peu nerveuse. Nouveau lycée, nouvelle ville, nouvelle famille...C'est beaucoup de changements en même temps, pour quelqu'un qui, au fond, aimait bien sa petite routine.

Ma mère ne rate jamais une occasion de me rappeler que je n'ai jamais eu d'amis proches, personne avec qui partager des moments à la maison ou à l'extérieur. C'est une réalité que je ne peux pas nier. Du moins, c'est ce que je veux qu'elle croie. Il y a bien eu quelqu'un mais c'est quelque chose que personne ne sait.

Elle ne cesse de me répéter que cette année a été particulièrement compliquée sur le plan social. Elle a dû se battre pour garder certains de mes actes, cachés, pour maintenir la façade de la perfection de mon dossier.

« Ton dossiers, ma chérie, il est essentiel », insiste-t-elle souvent, exprimant ses espoirs pour mon avenir. « Harvard n'accepte que les meilleurs. »

Soudain, la sonnerie retentit, brisant le calme qui régnait quelques instants plus tôt. Un brouhaha instantané envahit la salle de classe alors que tout le monde se lève, pressé de partir. Je glisse soigneusement mes affaires dans mon sac, prête à partir. C'est alors que Madame Johnson, notre professeure de littérature m'interpelle, sa voix douce et un sourire aux lèvres. Je me retourne et m'approche d'elle.