Brûler par mes racines

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A ma famille de cœur qui a remplacé ma vraie famille


Le soleil vient à peine de se lever que déjà mon téléphone sonne. Je souffle, épuisée, j'ai veillé tard hier pour terminer mon travail de plusieurs mois.

« - Allô ?

-Oui ? Jay ?

Je me redresse d'un seul coup et hoche la tête. Le stress me noue le ventre , un appel de mon éditeur.

- Nous avons plusieurs fois reconsidérés votre manuscrit.

-Oui.

J'attends sa réponse avec angoisse.

-Hélas nous ne pouvons pas travailler avec vous sur ce projet, il manque certaines choses. Il a beaucoup de potentiel, sachez-le.

Je reste sans voix, je dois bien avouer que ce n'est pas mon premier refus mais c'est toujours aussi dur. J'avale difficilement ma salive et réponds, de la voix la moins tremblante que possible.

- D'accord. Au revoir.

Il me salue et raccroche. Je reste immobile dans mon lit, bizarrement je n'ai pas de réaction.

Je me lève toute courbaturée et marche jusqu'à la cuisine. Avec mon thé brûlant dans les mains, je m'adosse au plan de travail, les yeux dans le vide et enfermée dans mes plus sombres pensées. Comme une routine je fais tout sans réfléchir. Je me dirige vers mon bureau en traînant des pieds. Quand je passe la porte je remarque qu'il est complètement sans dessus-dessous. Ce bureau est un vrai chantier. L'odeur d'encens froid me pique les narines. Je marche jusqu'à la fenêtre en essayant de ne pas tomber. Le vent s'engouffre dans la pièce, me balayant le visage. Je ferme les yeux pour accepter ce courant d'air froid. Mes cheveux gris volent autour de mon visage. Je contemple la vue qui s'offre a moi. Les toits de Paris brillent sous le soleil du matin, le ciel est coloré d'orange et de bleu. Le bruit des voitures est assourdissant. Je laisse la fenêtre ouverte et regarde mon bureau avec désarroi. Comment travailler dans de telles conditions ?

Je pousse les cartons de livres à envoyer. En les portant , mon genou se bloque. Je le fais tomber dans un grand fracas. Je grimace, ce foutu genou m'a toujours fait défaut. Le passage est légèrement dégagé. Mon œil s'accroche sur l'horloge du bureau. 8H00. Ma tasse dans la main, je m'assoie sur ma chaise. Je n'ai plus d'énergie, plus d'envie. Je devrais retravailler mon manuscrit mais toute envie m'a quitté. Je reste une bonne heure enfermée dans ma tête à réfléchir.

Mon esprit me fait voir une grande plaine balayée par des vents et des enfants jouant. Je souris, un de mes vieux souvenir de mon enfance vient de refaire surface. J'ai très envie de revoir cette endroit qui, enfant m'avait donné ma toute première idée d'histoire. Tous mes après-midi passés assise enfermée dans mon monde.

Ma vie d'avant me manque. Mon cœur se serre mais je dois continuer à avancer la tête haute. Je regarde des photos posées sur ma table, ça me rappelle mon enfance, dans ce petit village perdu à la campagne.

Je viens de trouver, je me rendrais chez moi, dans mon village natal, où j'ai passé la moitie de ma vie. Sur un coup de tête j'allume mon ordinateur et prends un ticket de train. Je prépare mes affaires, je prend mon plus petit ordinateur et un carnet. Le strict nécessaire pour vivre une petite semaine à la campagne. Je saute dans le train et me voila partie. Plus je m'éloigne de la ville, plus le paysage change. La ville toujours goudronnée, grise et triste se change en montagne et grande plaines verte. Mon cœur se réchauffe au fur et a mesure, tout en moi se réveille. Depuis bien trop longtemps je n'avais pas ressentie cela.

Solitude et autres petites nouvellesWhere stories live. Discover now