Prologue

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Avez-vous déjà vécu un amour de jeunesse ? Celui qu'on ne retrouve que dans les contes, qui nous fait rêver et dont les souvenirs restent gravés. Oui, cela paraît irréel, absurde. Et si je vous dis que trois lettres racontant chacune un souvenir de cet amour ont été retrouvées dans quelques recoins de la ville, vous me croirez ? Elles ont d'ailleurs été déposées à des endroits bien particuliers, en lien avec les souvenirs qu'avaient partagés trois jeunes amants avant que l'un d'entre eux ne parte à la guerre. Comment ? Trois jeunes amants ? Oui, trois jeunes hommes éperdument amoureux. N'est-ce pas aussi inimaginable que l'histoire d'un conte merveilleux ?

Ils s'étaient rencontrés durant l'enfance, dans des conditions tout de même peu commodes... Tous les trois étaient orphelins.

L'un d'entre eux avait été abandonné à la naissance, il se nommait Chan, un petit garçon plein de vie, doté d'une bonté inouïe.
Le deuxième avait perdu ses parents dans un accident de fiacre, il s'appelait Jisung, un enfant de nature anxieuse, mais toujours d'une mine radieuse.
Et enfin, le dernier dont les parents avaient mystérieusement disparu, un prénommé Seungmin, son sourire éclatant faisait chavirer les cœurs même les moins battants.

Ne pas avoir de parents comme les autres enfants n'avait déjà pas été facile pour eux, mais la manière dont ils avaient été traités dans leur petit orphelinat n'avait pas été mieux. Ils avaient subi de nombreux coups ensemble, durant toute leur enfance. Ils avaient tous les trois espéré, un jour, trouver un nouveau foyer...mais après tant d'année, ils avaient fini par arrêter.

Parfois ils cachaient les uns et les autres sous une couverture, un lit, derrière la porte de leur petite chambre d'orphelinat pour se cacher des affreux qui s'en occupaient. Les trois petits garçons se protégeaient entre eux, tant bien que mal, du mieux qu'ils le pouvaient. Ainsi, ils étaient devenus leur propre foyer, leur propre cocon familial. Les seuls qui veillaient réellement sur eux étaient eux-mêmes, ainsi que le ciel. Et malgré ce qu'ils subissaient, ils ne voulaient plus trouver de nouveau foyer, plus se quitter. Car cela voudrait dire être séparés, et ils n'avaient jamais vécu ainsi depuis bien trop longtemps à présent. Un véritable lien s'était créé, la souffrance ne leur faisait plus peur et les avait rapprochés, ensemble ils se sentaient invincibles.

En grandissant, ce lien s'était petit à petit desserré. Le fil qui reliait leurs cœurs fragiles s'était légèrement abîmé. Ils étaient entrés à cet âge où la vie n'est plus si facile même avec tout ce qu'on a surmonté dans le passé, où l'on se questionne tellement qu'on fait fuir la douce étreinte de Morphée. Ces questions étaient bien nombreuses mais malheureusement seule la lune en était témoin. Et parmi celles-ci, il y avait les sentiments, cette étrange sensation qui pouvait tout changer et à tout moment. Les trois adolescents en ressentaient un en particulier qu'ils ne comprenaient pas vraiment, qui faisait battre leurs cœurs étrangement, aussi doucement que violemment. Vous le connaissez, cet affreux et délicieux sentiment ? Oui, qu'il est épuisant... Mais à la fois si apaisant.

Ils avaient tous les trois du mal à l'accepter, cette sensation nuisible, par peur des réprimandes ou que leurs sentiments soient trop visibles.

Alors ils s'étaient petit à petit éloigné... Mais cela n'avait évidemment pas été la bonne idée. Car ils étaient perdus, en détresse, et un poids de tristesse pesait sur leurs cœurs abattus.

Jisung était assez stressé, et, par ailleurs, ce poids il ne pouvait plus le supporter. Il voulait à tout pris leur en parler, mais il avait très peur. Après tout un jeune homme qui aimait d'autres jeunes hommes ce n'était vraiment pas normal, il se demandait s'il n'avait pas même un problème mental.
Chan ne supportait pas cette sensation, l'impression de céder à une tentation, comme s'il tombait dans le pécher. Il se sentait étrange, si bien que, jointes entre elles, ses mains tièdes priaient les archanges pour qu'on lui vienne en aide.
Seungmin, lui, faisait comme s'il s'en moquait, comme si rien ne l'atteignait. Mais la vérité c'est qu'il craignait, il avait besoin d'une étreinte, d'être embrassé, pour combler le vide de son cœur éteint avide de baisers.

Tous les trois subissaient alors leur amour, cet amour secret qu'ils avaient si peur de dévoiler, qu'ils tentaient tant bien que mal de cacher.

Un jour, alors qu'ils s'étaient glissés sous le portail de l'orphelinat pour admirer le soleil se lever, Jisung avait tout avoué. Ses paroles étaient sorties toutes seules, comme si son cœur en avait décidé car il en souffrait. Il s'était totalement confié, honteux, il avait demandé de l'aide à ses bien-aimés, espérant qu'il puisse cesser d'aimer. Mais à sa plus grande surprise - ainsi que celle de ceux qu'il aimait - ils ne purent l'aider. Ce n'était pas des sottises, il n'était pas le seul à ressentir cette douleur au cœur, tous les trois la subissaient.

Dès qu'ils venaient sur ce rocher pour admirer le soleil se lever, ils se confiaient à ce sujet. Ce n'était plus la lune qui était témoin de leurs pensées qui, autrefois, gâchaient leur sommeil, à présent c'était le soleil. Ils étaient bien obligés de se retrouver sur ce rocher pour en parler, dans l'orphelinat ils n'auraient jamais pu, c'était peine perdue. Personne ne devait savoir ce qu'ils cachaient, ils avaient peur de risquer de finir au bûcher.

Mais malheureusement chaque chose à une fin. Chan avait dû partir pour se battre à la guerre. Les parents de Seungmin avaient mystérieusement refait leur apparition, comme une affreuse malédiction. Et Jisung en avait vu sa vie partir en vrille.

Ils avaient bien su que ce jour arriverait que tout cela finirait. Petits, ils s'étaient promis que, si par malheur ils venaient à devoir se quitter, chacun écrirait une lettre racontant un de leurs souvenirs.

Comme un souvenir éclairé par la lueur du soleil, et une fois le ciel assombris l'espoir était parti
— Ô combien ils s'aimaient...
Mais pour eux cela ne durerait.
Ils se sentaient ridicules,
Sous les lueurs du crépuscule.
Une histoire entre trois jeunes hommes encore trop crédules
N'était pour eux qu'un simple amour atypique,
Un récit de jeunesse idyllique.

Ou bien un souvenir décoré par les fleurs, celles qui les camouflaient, cachaient leur amour, lorsqu'il y avait du monde autour
— Du fait qu'ils étaient orphelins, personne ne les connaissait,
Et souvent ils se déguisaient,
Comme dans un bal masqué.
Ils étaient dans leur petit monde et ils voulaient y rester
Pour pleinement en profiter.

Ou enfin un souvenir noyé par la mer, engloutit par les eaux, de cette vue qu'ils avaient tant de fois regardé, qui leur faisait perdre les mots
— Ils avaient pour habitude d'aller boire un cocktail
Avant d'aller au bord de mer en courant.
L'un soulevait ses manches en dentelle
Pour sentir les caresses du vent,
Profiter avant qu'un évènement quelconque ne les sépare
Et qu'il ne soit trop tard.

Ces trois lettres viennent donc chacune de ces trois jeunes hommes nostalgiques ; racontant parfaitement le sentiment de leurs souvenirs idylliques aux allures poétiques.

———

Voici donc le prologue de « A l'encre de nos souvenirs » ! Je vous avoue que je suis assez nerveux mais bon... faut se lancer.

Ce chapitre est une sorte d'introduction sur l'histoire de nos trois amants, les chapitres suivants seront différents (sous forme de lettre et de poème). 

Aussi je ne sais pas pourquoi mais les dernières phrases sont très espacés, je vais essayer de modifier ça.

Enfin bref j'espère que je vous ai donné envie de lire la suite et que ce début vous a plu !

See you ;)

A l'encre de nos Souvenirs | SEUNGCHANSUNGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant