Chapitre 8 : Notre destin, à jamais scellé

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Assis en tailleur, je la laissais inspecter mes blessures. Les siennes s'étaient déjà cicatrisées grâce à sa magie. J'observais silencieusement l'étendue des dégâts que lui avait infligés Viktor. Son plastron était brisé au niveau de son ventre désormais bien pâle. Sa cape bleue fut réduite en lambeaux, brûlée sur certaines parties et complètement déchirée sur d'autres. Sa main contre mon épaule continuait de soigner ma plaie. Je pouvais sentir les tissus de ma peau se joindre lentement. Une fois ce petit travail terminé elle retira sa paume et se releva. Je m'apprêtais à faire de même quand une chose me stoppa dans mon élan. Mes doigts, je ne les sentais pas, mon bras était lourd et je ne parvenais pas à le lever.

— "Je n'arrive plus à le bouger."

Ce détail m'inquiétait énormément, la sensation de ne pas être maître de mes mouvements commençait à me déranger. Elle fronça des sourcils face à ça et attrapa de nouveau mon bras pour l'inspecter.

— "La magie de Viktor est assez particulière mais surtout plus puissante que la mienne. Je ne sais pas quel art magique il a appris pour réussir à faire cela..."

Un soupir d'agacement s'échappa de ses lèvres.

— "Désolé, je pensais que j'allais quand même réussir à te soigner."

Elle était parvenue à cicatriser ma blessure physique mais en ce qui concerne ce qu'il m'a infligé avec sa magie, c'est une tout autre histoire. Son attaque a paralysé tout mon bras et s'était immiscée à travers mes muscles et mes veines. J'espère simplement que nous pourrons trouver quelqu'un pour lever ce sort.

— "Ce n'est pas de ta faute. Il nous suffit de trouver quelqu'un qui soit capable de nous aider."

Pendant ce temps-là, elle dirigea ses mains vers mon autre entaille et continua ses soins. Son air absent m'empêchait de deviner le fond de sa pensée.

— "Le mage du roi pourrait sûrement y faire quelque chose. Nous devrions lui rendre visite." affirma-t-elle tout bas.

Finalement, elle attrapa sans gêne mon poignet et le retourna pour observer de nouveau ma paume. J'imagine qu'elle n'osait pas me demander de quoi il s'agissait mais je me devais de lui apporter quelques explications.

— "Ce sont des prothèses, elles remplacent mes avant-bras."

En entendant ce nouveau mot, elle releva son visage vers le mien.

— "Des prothèses ?"

Un brin de curiosité était perceptible dans sa voix. Afin qu'elle comprenne de quoi je parlais, je m'étais mis à déchirer ce tissu élastique qui les protégeait. Entaillés de la sorte, ils ne m'étaient plus utiles. Tomba alors en lambeaux ce qui me servait jusque-là de peau.

— "C'est une sorte de dispositif qui permet d'imiter un membre manquant. Imagine juste que ma chair, mes os et ma peau soient remplacés par une seule et unique matière. Ça me permet de les déplacer tout aussi naturellement."

Tandis que je lui expliquais ce qu'était une prothèse, je continuais mon petit nettoyage en retirant la peau synthétique restante sur mes deux membres. En y repensant, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas vu comme ça, avec deux mains mécaniques qui s'étendent ainsi jusqu'à mes coudes.

La vue de ce métal sombre et glacial me fit frissonner. Chacune de mes articulations fut sculptée dans cette matière. Aucun détail n'était passé à la trappe, mes muscles, mes os, mes phalanges, tout était identique. Le nombre de vis microscopiques, de bouts de métaux qui s'enchevêtraient harmonieusement était incalculable. Tout ce travail minutieux avait été confectionné par une entreprise spécialisée dans la technologie bionique très poussée. Ce dispositif était à la pointe de tout ce qui pouvait exister jusque-là et coûtait une blinde. J'ai presque dû leur vendre un rein pour recevoir leurs soins mais ce n'est qu'un détail. Deux avant-bras bioniques, voilà à quoi on pourrait rapprocher ces prothèses.

Heroes Redemption - Le royaume de FérisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant