Chapitre 1

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PDV : Raphaël

— Bonjour, souris-je à une inconnue.

Ses yeux verts brillent d’un éclat qui m'éblouit. Son regard incompréhensif se balance de moi aux alentours. Croit-elle que je ne m’adresse pas à elle ? Impossible, je la fixe intensément sans sourciller. On pourrait croire que c’est glauque, mais je suis juste obnubilé par la douceur qui émane d’elle. Elle me dévisage avant de bégayer doucement :

— Par-Pardon ? Vous me parlez à moi ?

— Il faut croire, souris-je de plus belle.

Quelques courts instants s’écoulent avant que je revienne à moi.

— Je suis désolé, me repris-je, j’ai oublié de me présenter. Raphaël, je m’appelle Raphaël.

— Qui êtes-vous ? Pourquoi me parlez-vous ? se méfie-t-elle en reculant.

— Oh euh, tu n’as pas à t’inquiéter, je ne te veux aucun mal.

— C’est ce qu’ils disent tous, grogne-t-elle tout bas.

Pense-t-elle que je ne l’ai pas entendue ? Pour ne pas l’embarrasser, je prétends ne pas avoir entendu et continue comme si de rien n’était.

— Je t’ai aperçue et je t’ai trouvée très jolie, alors je me suis lancé et je t’ai parlé, m’expliqué-je.

Je me rends compte trop tard que je n’ai fait qu’empirer la situation.

— Je suis désolé, je ne voulais pas… Je… tenté-je de me rattraper en bafouillant.

— Au revoir, me lance-t-elle d’un ton glacial.

— Non, attends !

Alors qu’elle fait mine de partir, je saisis son bras. Elle a le réflexe de se protéger le visage de son autre main, avant de se dégager de mon emprise. Je fais quelques pas en arrière, m’en voulant aussitôt. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Mais une chose m’inquiète davantage, son réflexe n’avait rien d’anodin. Subit-elle quelque chose ?

— Taré, crache-t-elle avant de prendre ses jambes à son cou.

Merde. J’ai encore tout foiré. À la base, je voulais juste la complimenter sur ses yeux, et l’emmener prendre un café. Je n’ai plus aucune chance… Je la regarde, à contre-cœur, disparaître petit à petit de mon champ de vision. Je ne connais même pas son prénom…

Je sors du parc en traînant des pieds. Je longe les rues de Paris et me dirige vers mon studio. Alors que je gravis les marches de mon perron, une voix m’interpelle. J’aurais aimé que ce soit celle de la belle inconnue que j’ai fait fuir, mais ce n’est personne d’autre que mon patron, John.

— Hey Raph ! Ramène-toi !

Je soupire et traverse la rue qui nous sépare pour le rejoindre. John doit avoir la soixantaine, et il sent fort l’alcool. Comme à son habitude, je vous dirais. C’est un vieil ami de mon père qui m’a pris sous son aile après le décès de mon paternel. Je lui dois beaucoup, mais sûrement pas l’éducation. Disons que je me suis élevé seul dès mes quatorze ans, ma mère n’étant pas en état. Elle est à l'hôpital sous appareil respiratoire depuis quatre ans maintenant. J’ai dix-huit ans, je suis seul, et je bosse pour John. Du moins, il me file des petits boulots par-ci par-là.

— Devine-quoi ! Je t’ai trouvé un nouveau petit job !

— Rien d’illégal, hein ?

Non mais voilà, je m’assure juste.

— Non non haha. Prépare-toi à devenir plombier, me lâche-t-il en s’allumant une cigarette.

— Plombier ? je m’exclame. C’est une blague ? J’ai aucune compétence de plombier, aucune formation, même pas de matos, rien !

En un sourire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant