Partie 2

10 0 0
                                    

Lundi matin, deuxième semaine d'août, mon réveil sonne. Après être rentrés le samedi de mes vacances avec mes amis et passé le dimanche sous la couette à regarder des films et manger toutes les cochonneries que j'ai pu trouver dans les placards de la cuisine, il est maintenant temps de commencer mon tout premier job d'été et enfin gagner des sous. Je travaille dans une médiathèque pour 3 semaines. Je suis trop contente car je connais bien la directrice de l'établissement, ce qui m'évite de trop stressée. Mon job va consister à ranger des livres, les nettoyer et tenir un poste d'accueil pour répondre aux demandes de l'usager. Les compétences demandées sont de connaître l'alphabet et être à l'écoute de l'usager. Je pense que ça ne devrait pas être très compliqué. Comme c'est mon premier jour, je suis en formation. 3 autres vacataires sont là. Mince... 2 garçons et aucuns des deux me plaît. Bon ça m'évitera d'être déconcentrée. A la visite de la médiathèque je suis ébahie par l'espace qu'il y a. Elle s'étend sur deux étages avec un sous-sol. Les murs sont peints de blanc et les étagères utilisées pour ranger les livres sont métalliques. Tout est rangé de sorte que la recherche d'un livre se fasse le plus aisément possible. Au deuxième étage on y trouve tout ce qui concerne les langues, les métiers, les sports, la culture, l'art. Un espace pour les jeux vidéo y est aussi réservé ainsi que des tables pour les personnes qui souhaitent travailler. Au premier étage, 3 espaces se différencient : le coin jeunesse, le coin adulte et le coin musique. Le coin jeunesse est orné de tapis et poufs colorés pour permettre aux enfants d'avoir un espace confortable pour profiter des livres qui les entoure. Le rez-de-chaussée lui, propose un endroit pour les collations et un autre pour l'utilisation d'ordinateurs et l'emprunt de magazines. Quant au sous-sol il est utilisé pour tout type d'évènements comme des expositions.

Les jours se suivent et se ressemblent, peu d'usagers à l'horizon à cause de la Covid-19 ce qui rend les journées très longues. Mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, a commencé à attirer mon attention... Il ne dépasse pas les 1m70, ses cheveux sont assez longs pour se coincer derrière l'oreille, il a une barbe de quelques jours et les traits de son visage montrent qu'il a un vécu largement plus long que le mien. De combien plus long ? Je ne sais pas, j'hésite entre 20 à 30 ans de plus. Oui, je prends une grosse fourchette. Je sais qu'il pourrait se rapprocher de la cinquantaine mais ça serait bien trop vieux pour que je puisse imaginer quelque chose avec lui. Je préfère donc croire qu'il a la trentaine, proche de la quarantaine. Ça me permet d'imaginer que malgré la différence d'âge qui dérangerait les autres, il pourrait se passer quelque chose entre lui et moi. Je peux mieux fantasmer comme ça, avec moins de malaise.  Oui j'ai dit que cet été je ne me prenais pas la tête mais plus personne m'attend en septembre et il est plus âgé alors...

Mais il reste quand même une problématique. Et lui ? Est-ce qu'il m'a remarqué ? Au premier abord je dirais que non. Même pas du tout. Je ne devrais pas être étonnée vu l'âge que j'ai. A moins d'être une personne qui a quelque chose de plus original que les autres... et ce n'est pas mon cas. Aucuns intérêts pour lui de me remarquer. Je garde quand même espoir, juste pour l'excitation que cela me produit et je décide qu'il sera mon fantasme pour ces 3 prochaines semaines.

Deux jours plus tard, je me retrouve au premier étage, à l'accueil jeunesse. Au loin, cet homme occupant l'accueil musique. Je vous avoue ne pas avoir été surprise. Depuis que je l'ai remarqué j'ai passé mes journées sur le planning du personnel pour voir quel poste il occupait. Et grâce à ce fameux planning j'ai pu connaître son nom : Leni Priesk. Une légère vague de dégoût m'apparaît. Leni... Le prénom de mon père... Qui serait enchanté d'être attiré par un homme qui porte le même prénom que son père ? Et comme si ce n'était pas suffisant, les liens avec mon père ne sont pas bons. Pas bons du tout. Pour l'instant, je n'ai pas de nouvelles de lui et même si je suis inquiète je préfère attendre qu'il repointe le bout de son nez. Je décide donc d'oublier cette information et de l'appeler par son nom de famille. Pour revenir au planning, ça faisait depuis la veille que j'avais vu son nom marqué à côté du mien pour cette heure où nous nous retrouvons enfin au même étage. Je vais pouvoir la passer à le regarder et attendre le moindre signe de sa part qui montrerait une quelconque attirance. La disposition des étagères a permis à mon champ de vision de n'avoir aucuns obstacles pour le regarder. Seulement la distance entre son poste et le mien. Malheureusement rien. Je passe l'heure en attente que ses yeux se lèvent de ses fiches. Et pour la première fois je porte un intérêt majeur pour des fiches. Qu'est-ce qu'il y a sur ces maudites fiches pour qu'il puisse passer une heure entière à ne pas s'intéresser à ce qu'il se passe autour du lui ? La fin de l'heure approche, je le vois se lever, toujours le nez dans ses fiches, et partir occuper son prochain poste d'accueil. Dans quelques secondes mes yeux se retrouveront à fixer le mur blanc au dernier endroit où j'aurais pu l'apercevoir. Mais au moment où il va passer de l'autre côté des murs je vois son regard se redresser. Ses yeux se lèvent et oublient leurs fiches quelques instants pour venir se positionner... sur moi. Pendant quelques secondes, son regard me transperce et j'ai l'impression qu'il est capable de lire toutes les émotions qui sont en train de me traverser. Je le vois sourire et de nouveau poser ses yeux sur ses fiches pour enfin franchir ces murs. Une vague d'excitation me parcourt et un sourire béat apparaît sur mon visage que je baisse pour que personne ne puisse le remarquer.

Une pause de libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant