Une Seconde Chance -Nouvelle-

-Nouvelle-

Une deuxième chance

Elle se rappelle son arrivée au village, pleine d'enthousiasme et de projets…Qu'est-ce qui a bien pu dérailler ?
C'était un nouveau départ. Une façon pour elle de dire au revoir à son passé, de se détacher de lui pour toujours. Pourtant, on oublie pas. On peut enfouir, on peut cacher, dissimuler, mais on ne peut pas oublier. Elle le sait, mais sans doute que l'espoir fut plus fort que la raison. Pourquoi, après tout, elle non plus n'aurait pas le droit au bonheur ? Elle aimerait pouvoir sourire sans mentir. Ne plus pleurer quand personne ne la regarde, seule dans son lit le soir. Elle s'interroge. Qu'est-ce qu'est le bonheur ? Elle ne sait pas. Elle regarde le paysage défilant devant elle, perdue dans ses pensées. Elle veut y croire. À la vie. À la chance. Peut-être qu'elle est naïve d'être persuadée que le bonheur existe. Elle hait tous ces gens qui disent que ce n'est qu'une invention de l'Homme pour donner un semblant de sens à sa vie. Non, pour elle, le bonheur existe et elle le montrera. Un petit sourire éclaire son visage. Elle regarde sa montre. Encore dix minutes. Plus que dix minutes avant qu'elle ne découvre son nouveau logis. Ici, personne ne la retrouvera. Le village est au milieu de nul part, connu de personne, semblable à un grain de poussière dans l'univers. Là bas, elle sera tranquille, du moins, elle l'espère. La voiture se gare, et elle descend aussitôt. Son regard balaye les environs, inspecte tout ce qui l'entoure. Une charmante maison se présente à elle. Petite, mais accueillante. La façade blanche et le toit rouge, elle lui rappelle son ancienne maison. Celle qu'elle fait semblant d'avoir oubliée. La voiture repart arpenter d'autres routes, laissant la jeune fille seule dans ce lieu inconnu. La porte couine avant de s'ouvrir, et une femme s'approche d'elle. La femme, d'un certain âge, comme en témoigne ses cheveux blancs et ses rides visibles sur son visage, lui tend sa main. La jeune fille reste quelques instants à observer ce nouveau visage, qui lui était encore inconnu il y a quelques secondes à peine. Puis, sa main effleure celle de la femme, et le visage de cette dernière s'illumine.
-Bienvenue chez moi. J'espère que tu te plairas ici.
- J'espère aussi.
La jeune fille n'a qu'une hâte, découvrir l'intérieur de la maison. Sans demander l'autorisation, elle entre dans la demeure et contrôle toutes les pièces qui s'offrent à elle. Une cuisine avec un petit coin salon, deux chambres et une salle de bain. Un endroit modeste, mais assez grand pour deux personnes. La femme, l'ayant suivi dans son observation minutieuse des lieux, la questionna :
-C'est à ton goût ?
- Oui, oui. C'est laquelle ma chambre ?
- Celle de droite, j'ai fait ton lit ce matin.
Elle rentre dedans et s'allonge sur le lit. Moelleux. Elle sait qu'elle va bien dormir. Elle ouvre les placards et découvre un peu surprise qu'il y a déjà ses vêtements et tous ses effets personnels. Il y a même sa peluche panda, Bella.
-Tes affaires sont arrivées ce matin. Je me suis permise de te les ranger.
- Merci.
- Il est encore tôt, va faire un tour au village. On parlera ce soir.
- D'accord.
- Et n'oublie pas, personne ne doit savoir. Tu connais les conséquences si quelqu'un apprend qui tu es vraiment.
Elle se précipite dehors, et commence à respirer de grandes bouffées d'air. L'air est beaucoup plus pur qu'en ville. Ici, elle se sent plus libre. Quelle ironie, pense-t-elle. Elle marche, un pied devant l'autre, toujours à la même cadence, ni lentement, ni rapidement. Ses yeux observent tout. Elle progresse le long d'un sentier, dont elle ne connaît ni le début, ni la fin. Le temps semble suspendu. Les lieux sont calmes. Pas d'animaux. Même eux ont peur de moi, pense-t-elle, un goût amer dans la bouche. Personne. Elle est seule. Elle pourrait s'enfuir, si elle le voulait, mais pour aller où ? Ils ne prendraient pas beaucoup de temps à la retrouver et à la tuer. Ici, elle a la possibilité d'être heureuse, de vivre sans avoir peur de demain. Du moins, elle le pense. Perdue dans ses pensées, elle heurte quelqu'un. Déboussolée, elle lève les yeux et son regard rencontre celui d'un jeune de son âge à en juger par son physique et sa physionomie, brun aux yeux couleurs noisette. Ils restent là à se fixer, comme s'ils se livraient à un jeu silencieux que seuls eux peuvent comprendre. La fille recul, et d'une petite voix s'exclame :
-Regarde où tu marches !
- Dit celle qui observait le sol. Je ne t'ai jamais vu dans les environs, tu dois être nouvelle ?
- Je suis arrivée cet après-midi.
- Tu viens d'où ? Les arrivant se font rares ici…
- C'est fini l'interrogatoire ? Je peux passer ?
- Toi, tu as des choses à cacher…Tous les gens ici tentent de dissimuler des secrets. Fais attention, tu risques de perdre beaucoup de choses, si ta bouche s'ouvre.
- Occupe-toi de tes affaires, et je m'occupe des miennes. Merci bien.
- Comme tu voudras, tu ne pourras pas dire que je ne t'aurais pas prévenu.