Folie

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Le lendemain je pris donc le métro pour aller à Central Park et revoir cette statue. Mais je me suis perdu en la cherchant... ou alors... elle n'est plus là ?

 Ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas retirer une statue aussi rapidement, aucun véhicule pouvant déplacer une statue de la sorte était aux alentours, était-ce donc moi... ou cette statue était vraiment là et elle a disparu ? Ce n'est pas possible. J'ai vraiment besoin de repos. Je repartis chez moi mais sur le chemin j'eus l'impression d'être suivi. Je me retournai, tout le monde était normal. Au fur à fur que j'avançai, je pressai le pas, fuyant le danger... mais quel danger ? Personne ne me suit, il n'y a donc rien qui peut se passer ?

De retour dans mon appartement, cette atmosphère pesante était toujours là. Je pars dans ma chambre pour poser mes affaires... mais attendez... qu'est-ce qu'elle fait là ? La poupée étrange était posée sur mon lit, face à la fenêtre et dos à moi. Je lâchai soudain mon sac, terrifié. Des frissons parcouraient tout mon corps. Qui pouvait bien l'avoir mise là ? On était rentré dans mon appartement par effraction ? Devrais-je aller voir la police ? Devrais-je m'avancer pour l'enlever de là ? Je suis pétrifié. Pas après pas, je m'avançai doucement vers elle, quand je repris enfin mes esprits. Ses yeux fixaient l'horizon par la fenêtre. Je la pris et descendis la mettre dans la poubelle en bas de l'immeuble. Elle me faisait très peur, je n'aime pas ces poupées en porcelaine.

Plus tard, vers 3 heures du matin, lorsque je dormais, je fus réveillé en sursaut par des hurlements en bas dans la rue. Cela m'intriguait et j'allais donc voir par la fenêtre : un jeune garçon de mon immeuble s'était donné la mort en sautant du dernier étage. Les ambulances arrivèrent mais ne purent rien faire. Je le connaissais, c'était mon voisin avec qui je parlai souvent, nous étions devenus proches en peu de temps. Je n'ai pas eu assez le temps de le découvrir mais le courant passait bien entre nous car nous partagions les mêmes goûts. Cela m'attrista énormément.

Je décidai le lendemain d'aller présenter mes condoléances à sa famille, qui habitait dans un bâtiment non loin du mien, et avec qui je parlai de temps en temps grâce à leur fils. Des gens généreux. Je toquai à la porte, ils m'ouvrirent, heureux de me voir.

« - Bonjour Alex ! Entre, ne reste pas là !

J'entrai donc. Le mari de Mme. Carter était derrière elle.

- Tenez, je vous ai apporté des cookies faits maison !
- Oh, merci ! Quel gentil jeune homme.

Elle sourit et partit les poser sur la table. Mr. Carter décida enfin à me parler.

- Quelle est la raison de ta venue ?
- Je viens vous présenter mes sincères condoléances pour votre fils. C'était un brave garçon, il avait bon cœur. Je n'imagine pas la douleur que vous devez ressentir suite à un tel évènement.

Suite à mes mots, un blanc s'installa. Les Prescott semblaient choqués. Aucun mot ne sortit de aucune de nos bouches pendant 3 minutes.
Lorsque Mme. Carter, de son prénom Agathe, prit la parole.

- Qu'as-tu dit... ?
- Comment oses-tu dire que notre fils bien aimé est décédé ?! Nous l'avons vu il y a seulement 1 heure avant ta venue ! Sans une seule égratignure !

Mais qu'est-ce qu'ils disent... ? J'ai vu son corps sans vie cette nuit ! Tous ces hurlements ! Ces gens ! Ces ambulances ! Non, impossible qu'il soit vivant. Je ne dormais pas, j'étais bien réveillé.
Gêné, je me levai en direction de la porte pour partir, mais je m'arrêtai devant. Il faut que je leur dise qu'il est bel et bien décédé.

- Ecoutez moi, j'ai vu le corps de votre fils sans vie cette nuit, en bas de mon immeuble dans lequel il habitait également. Des ambulances étaient présentes, ainsi que des personnes qui hurlaient en voyant la scène et le cadavre de Jordan.

- Sors de chez moi, va-t'en ! Mon fils n'est pas décédé ! Espèce de schizophrène ! »

Mr. Carter ouvrit la porte et me poussa dehors en hurlant. J'étais là, par terre, perdu en me demandant s'il était bien mort ou non.

Devenais-je fou ?

Le soir, de retour dans mon appartement, je me brossais les dents paisiblement. J'avais passé une bonne journée, hormis les évènements de ce matin. J'ai reçu ma guitare que j'ai essayé directement. J'en avais déjà joué quand j'étais plus jeune et je n'ai pas perdu de mon talent !
Alors que j'étais face à mon miroir, je vis une ombre passer à ma vue périphérique. Paniqué, je me tournai, rien. Mais alors, je regardai ma fenêtre opaque et j'eus l'impression de voir quelqu'un derrière. Effrayé mais déterminé, j'ouvris cette fenêtre et il n'y avait personne.

Est-ce ce que voient les personnes folles ? Suis-je devenu fou depuis que je suis allé voir cette statue qui a disparu du jour au lendemain ?

Je me mis en tenue pour dormir ensuite, toujours terrifié de ce qu'il m'arrivait. J'éteignais les lumières, seules celles de la ville éclairaient encore un peu ma chambre à travers les rideaux. New-York est la ville qui ne dort jamais après tout. 


J'eus du mal à m'endormir, non pas à cause des lumières de la ville, mais de la silhouette avec une poupée en main qui avançait vers moi. Haha, une silhouette me ressemblant qui avance dans ma direction, suis-je en train de rêver ? Sûrement. Non, je ne dors pas, c'est impossible que cela soit un rêve. J'essayais de bouger mes doigts, mes jambes, mes pieds, mais je n'y arrivai pas. J'étais paralysé. Une paralysie du sommeil ou avais-je juste peur ? La silhouette m'avait atteint. Elle me ressemble énormément. Mais minute... c'est moi ! Nous avons le même visage ! Les mêmes cheveux ! Le même corps ! Pourquoi mon double semblait si cruel ? Je suis l'opposé de la méchanceté. Il s'accroupit sur moi, et passa ses mains autour du cou. Il serra, il serra... si fort, si fort... ! Arrête ça ! Je n'arrive plus à respirer ! Je suis proche de la mort. Est-ce comme cela que je vais mourir ? Etranglé par mon double malfaisant ? Ne pouvant pas me défendre, impossible de bouger ne serait-ce qu'un membre ? Peut-être que oui. A deux doigts de la mort, ce double disparut. Il n'y avait plus personne. Seule la poupée était encore là, plus dans ses mains mais bel et bien par terre, sur un coussin de mon canapé, en face de moi.

J'étais assis sur mon lit, avec enfin la possibilité de bouger. Recroquevillé avec une main sur mon cou, je commençai à pleurer et tousser en même temps. J'eus l'impression d'avoir changé en l'espace de quelques minutes. Mais pas que moi, que mon appartement aussi avait changé. Tout était en désordre. Je manquai de tomber à plusieurs reprises. Je pris la poupée, toujours ses yeux rivés vers moi, et la jetai par la fenêtre. Elle tomba sur la route. Plus j'avançai, plus j'eus du mal à marcher, c'est comme si j'étais en train de perdre l'usage de mes jambes. Le canapé atteint, je m'assis dessus pour me reposer. Pourquoi pas dans ma chambre ? J'avais peur. Peur de cette chambre, de le revoir, m'étouffant avec ses mains. Je pris mon téléphone, et regardai avec l'appareil photo mon cou pour voir si j'avais des marques : rien. Rien du tout. Aucunes traces. Fatigué et pensif, je m'endormis enfin. Quand vint le lendemain, je me réveillai vers midi. La première fois que je me réveille si tard. J'en avais besoin après la nuit que j'ai passé.

J'ai toujours ce sentiment de ne pas être moi-même. Pleins de choses ont commencé à changer comme par exemple me mettre à fumer. Je fais des choses que jamais je n'aurais fait auparavant. Un sentiment étrange de ne pas être moi-même me traversa le corps de plus en plus souvent.

Peut-être voyais-je ce que voyait mon double depuis tout ce temps ? Vivais-je ce qu'il vivait ? Sentais ce qu'il sentait ?
Suis-je mort ? Ai-je échangé de rôle avec mon double ?

J'avais une envie de retourner à l'endroit où tout a commencé à déconner. Ce n'était pas une envie... mais un besoin d'y retourner. Je pris mon sac et sortit, me dirigeant à Central Park.

Sur place, je vis un garçon au loin qui regardait quelque chose assez étrangement. Je m'approchai de lui : il regardait une statue.

« - Cette statue est splendide n'est-ce pas ? »

Le jeune homme se retourna, mais plus personne n'était là.

Une vie de rêve ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant