rencontre et souvenirs

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Note de l'auteure ( IMPORTANT ) : Ce chapitre retrace les souvenirs de Ven, non son passé entier. J'ai décidé de réécrire ses moments les plus importants. DONC chaque fois que nous lirons le signe
" ︵‿︵‿︵‿︵ ", ce sera une "transition", un bond dans le temps. Les temps écoulés ne sont pas indiqués à moins que Ven l'indique lui-même.
Au lecteur d'imaginer !

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Quand c'est à mon tour de payer, j'adresse un bonjour à la caissière et range chaque article scanné dans mon sac. D'habitude, je passe toujours mes mains sur mes poches, où se trouve mon portefeuille. Sauf que je pense avoir eu la tête ailleurs puisque cette fois-ci, il n'était plus là. Putain. Alors, ne pas avoir les cinquante euros pour les courses n'est pas forcément grave, je m'inquiète pour la carte bleue de ma mère et ma pièce d'identité.

-"Fait chier", j'essaie de fouiller dans le sac, on dirait un con parce que je sais déjà qu'il n'est pas là, "Je pense que je vais devoir..."
-"Bonjour monsieur, c'est à vous ?"

Un foutu sauveur. Il avait dépassé la ligne d'attente et me tendait à présent ce que je cherchais. Par réflexe, je vérifie le contenu... quelqu'un aurait pu me voler tout qui s'y trouvait...
Rien d'alarmant.
Je le remercie, -il repart dans les rayons-, m'excuse à une queue de râleurs et finis par donner la somme.

J'attends ce garçon devant le supermarché, il n'est pas encore sorti, même si ça fait déjà un quart d'heure.
Au bout de trente minutes, il arrive, seul. Je me suis adossé contre le mur pour me mettre à l'écart, alors il passe sans regarder.

-"Hé", je lance.

 Et bien, si ça c'est une manière de saluer...
Il s'arrête et se retourne.

-"Quoi ?"

Et bien, si c'est une manière de répondre.
Je remarque que je suis plus grand, de deux centimètres, peut-être ? Il porte une chemise à carreaux de vieux et un jean droit d'un bleu délavé, il a un style étrange. Je commence à regretter de l'avoir attendu pour si peu, parce qu'il a l'air de bien se faire chier.
Mains dans les poches, il répète.

-"Quoi ? Tu veux me dire merci encore ? Tu me l'as déjà dit."

Et il repart. Ah, ouais. J'aurais évité de parler trop longtemps.

︵‿︵‿︵‿︵

Plutôt heureux à l'idée des vacances d'été, je me dirige vers la sortie.
Je me débrouille bien au lycée, seulement, je déteste la routine. Lever à sept heures, rentrer entre dix-sept et dix-huit heures, douche, devoirs, dîner, dents, coucher.

Les vitres et les affiches de l'arrêt de bus sont sales. On peut à peine lire les lettres, si petites, toutes cachées par une brume grise.
Dix minutes avant que mon bus arrive, quelqu'un marche en ma direction gauche et je me décale pour lui faire de la place, il s'arrête assez près mais ne s'assoit pas.

-"Salut."

"Salut" ? J'incline ma tête et ne comprends pas. Je ne connais pas cette personne, se serait-elle trompée ?

-"Salut, on se connaît ?"

J'essaie de reconnaître ce visage, de moins en moins familier. Et il est vraiment... bizarre. Il a une tenue aux couleurs désaccordées et des taches. Pas comme des graffitis, de vraies taches, des traces de peintures sèches...
Il se tourne face à moi et me regarde comme si j'avais la réponse à ma propre question. Il est con ? Ou sourd ? Pourquoi il ne répond pas ?
Après m'avoir dévisagé je ne sais combien de temps, il décide d'ouvrir sa bouche... pour la refermer ? Sérieusement ?

-"Non. C'est pour ça que je veux faire ta connaissance."

C'est une demande particulière et au début, je pensais qu'il se foutait de moi. Enfin c'est drôle. Pourquoi me le demander comme si j'étais mort ?

-"Pardon ? Attends, tu..."
-"Oui ou non ?", il me coupe la parole, ce misérable.
-"Non. Désolé mais t'es un peu... voilà quoi. T'es bizarre."

Il garde la même expression ennuyée. Bon sang, c'est pas moi qui ai commencé à l'approcher, qu'il me laisse tranquille.

-"Je... Je veux te connaître. Désolé, je me suis approché brutalement. J'ai du mal avec la communication."

Sans blague. Après petite réflexion, je fais mon choix. Il est désagréable.

-"Comme tu veux mais c'est un peu trop tard là. Ce sont les vacances."
-"Non, justement", il réfléchit sans en avoir l'air, "on sera plus à l'aise."

︵‿︵‿︵‿︵

En retard comme d'habitude. Je me demande pourquoi je viens encore à l'heure alors que je me fais la même réflexion, à, chaque, fois.  Je devrais toujours rajouter trente minutes, il m'énerve. Je ne sais pas non plus pourquoi il continue à me donner des heures de rendez-vous...

-"Salut."

Ce "salut", putain, me fait sursauter. Sa main posée sur mon épaule, Cosmin était arrivé par derrière et je n'avais pas compris que c'était lui, vu que, et bien, c'est un parc, et qu'alors, tout fait du bruit. Je sais pas pourquoi j'essaie stupidement de me justifier alors que j'ai rien fait. Je n'aime juste pas qu'on me surprenne, c'est... dérangeant.
Évidemment, il ne s'excuse pas de son retard. Pourquoi serait-il désolé ? Ce n'est pas la première fois. Ni la dernière. Enfin, si nous continuons à nous voir. J'espère.

-"Salut", je dis et il retire sa main, "comment tu vas ?"
-"Ça va", il s'arrête.

Cela fait approximativement six mois qu'on se voit et je reste parfois impressionné par comment il peut être si... étrange. Non, pas étrange, plutôt spécial. Cosmin est quelqu'un qu'aucune personnalité ne connaît. Il n'a pas d'expressions du visage. Ou c'est que je ne le vois pas quand il en a. Je l'ai déjà surpris plusieurs fois en train de plisser les yeux comme pour m'observer, mais ça ne m'a jamais vraiment dérangé, au contraire, j'aime aussi laisser mes yeux le détailler. En général, ses sourcils sont un peu froncés comme s'il était en colère ou qu'il ne comprenait pas quelque chose, et j'ai petit à petit compris qu'il était vraiment comme ça malgré son imprévisibilité. Il ne réagit pas. Il sourit mais ne rigole pas. Je peux qu'être sûr qu'il m'apprécie, après tout, je suis, si je ne me trompe pas, sa seule compagnie puisqu'il ne parle à personne à son lycée. Pas qu'il ne veut pas, c'est plutôt les autres qui se "méfient", et je peux les comprendre...
Pendant toutes les grandes vacances d'été, j'ai voulu couper contact. Il m'énervait. Il s'énervait. Quand il me donnait des heures pour se rejoindre, je pensais qu'il n'arriverait jamais, jusqu'à ce qu'il arrive au moment où j'allais partir. Pendant deux semaines, je ne suis plus venu. Il m'envoyait des lettres, que je lisais, auxquelles je ne répondais pas.
Depuis notre rencontre, les disputes sont assez régulières, et je déteste ça aussi. Même si ça s'est calmé depuis cet été, on continue, pour des petits trucs. Un jour en août, nous étions au lac, et il s'était énervé au point de piquer une crise devant tout le monde parce qu'il trouvait que l'eau était trop froide. Je lui ai dit que je le trouvais ridicule et il s'est barré. Le lendemain, j'avais reçu une lettre, et avant même de l'ouvrir, je savais qu'elle était de lui.
"Ven,
Rejoins-moi au lac à 17h aujourd'hui.

Cosmin."
À dix-sept heures, je l'attendais. Quand il est arrivé, il m'a dit "salut", a enlevé son tee-shirt et s'est baigné. Je l'ai regardé faire, amusé, parce qu'il était couvert de frissons à cause de la température de l'eau, et quand il était mouillé jusqu'au cou, je l'ai rejoint. Et j'ai vraiment passé un bon temps avec lui, même si on n'avait pas beaucoup parlé. 
J'ai pris notre moment comme une excuse de sa part.
C'était bien mieux qu'un désolé.

-"Je voulais te demander quelque chose..."

Je le regarde hésiter et hoche la tête pour l'inciter à continuer sa phrase alors qu'il n'est pas du genre à demander.

-"Je voudrais te peindre."

Oh.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 10, 2023 ⏰

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