Une première vibration, une lumière, d'abord faible puis plus éblouissante, d'autres vibrations.
J'ouvris à peine les yeux et balançait ma main vers ma table de nuit, y attrapant mon téléphone. Par l'ouverture que me laissaient mes paupières fatiguées, je trouvais le bouton et éteignis le réveil. Alors les vibrations cessèrent et la pièce replongea dans la pénombre.
Je poussais un grognement, j'avais oublié d'enlever mon alarme, encore une fois, décidément...
Il devait donc être 6h30. Je me frottai les yeux. J'essayais de reprendre un rythme respiratoire normal. Quel rêve! Ce n'était pas le premier aussi éprouvant, et je doutais qu'il n'y en ai plus d'autres. Depuis déjà plusieurs années, mes rêves s'étaient intensifiés, je les ressentais presque comme si je les vivais vraiment, et même si au réveil je retrouvais toutes mes forces, je n'en étais pas moins chamboulée. Il fallait vraiment que j'achète un dictionnaire des rêves. Même si j'avais toujours repoussé ce que j'identifiais comme une croyance étant plus jeune, au cours de mes études de lettres, j'avais étudié en philosophie l'inconscient, le mécanisme des rêves, et cela reposait sur des expérimentations et des certitudes. Freud expliquait que les rêves étaient l'inconscient refoulé, et j'étais décidée à savoir, s'il y avait quelque chose à découvrir, ce que cachaient mes rêves. Sachant très bien que je ne pourrais me rendormir, j'étirais doucement mon corps endormi puis me levais de mon lit et marchai à travers l'obscurité pour trouver le bouton qui releva mes volets.
Le ciel avait une lumière étrange, presque blanche, qui m'éblouit et j'eus le réflexe de plisser mes yeux. Après quelques secondes, je m'habituais a la clarté et aperçu de fines gouttelettes sur le petit rebord en béton, il avait plu hier et cette nuit, une pluie chaude d'été. J'ouvris ma fenêtre, me penchai légèrement et humais l'air frais en fermant les yeux. Je souris. L'odeur de la pluie me rappelait mon enfance, mes journées de septembre à la campagne en compagnie de mes parents, de ma mère. A cette époque, nous étions réunis. Lorsque je rouvris les yeux, je remarquai le calme inhabituel de la ville, il n'y avait pas grand monde dans la rue, et seulement quelques voitures troublaient le silence. Malheureusement, les grands immeubles et autres bâtiments gâchaient cette paisible vision. Même si au début, habiter en ville m'avait beaucoup plu, j'avais envie, certains matins, d'ouvrir les volets sur un paysage vert, des arbres, des montagnes, le chant des oiseaux qui me manquait tant, l'odeur fraîche d'une journée prometteuse, et d'un air considérablement moins pollué.
Je décidais de laisser la fenêtre ouverte tant que l'air était encore frais, puis fit mon lit avant de quitter ma chambre.
Dès qu'il me vit ouvrir la porte, il vint immédiatement m'accueillir, avec cette énergie qu'il conservait peu importe l'heure du jour ou de la nuit.
_Bonjour mon Bluebell, le saluai je en me baissant et en lui caressant la tête
Dans la cuisine, je vérifiai qu'il lui restait de l'eau et lui servit un bol de croquette avant d'aller dans la salle de bain, de défaire ma queue de cheval pour la réarranger, puis de me laver les mains et de ressortir.
J'avais une faim de loup, je me préparais donc un petit déjeuner conséquent et pris mon téléphone pour vérifier la météo. Alors qu'il s'allumait, je commençais à déjeuner mais fut interrompue par un message qui attira mon attention.
De Julien♥ : Joyeux 2 mois à nous mon amour, je t'aime <3
2 mois... 2 MOIS ?? Mais quel jour étions nous ? Le 20 juillet donc ? J'avais complètement oublié ! A coup sur, il m'avait envoyé ce message aux alentours de minuit et allait débarquer chez moi aujourd'hui. Distraitement, je remis une cuillère de céréales dans ma bouche en pensant à ce que je pourrais bien porter aujourd'hui. Mais avant ça, j'allais faire une petite promenade à vélo, puis prendre une douche. J'avais bien le temps, il n'était que 6h42. Le connaissant, je me fis la réflexion que s'il venait me voir aujourd'hui, il passerait sûrement vers 11h et nous irions manger dehors.
A Julien♥ : Joyeux deux mois, je t'aime aussi <3
Après avoir fini de déjeuner, je débarrassai puis partit dans ma chambre, suivie de près par mon adorable Spitz nain, je choisis mes affaires, un fuseau et un débardeur ainsi qu'une veste de sport, attrapai mes baskets au passage et filai dans la salle de bain.
J'en ressortis quelques minutes plus tard, et Bluebell m'attendait devant la porte, signe que j'avais intérêt de l'emmener avec moi. Je pris un petit sac à dos, y mis une bouteille d'eau fraîche, et une pomme en cas de creux, puis attacha la laisse à mon animal, avant de sortir de l'appartement. Je descendis les deux escaliers qui me menèrent au sous sol, ouvris la grille et retirai mon vélo. Après avoir refermé la porte de mon immeuble, j'installais Bluebell dans le panier sur le devant de mon guidon. Il gigota un peu, mais avec le temps, il s'était habituée à nos sorties à vélo, même s'il m'avait paru qu'il ne s'y ferait jamais, je l'avais éduqué dès ses premiers mois, il y a bientôt un an. A mon tour, je me positionnais sur la selle et appuyai sur la pédale. Je roulais ainsi une vingtaine de minutes, grondant parfois ma petite boule de poil lorsqu'elle essayai de sortir du panier. Il était environ 7h30 passé lorsque j'arrivais enfin à notre destination, un parc qui bordait le centre ville, et qui était plutôt désert, à cette heure matinale. Je fis descendre mon chien qui commençait à s'agiter et il s'éloigna un peu pour se soulager vers des buissons. Je m'approchais du banc sur lequel j'avais l'habitude de m'installer, puis posais mon vélo en appui contre le dossier et m'assis en expirant un grand coup. Bluebell revint vers moi, puis le mettant en garde, je le détachai et le laissait se balader.
Le parc était tranquille. Ici, il régnait une atmosphère paisible qui nous donnait l'illusion d'être loin de la ville. La fraîcheur du matin était plaisante, une légère brise caressait mon visage. C'était ce genre de moment de calme qui me faisait me sentir bien, vivante, pas le stress de la vie quotidienne, le train train de la vie de tout les jours, il me fallait quelque chose de pas commun, et le calme était devenu rare dans ma vie d'étudiante loin de la maison et de la quiétude de l'adolescente guidé par les adultes. Je sortis ma bouteille de mon sac, but une grande gorgée, et décidait de ne pas manger la pomme. J'avais bien envie de faire du vélo dans une foret, de pédaler à toute vitesse, de me lâcher enfin, mais avec mon chien, et en ville, c'était malheureusement pas possible.
Aux alentours de 8h, je décidais de repartir, Bluebell s'était couché près du banc depuis quelques minutes.
_On y va, Blue !
Il vint devant moi et je le soulevais pour le réinstaller dans le panier, et cette fois il ne fit pas d'effort pour en sortir.
Après une dizaine de minutes, j'étais de retour à l'appartement. Devant la porte de la cave, je laissais mon chiot par terre, et il commença à monter l'escalier à toute vitesse avant de s'arrêter, voyant que je ne le suivais pas. Je le regardais m'attendre avec une pointe d'amusement, rangeai mon vélo, puis fis la course avec lui jusqu'au troisième étage et ouvrit la porte. La petite boule de poil se dirigea immédiatement vers sa gamelle d'eau pendant que je regagnais ma chambre pour choisir des vêtements décents pour aujourd'hui, me demandant si je devais porter une robe. J'optai plutôt pour un short simple et un débardeur bleu marine et allai dans la salle de bain pour prendre une douche et me changer.