Prologue

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Au cœur d'une forêt sombre, se trouvait une vieille maison perdue dans la forêt à des kilomètres du moindre village. Cette petite niche était la demeure d'une innocente petite fille nommée Micaria. La jeune enfant âgée de 5 ans qui jouait tranquillement avec sa poupée avait les cheveux d'un blanc plus pur que la neige. La petite était vêtue d'une vieille robe poussiéreuse et salie par le temps, ses pieds étaient totalement nus, ce qui lui procurait une légère sensation de fraîcheur. L'hiver était particulièrement rude alors elle se mettait souvent près du feu ou dans le lit qui n'était en réalité qu'un vulgaire tas de paille. Elle était d'ailleurs assise dessus, peignant son jouet, tout en faisant de grands sourires à sa mère qui l'observait depuis l'autre côté de la marmite. Cette dernière surveillait tendrement sa fille du coin de l'œil tout en préparant une délicieuse soupe pour leur dîner. Cette charmante dame était une belle femme aux cheveux blonds comme le blé surplombé d'un foulard rougeoyant, également apprêtée d'un joli tablier bleu orné de dorures. La mère avait le visage juste au-dessus du liquide brûlant et profitait de la chaleur qu'il dégageait pour se réchauffer du froid glacial de l'hiver. Leur maison était rectangulaire et n'était composée que d'une pièce principale et d'un étage qui surplombait le rez-de-chaussée. Au centre de la bâtis se trouvait un pilier qui maintenait l'entièreté de l'habitation. Les murs de bois étaient faits d'un soubassement en pierre. Le toit lui était fait de chaume et d'une petite cheminée qui laissait échapper la fumée du feu. Au milieu de la nuit polaire, la porte s'ouvra brutalement et claqua contre le mur, repoussée par un souffle glacial qui éteignit le feu. Plongé dans le noir, une ombre imposante se glisse dans la maison et referme la porte avec force et violence. La chose était recouverte d'une épaisse fourrure et avait un pas lourd. La jeune enfant, terrorisée, était figée par cette apparition tandis que sa mère brandit une fourche vers l'inconnu.

- Malia, c'est moi !

- Tu as vu l'heure ? Il fait nuit, s'exclama la mère en colère avant de reposer son arme

- Désolé ma chérie, la neige me bloquait le passage. J'ai dû faire un détour par la forêt, se justifia le mari.

- Excuses-toi plutôt auprès de ta fille, dit la mère en rallumant le feu.

L'habitation s'illuminait de nouveau révélant l'apparence de l'homme qui avait les épaules chargées d'un gros sanglier. Il déposa son gibier sur la table et se tourna vers sa fille. La petite Micaria qui se remettait de ses émotions, revint à la raison et courut dans les bras de son père. Il portait une grande veste en peau de bête recouvert d'une fine couche de neige blanche qui s'égouttait sur le sol. Il s'agenouilla face à sa fille et lui fit un baiser sur le front.

- Papa ours s'excuse de t'avoir fait peur ma chérie, tu me pardonnes, demanda le père avec un ton enfantin.

La petite fille sourit avant d'acquieser. Ce robuste monsieur était un homme plutôt grand avec une petite moustache brune et frisée, ses cheveux étaient courts et sales rappelant le pelage d'un ours brun. L'affectueux père et sa fille furent soudainement surpris par un arrêt total de la tempête suivit d'un lourd et long silence. Le père afficha un visage en colère et de peur.

- Malia, dit l'homme avec autorité.

La femme courra vers le lit et enleva la paille pour en sortir une arme. Un fléau, cette puissante arme était composée d'un manche en bois très sombre qui était relié par une chaîne à un poids de forme rectangulaire. Le père s'empara rapidement de l'arme et sortit dans la nuit, dépourvue d'étoiles et de lumière. La mère de Micaria courut vers son enfant. L'attrapa précipitamment au creux de ses bras et mis la petite dans le trou laissé par l'arme. La mère, dont le visage était remplis d'inquiétude, dit à sa fille apeurée d'une voix autoritaire bien qu'attristée.

- Micaria, écoute-moi bien ! Surtout tu restes ici, quoiqu'il arrive, tu ne bouges pas!

- Qu'est-ce qu'il se passe maman ? demanda la jeune enfant affolée.

- Rien ma puce. Ne t'inquiète pas. Maman est là. Tu restes caché promis ?

- Promis, repondit tendrement Micaria.

La mère protégea son enfant en recouvrant sa cachette de vieille paille humide créant un cocon de chaume. La pauvre enfant ne pouvait, à travers les petits trous de sa cachette de chaume, apercevoir que les jambes de sa mère. Elle vit sa maternelle s'éloigner rapidement et courir vers la table puis entendit le bruit d'un couteau s'extrayant d'un tiroir. Dans le silence glacial de la nuit, la porte de la maison s'ouvrit très lentement laissant entrer une brume grisâtre qui se rependait sur le sol. Une femme vêtue d'une paire de petites bottes noires et une robe encore plus sombre, entra dans sa demeure faisant résonner dans le silence le bruit de ses talons.

- Où est Bardas ? demanda la jeune femme qui débordait d'inquiétude et de larmes.

- Il n'a pas survécu, repondit froidement l'inconnue

La mère sous le choc se mit a pleurer et s'effondra sur le sol à genou face à l'étrangère.

- Où est elle Malia, demanda calmement la femme.

Mais la mère ne repondit pas et continua de pleurer.

- Je suis prêt à t'épargner si tu me la donnes, rajouta l'inconnue en se rapprochant d'elle.

- Tues moi Malika, repondit Malia entre deux sanglots

- Tu me déçois, conclua Malika en décrochant de sa ceinture un vieux livre avec une pierre grise incrusté dans la couverture.

Soudain le vent se leva et la mère de Micaria se mit à étouffer et tomba au sol. La jeune fille croisa alors les yeux de sa mère qui se tenait le cou et luttait contre la mort. C'est alors qu'une dernière larme coula de sa joue alors que son dernier souffle se faisait entendre.

- Pardonne moi.

Le vent s'arrêta et Malika rangea son grimoire laissant le cadavre de la mère à l'intérieur et ferma la porte emportant avec elle la brume et le calme et silence de ma nuit. C'est quand la tempête repris que Micaria qui fixait sa mère espérant la voir bouger se mit à son tour à lâcher une larme. La petite Micaria choquée par cette scène, resta cachée, immobile, à fixer sa défunte mère. Micaria resta le reste de la nuit caché sous la paille froide et humide, traumatisée à vie par ce moment qui n'avait qu'en quelques minutes scellé son destin. Les heures passèrent et les rayons du soleil commençaient doucement à caresser le sol de la maison, une douce lumière matinale éclaira la scène macabre. La petite fille sortit doucement de sa cachette et sortit de sa maison en laissant derrière elle le cadavre de sa mère. Elle ne prêta pas attention aux alentours sachant que son père n'y serait pas pour la réconforter. Elle regardait devant elle et continua à avancer. Elle s'engouffra dans la forêt encore froide et humide de la tempête de cette nuit. Elle regardait droit devant elle, sans se retourner, sans faire autre chose que marcher dans la pénombre comme si dans l'obscurité elle attendait son tour. Au bout d'un certain temps elle arriva dans un petit village nommé Queue-De-Pie. Ce village était connu pour être le plus pauvre du royaume. L'hiver glacial rendait l'approvisionnement en nourriture difficile, et les maladies se répendre. La petite fille ne trouva aucune âme assez charitable pour la recueillir. Alors Micaria qui mourrait de faim et de froid erra dans le villages explorant chaque ruelle, chaque sentier, chaque chemin pour trouver ne serait-ce qu'une bouchée de pain. Elle finit par apercevoir un homme de forte corpulence paré de luxueux vestons en queue de pie sortir d'un magasin avec un panier qui contenait notamment une petite brioche. Voir des gens se balader dans ces tenues était commun ici et ne perturba pas la jeune fille qui n'avait pas lâché la brioche des yeux. Affamée, elle suivit et s'approcha petit à petit de l'homme. Après quelques pas, le bourgeois tourna dans une ruelle, se mit devant une porte, posa son panier sur le sol et chercha ses clés. La fille aux cheveux de neige profita de l'occasion et courut vers le panier, elle saisit la brioche et partit aussi vite qu'elle le put. Le bourgeois eut à peine le temps de se rendre compte de la disparition de sa brioche que Micaria avait déjà traversé quatre rues. Ce simple met lui avait donné assez de force pour prendre conscience qu'elle allait devoir se débrouiller seule maintenant, et qu'elle ne devra plus vivre mais survivre.

La Naissance d'une DivinitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant