Épisode 10 - Une situation insensée

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Valentina engloutissait la nourriture tel un ogre. Elle mangeait moins pour se nourrir que pour le réconfort que lui procurait le fait de retrouver un semblant de normalité. Ce geste si humain, si ordinaire lui offrait un temps de répit salutaire. Ils restèrent tous silencieux. Et sans qu'elle ne s'en rende compte, l'esprit de Valentina ne tarda pas à retracer le fil des événements depuis son enlèvement quelques heures plus tôt. Elle n'en revenait pas. Ce qu'elle vivait était bien trop fou pour être vrai. Subitement, elle s'arrêta, posa ses deux mains à plat sur la table et fixa Joseph, puis Martin avec un regard étrange.

— Rien de tout ceci n'est réel. C'est un cauchemar et je vais me réveiller. Je vais fermer les yeux, les ouvrir et vous aurez tous disparu. Et je retrouverai ma vie.

Elle ferma ses paupières et compta sous le regard médusé du père et de son fils. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, rien n'avait changé de place. Tout était à l'identique. Elle soupira et mordit dans un nouveau croissant avec dépit. Joseph et Martin se regardèrent en s'interrogeant du regard.

— Et bien quoi ? Je me devais bien d'essayer. Avouez que tout ceci est dingue ! Si vous vous mettiez à ma place une seconde, vous comprendriez forcément pourquoi j'ai du mal à y croire...

Ni l'un ni l'autre ne répliqua. Joseph prit la tasse contenant son thé et la porta a ses lèvres, encore fumante. Il grimaça en manquant de se brûler. Quant à Martin, il s'était enfoncé dans sa chaise en prenant son téléphone portable. Valentina en fut agacée.

— Toute cette mascarade a assez duré, repartit-elle. Je ne veux pas rater mes cours. Le concours a lieu à la rentrée des vacances de Noël. J'ai absolument besoin de mes livres. Je pense que vous pouvez le comprendre Joseph ! Vous m'avez vue travailler d'arrache-pied. Et je persiste à penser que vous vous êtes tous trompés sur la personne. Je ne comprends pas du tout ce que vous croyez que je suis, ajouta-t-elle avec toute la sincérité qu'elle pouvait rassembler en elle pour les convaincre. Tout cela pour vous dire que je veux juste rentrer chez moi.

— Vous ne pouvez pas quitter le manoir. C'est trop dangereux. Les héritiers sont à votre poursuite. Maintenant qu'ils vous ont trouvée, vous ne pourrez plus jamais avoir une vie normale.

— Pardon ? Et vous pensez que je vais accepter ça ? Laissez-moi rire ! Non mais c'est du délire, commenta-t-elle.

— Vous êtes l'inquisitrice. Enfin... Vous le serez bientôt.

Elle tapa sur la table avec le plat de sa main et reprit :

— Je suis une quoi ? Vous allez arrêter de tous répéter cette bêtise ? Je ne suis qu'une fille normale ! Je ne suis pas du tout celle que vous pensez. Vous vous méprenez et je ne sais plus quoi vous dire pour vous en persuader. Si vous me laissez partir, je vous promets de disparaître. Vous n'entendrez plus jamais parler de moi.

— Vous présentez tous les signes d'une inquisitrice Valentina. Et pour cette raison précise, vous ne pourrez plus jamais être tranquille. C'est sans doute malheureux, mais c'est ainsi. N'avez-vous aucun souvenir de ce qui s'est passé dans les toilettes de la bibliothèque il y a plusieurs semaines ?

Valentina blêmit et le souffle lui manqua.

— Vous savez donc ce qui m'est arrivé ? Vous étiez là ? Je ne me souviens de rien. Je me rappelle y être entrée, d'avoir enlevé mon pansement, d'avoir fait couler de l'eau sur mon index qui saignait, et puis plus rien. C'est le trou noir.

— Vous ne vous souvenez pas d'Éloïse, ni d'Ophélie ?

— De qui parlez-vous ?

— Avez-vous deviné ce que sont ces personnes Valentina ? se hasarda-t-il à lui demander.

Valentina et les vampires - partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant