Épisode 17 - Entre la vie et la mort

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Valentina demeura dans un état semi-comateux pendant plusieurs jours. Ophélie et Éloïse se relayaient en permanence autour d'elle, prenant soin d'elle comme si elle était l'une des leurs. Les deux premiers jours, elle fut appareillée pour maintenir un taux d'hydratation et de nutrition correct grâce à un médecin de confiance appartenant à leur réseau.

Ce dernier passait régulièrement vérifier ses constantes. Passés ces deux jours, Valentina n'eut plus besoin des perfusions. Ophélie et Éloïse la nourrirent et l'hydratèrent patiemment. Elles se réjouirent de voir que grâce à leurs soins, l'état de la jeune femme s'améliorait de jour en jour, que ses joues rosissaient, que les zones cyanosées disparaissaient une à une.

Valentina était visiblement tirée d'affaire, et elle échappait surtout à la funeste destinée de vampire, du moins l'espéraient-elles, car de nombreux enjeux politiques cruciaux en dépendaient. Ses deux protectrices avaient-elles eu raison de parier sur la puissance réactive du sang d'inquisitrice ? Seul l'avenir le leur dirait... L'une et l'autre se demandaient ce qu'il restait du sang de Vladimir dans ses veines ? Elles n'osaient pas partager cette crainte l'une avec l'autre. Elles savaient bien que jouer avec les lois du sang ouvrait potentiellement un abîme pour toutes les races terrestres, et ce, bien au-delà de leurs propres destinées.

Au nom de leur cause, elles s'étaient comportées en apprenties sorcières, croisant le sang d'un vampire excommunié et celui d'une humaine en train de se transformer en inquisitrice. Or, chaque vampire qui se respectait savait qu'il était interdit d'engendrer si l'on appartenait aux descendants, et que cela était strictement proscrit si l'on était banni de la société vampire. Vladimir appartenait à la deuxième catégorie, ce qui les conduisait a minima au bannissement, et à maxima à la mort pour avoir été les instigatrices d'une telle initiative.

Leur forfait ne s'arrêtait pas là. Ophélie et Éloïse avaient été les complices fidèles de Vladimir, les héritiers le savaient et le toléraient. Mais qu'adviendrait-il d'elles maintenant qu'ils savaient que l'inquisitrice était sous leur protection ? Que se passerait-il s'ils venaient à apprendre qu'elles avaient pris la liberté de trafiquer son sang ?

Elles jouaient véritablement leur tête dans cette affaire, et tout cela pour servir les ambitions de Vladimir, un héritier excommunié, qui les avait convaincues de l'existence d'une prophétie qui devait les conduire à renverser l'ordre imposé par la société des héritiers grâce à la survenue d'une inquisitrice.

Il avait découvert son existence après avoir recherché dans la généalogie de la première inquisitrice. Il avait découvert que toutes les filles de cette lignée étaient enlevées par le réseau des héritiers. Dans le plus grand secret, il en avait informé la mère biologique de Valentina qui, confrontée à une accumulation de preuves, avait fait croire à une fausse couche pour sauver son enfant.

Vladimir l'avait alors confiée à un couple de Siciliens qui avaient un fort désir d'enfants en échange de leur silence concernant l'adoption. C'est ainsi qu'il avait vécu dans l'ombre de Valentina depuis sa conception jusqu'à sa récente transformation. Il avait consacré plus d'une vingtaine d'années à la protéger des aléas de la vie sans qu'elle n'en soupçonne l'existence.

Dans la communauté vampire, on disait que le sang d'une inquisitrice représentait un poison mortel pour les vampires, et il n'était pas sans le savoir. Il les avait assez sermonnées pour qu'elles en aient la certitude et avait bien vu que quelques gouttes de son sang avaient quasiment réussi à les laisser pour mortes.

Qu'était-il advenu pour qu'il manque ainsi de la tuer, risquant tout pour se nourrir aussi vulgairement de son sang ? En dépit de leurs efforts, elles ne parvenaient pas à se l'expliquer. Quelque chose avait dû se passer. Mais quoi ?

Valentina et les vampires - partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant