"Deux Mondes, Une Vie :

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Lorsque nous sommes arrivés au Niger, ma famille et moi nous sommes installés dans un quartier appelé le Recasement. C'était un endroit unique, imprégné de la présence accueillante de nombreux Sénégalais qui y avaient élu domicile. Parmi les souvenirs les plus vifs de cette époque figurent les talents de tailleurs de la communauté, le restaurant animé de ma mère, et notre fidèle compagnon de route, une Mercedes bleue, qui m'a même initié à la conduite.

Le restaurant de ma mère était un lieu de rassemblement pour les gens du quartier, où l'on pouvait déguster une délicieuse variété de plats locaux, du riz au poisson aux spécialités régionales. J'ai grandi en voyant ma mère préparer ces délices et en observant comment son amour pour la cuisine pouvait réunir des personnes de différentes origines autour d'une table.

Mon père, quant à lui, était instructeur d'aviation civile, un métier qui m'a toujours fasciné. Il enseignait aux futurs contrôleurs aériens les compétences essentielles pour assurer la sécurité des vols. Grâce à lui, j'ai acquis un intérêt précoce pour l'aviation et les voyages. Le stade de Niamey (Stade Général Seyni Kountché) était mon refuge, où je passais des heures à jouer au basket-ball avec d'autres enfants passionnés par ce sport. Les compétitions amicales et l'énergie du jeu ont contribué à renforcer mes compétences sociales et mon amour pour le basket-ball, qui est devenu bien plus qu'un simple jeu pour moi.
Ces années passées au Recasement ont été marquées par une ambiance chaleureuse, une diversité culturelle et des expériences enrichissantes. Elles ont joué un rôle crucial dans la formation de ma personnalité et de mes aspirations futures.
Notre maison était divisée en trois appartements alignés. Le premier était occupé par une femme burkinabée, avec laquelle nous avons partagé des moments mémorables. En tant que famille, nous vivions en harmonie, mes frères, ma sœur et moi. Ces années au Niger étaient empreintes de solidarité et de soutien mutuel. Bien que le climat aride du Niger apporte souvent une chaleur intense, nous avons trouvé du réconfort dans notre foyer. Les voisins nigériens que nous avions au Recasement étaient incroyablement accueillants et sympathiques. Nous échangions constamment des aspects de nos cultures respectives. Ma petite sœur était particulièrement enthousiaste à l'idée d'apprendre leur langue et de passer du temps avec eux. C'était un moyen pour elle de s'intégrer encore plus profondément dans cette communauté diversifiée. Quant à moi, j'ai développé des amitiés solides à l'école. Les salles de classe de notre école franco-arabe étaient remplies de camarades de différentes origines, et j'ai rapidement tissé des liens avec mes pairs. L'école était un espace d'apprentissage où je découvrais non seulement les matières académiques, mais aussi la richesse de la diversité culturelle qui m'entourait.

Lorsque je n'étais pas au quartier, une grande partie de mon temps était consacrée au terrain de basket-ball. C'était là que je me retrouvais avec notre vieux coach, un homme sage d'environ 70 ans, dont la passion pour le jeu était aussi intemporelle que son expérience. Ces moments passés au terrain étaient remplis d'apprentissage, de compétition amicale et de camaraderie, créant des souvenirs inoubliables.

Au Niger, j'ai eu l'occasion de me lier d'amitié avec des jeunes de diverses ethnies, y compris des Haoussas, des Zarmas, et des Peuls comme moi. C'était un microcosme de la diversité culturelle qui caractérise cette région. Cependant, à cette époque, ma principale langue de communication était le français, car je ne comprenais pas encore les langues locales. Cela a contribué à forger ma propre identité culturelle, un mélange de différentes influences.
Les vacances en famille étaient une tradition que nous chérissions, une opportunité de découvrir les pays voisins d'Afrique. Notre mode de transport préféré pour ces escapades était la voiture, qui nous emmenait à travers le Niger, le Nord du Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie. Ces voyages étaient empreints d'aventures inoubliables, de moments de partage, et parfois, de défis imprévus.

Nous avions l'habitude de dormir dans des auberges en famille, mon père, ma mère, et nous, les enfants. Je me souviens particulièrement d'une auberge en Mauritanie, où les cafards volaient comme des hélicoptères. À 3 heures du matin, effrayés par ces invités indésirables, nous avons pris la décision de fuir précipitamment.

Le lendemain, alors que nous étions en route, je me trouvais dans la voiture en train de dormir tandis que le reste de la famille se reposait dehors. Soudain, une vision cauchemardesque s'est présentée à moi : un scorpion, sa queue noire chargée de venin, était perché sur le drap que mon grand frère portait. J'ai poussé un cri strident qui a alerté tout le monde. Heureusement, personne n'a été blessé, mais cela restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Nous avons également traversé les montagnes du Nord du Mali, un trajet de 1200 km de Gao à Bamako. Mon père était au volant de sa fidèle 4X4 Toyota, nous guidant à travers les routes parfois cahoteuses et les paysages spectaculaires. Ces voyages en voiture étaient une façon de renforcer nos liens familiaux et de découvrir la richesse culturelle de l'Afrique de l'Ouest.

Une fois le trajet épuisant de 3000 km achevé, nous sommes finalement arrivés en Mauritanie. Quatre jours de voyage sans interruption nous avaient laissés fatigués et affamés, mais l'ambiance à notre arrivée était électrique. Ma feue grand-mère paternelle était submergée de joie, et nos cousins, cousines, et oncles à Rosso rayonnaient de bonheur. Nous sortions, nous baladions, et partagions des repas autour d'un bol de riz, savourant chaque instant en famille.

Après quelques semaines, nous nous rendions à Nouakchott pour saluer les amis et collègues de mon père, qui partageaient sa passion pour le contrôle aérien. Puis, notre périple nous menait à Dakar, où mon grand-père, toujours aussi heureux, nous accueillait chaleureusement. Il avait un don pour raconter des histoires, nous parler des temps anciens et des lignées familiales, tout en apportant une touche d'humour à chaque récit.

Ce voyage familial est devenu une tradition que nous avons répétée plus de cinq fois au fil des ans. À chaque nouvelle visite en Mauritanie et au Sénégal, nous étions accueillis par la joie de nos proches, la découverte de nouvelles histoires, et la célébration des liens familiaux qui transcendaient les frontières.

Après avoir décroché mon baccalauréat au Niger, j'ai pris la décision de quitter ma famille et de me diriger vers le Sénégal.

À partir de ce point, ma chronique vous emmènera à travers les hauts et les bas de mon voyage pour devenir un étudiant en médecine au Sénégal. Je partagerai les moments de découverte, de doute et de détermination qui ont jalonné mon parcours.
Restez à l'écoute pour la suite de cette série captivante, car la quête de la médecine au Sénégal promettait d'être une aventure inoubliable.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2023 ⏰

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Battre des Ailes "pour la Guérison"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant