C'était enfin le moment que j'attendais depuis des mois, voire des années. L'université de Boston m'avait offert une chance en or : ma dernière année de Master en Journalisme. Ça fait déjà 4 ans que je suis partie, 4 ans que j'ai quitté cette ville miteuse, pour construire mon avenir loin de tout ce que j'ai connu. Alors que le taxi me menait à travers les rues de la ville des fèves, je repensais à tout le chemin parcouru depuis mes débuts universitaires. Chaque expérience, chaque article écrit, m'avait forgée, m'avait préparée pour ce moment crucial de ma carrière. Je me réjouissais de la perspective de rencontrer de nouvelles personnes, de participer à des débats enflammés, de m'immerger dans les cours qui m'inspiraient. La passion du journalisme m'animait et cette université de renom allait me permettre de l'explorer pleinement. Une chose m'effrayait plus que le reste, je dois trouver un stage de 4 mois si je veux valider mon année, et on ne va pas se mentir, je connais personne ici. J'ai beaucoup de contacts en Europe mais cette nouvelle vie va me forcer à tout recommencer, c'est comme si je devais repartir de 0 et je ne sais pas si j'en suis capable.
J'ai perdu mes parents à l'âge de 3 ans, je n'ai connu que la solitude. J'ai toujours dû me débrouiller seule et faire face au monde qui m'entoure, laisser couler les violences des différentes familles d'accueil dans lesquelles j'ai été baladée, et apprendre à m'entourer des bonnes personnes. Le souvenir de ma mère, douce et aimante, me donnait la force de poursuivre, tandis que les yeux bienveillants de mon père m'insufflaient le courage de ne jamais abandonner. J'avais grandi en gardant ces images dans un coin de mon cœur, comme un phare dans la tempête de ma vie. Ces souvenirs étaient mon ancre dans la réalité, me rappelant constamment d'où je venais. Le goût du journalisme m'a été donné par un de mes professeurs de lycée. Il était passionné par tout ce qu'il nous racontait et un jour ou j'avais un peu trop bavardé en classe, il m'a ordonné de lui ramener un article sur un conflit qui avait eu lieu entre deux tribus d'Amérique centrale. J'avais eu deux jours pour l'écrire et je m'étais donné tout le mal du monde pour y arriver. En lisant mon récit, il m'a convoqué dans son bureau et m'a donné plusieurs brochures d'écoles de journalisme. Ca a été comme une révélation pour moi, le plaisir que j'avais pris à faire mes recherches, laisser ma plume s'exprimer au gré des pages blanches qui s'exposaient à moi, produire quelque chose de concret. J'aurai aimé savoir ce que mes parents en auraient pensé, tout ce que je sais de leur passé se trouve dans un vieux dossier qui m'a été remis à mes 18 ans, et encore, leur profession n'y est même pas mentionnée. Aujourd'hui, je ne me posais que rarement ces questions, tellement habituée à ne jamais obtenir de réponses.
Lorsque j'ai franchi la porte de mon nouvel appartement, j'ai senti un mélange d'excitation et de désillusion. L'endroit était minuscule, à peine plus grand qu'une chambre d'étudiant. Les murs écaillés semblaient témoigner d'un âge avancé, les fenêtres étaient petites et crasseuses. Malgré tout, c'était le seul endroit que j'avais pu me permettre avec l'héritage de mes parents, un trésor que je n'avais pas encore touché, réservant son utilisation pour ce moment crucial de ma vie. Je me suis promis que c'était temporaire. C'était un investissement dans mon avenir, une étape vers quelque chose de meilleur. Je posai ma valise, regardant autour de moi, et j'ai su que je devrais faire de cet endroit un foyer, aussi modeste soit-il.
Le mobilier était basique, un lit d'occasion qui grinçait au moindre mouvement, une petite table bancale et une chaise dépareillée. J'ai nettoyé méticuleusement chaque coin, m'accrochant à l'idée que ce modeste appartement serait mon havre de paix, mon point de départ dans cette nouvelle vie. Les rayons du soleil perçaient timidement à travers les rideaux usés, apportant une lueur chaleureuse à cet espace austère. J'ai installé mon ordinateur sur la table, mon outil de travail et de rêve, et j'ai déployé mes quelques livres, mes carnets et mes stylos.
Un de mes anciens professeurs m'avait toujours dit que peu importe où vous êtes, faites en sorte que cela reflète qui vous êtes. Alors, j'ai décidé de personnaliser l'endroit avec des photos des divers voyages que j'ai fait et des citations inspirantes que j'ai découpé dans un livre de Jules Verne, qui est un des seuls vestiges qu'il me reste de mes parents et que j'ai toujours conservé. Chaque centimètre carré devait refléter ma détermination à réussir dans le monde du journalisme. Je me suis mise au travail, dévorée par l'énergie de cette nouvelle étape de ma vie. Chaque coup de clavier résonnait comme un symbole de ma détermination. Je savais que ce n'était que le début, que cet humble appartement n'était qu'un chapitre transitoire de mon parcours vers le succès. Dans cette petite pièce, j'ai fait la promesse à moi-même de travailler dur, de poursuivre mes rêves avec acharnement, et d'honorer l'héritage de mes parents qui m'avait offert cette chance. Ce lieu modeste, ce coin de l'univers qui était mien, serait le théâtre de mon ascension.
Après une journée bien remplie, je me suis finalement rendu compte que le soleil s'était couché depuis longtemps. La lumière pâle de mon écran d'ordinateur était la seule source de lumière dans la pièce, projetant des ombres étranges sur les murs défraîchis. Je m'étais tellement plongée dans mes recherches et ma préparation pour la première journée de cours que j'en avais oublié l'heure et même de faire des courses pour remplir le réfrigérateur. Tant pis pour aujourd'hui.
Une sensation de fatigue m'envahit, et ma faim était repoussée à plus tard. Je décidai de mettre fin à ma journée de travail et de me préparer pour le lendemain. Les premiers cours à l'université de Boston étaient un rendez-vous que je ne voulais pas manquer. Je rangeai soigneusement mon ordinateur, éteignis la lampe de bureau, et m'efforçai de ranger quelques livres et documents qui traînaient sur la table. Mon petit espace était maintenant prêt pour la nuit, même s'il n'avait pas grand-chose d'accueillant. Je m'étirai longuement, laissant mes muscles se détendre après cette journée intense. Puis, je pris une profonde inspiration et me résolus à ne pas me laisser abattre par le désordre de ma vie quotidienne. J'avais surmonté bien des épreuves et des obstacles jusqu'à présent, et celui-ci ne serait pas différent.
Je passai dans la salle de bains, me brossai les dents et me démaquillai, laissant l'eau chaude apaiser mon visage fatigué. Lorsque je revins dans la petite chambre, j'enfilai un pyjama et m'enroulai dans une couverture fine. La solitude de la nuit me rappela que j'étais loin tout ce que j'avais connu. Je me glissai sous les draps, ressentant la douceur du lit, même s'il grinçait à chaque mouvement. Mon ventre grognait de faim, mais je chassai cette pensée. Demain serait une nouvelle journée, une nouvelle opportunité. Une pensée me traversait l'esprit, comment allaient être mes professeurs ? J'avais entendu dire que la prof d'études comportementales étaie une vraie plaie, il y avait eu un témoignage d'un de ses étudiants dans une revue journalistique qui disait qu'elle ne laissait rien passer, il allait même jusqu'à la surnommer « Le Monstre de Glace ». Elle était pourtant réputée pour ses nombreux travaux et reportages en zone à conflit. Je fermai les yeux, m'efforçant de chasser les soucis de la journée de mon esprit. J'avais parcouru un long chemin pour en arriver là, et j'étais prête à affronter les défis à venir. La première journée de cours à l'université de Boston m'attendait, et je m'y rendrais avec détermination et un appétit vorace pour l'apprentissage.
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Jamais je n'aurais pensé
RomanceWomen who love women Un instant a suffit pour faire d'elles les étoiles d'une nuit partagée, illuminant l'obscurité l'une de l'autre. Les mots étaient des notes hésitantes, un air délicat joué sur un piano d'émotions complexes. Les paroles, aussi d...