Les virages du destin

5. Mr et Mrs Smith

Point de vue : Erine

Je passais un linge humide sur le front de Leo pour le soulager.

Cela faisait à présent quelques heures qu'il était réveillé, mais il se trouvait dans un état de fatigue extrême. Ses brûlures au front lui donnaient des bouffées de chaleur insoutenables.

Il lui avait fallu près d'une semaine pour reprendre ses esprits, et j'étais restée à son chevet depuis mon réveil.

Leo n'avait que peu de blessures, les flammes, produites par l'explosion ne l'avaient pas autant touchées que ce que nous pensions. Cependant il n'avait pas été aussi épargné que Antognelli. Ses mains et ses avant-bras cloquaient de plus en plus. Les anciennes laissant place à de nouvelles. Et son visage avait aussi été brûlé, mais il s'en sortirait sans cicatrices d'après les médecins.

Ce qui avait été un soulagement pour toute la famille.

Ma mère avait fait le déplacement depuis la Belgique pour venir voir son fils, et être à son chevet à son réveil. Alors que notre enfoiré de géniteur avait préféré repartir aux Pays-Bas pour voir sa nouvelle femme.

Mon téléphone me sortait de mes pensées, en se mettant à sonner. Ma mère me l'apportait, avant de récupérer le linge qui me servait à humidifier le front de Leo. Je lui cédais ma chaise afin qu'elle prenne le relais, tandis que je sortais dans le couloir pour décrocher.

— Vandermeer, vous êtes où ? Il est dix heures, vous devriez être là depuis une heure ! S'offusquait Laëtitia.

Je fronçais les sourcils. Je n'avais aucune idée de ce dont elle me parlait, Sacha m'avait parlé de décaler le shooting, mais je pensais que c'était la semaine prochaine.

— Bonjour Laëtitia, je suis désolé, je n'ai pas été informée que le shooting était aujourd'hui. Je suis à l'hôpital. Mon frère s'est réveillé très tôt ce matin...

— Venez mon chou, nous vous attendons ! Exigeait-elle.

— Je..., commençais-je.

Mais elle avait déjà raccroché.

Je ne pouvais pas laisser Leo ici seul, il voudrait me voir quand il allait se réveiller. Et en même temps je ne pouvais pas louper ce shooting, qui allait propulser ma carrière en tant que mannequin.

Je rentrais dans la chambre, mal à l'aise, je ne savais pas quoi faire.

— Maman ? L'interpellais-je. J'ai oublié que j'avais un rendez-vous de prévu ce matin, tu penses que je peux y aller ?

Elle relevait la tête dans ma direction.

Ses yeux étaient cernés, elle portait le même maquillage depuis des jours et ses cheveux étaient complètement en bazar.

Je devais probablement être dans le même état.

— Vas-y ma chérie, je reste auprès de Leo. S'il te demande, je t'appellerais.

Je la remerciais en l'embrassant sur la joue, avant d'embrasser mes doigts et de les poser sur le front de mon frère. Sa peau dégageait une chaleur insoutenable.

— Je reviens vite, promis.

Je quittais l'hôpital au pas de course. L'avantage, c'était que le centre hospitalier Princesse Grace se trouvait en centre-ville, et il ne me fallait qu'une vingtaine de minutes pour rejoindre les bureaux de chez Prada.

Je me présentais à la réception, puis une jeune femme m'escortait jusqu'au salon de maquillage, où l'on me faisait asseoir sur un siège. Je me tentais finalement à observer mon reflet dans le miroir, en constatant à quel point j'étais effrayante, je devais contenir un hoquet d'effroi. Je n'avais pas dormi depuis des jours, et j'étais effectivement dans le même état que ma mère.