2" Confusion

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CHEZ DARLENE PAINTER ~ 19 heures

Je dois l'avouer; je n'ai rien dit à ma soeur Taria. Nous venons tout juste de nous installer, et de toute façon, je ne sais pas comment lui expliquer ou encore moins sa réaction. 

Donc nous sommes chez madame Painter, notre gentille voisine qui nous avait invitées à dîner. Nous avons donc fait la connaissance de Rick, son mari et de leur fille Sarah. Ils nous ont parlés de leur famille. Ils ont un fils qui est parti vivre ailleurs, si j'ai cru bien comprendre. Ils nous ont demandé nos âges et d'où venions. Évidement, il n'y avait que Taria qui répondait. Pas de place pour moi!

-Nous habitions dans la ville de Dundee, au nord de l'Angleterre. Nous sommes toute deux nées là-bas, mais c'était un mode de vie difficile, alors nous avons optées pour un changement total.

Tu as opté pour ce déménagement. Parce que même avec ce que j'y ai vécu, Dundee restait une ville fantastique. Belle, reconnue et c'était mon chez moi. C'est tout.

-Vous êtes jeunes, demoiselles, ajouta Rick, mais sachez que si vous avez la moindre interrogation, nous y réponderons avec le sourire!

-Merci beaucoup monsieur Painter, répondis-je avant Taria qui me lança un regard noir.

Il sourit. Sa femme (qui avait l'air nettement plus vieille que lui), se leva, débarrassa les assiettes et alla faire la vaisselle avec sa fille. Taria proposa son aide qui ne fut pas de refus, sauf que moi, lorsque je démontrai le même signe de politesse, Sarah répondis:

-Non merci, Rosa, tu peux aller dans le salon avec mon père; nous sommes assez pour laver.

Vu ainsi, les mots me semblaient respectable, sauf que le ton utilisé ne me convenait pas. En d'autres mots, elle semblait me dire  "Non, suiveuse énervante, va-t-en, on a pas besoin d'une petite peste comme toi ici." Quelque chose me dit qu'elle ferait une bonne amie pour Taria.

Bref, je me comportai en adulte et allai au salon avec M. Painter. Il buvait un peu de café que Darlene lui avait servit plus tôt. Je m'assise en souriant. Je ne donne pas plus de trente ans à cet homme. Pourtant, c'est impossible puisqu'il a des enfants de plus de vingt ans...

-Monsieur Painter... j'ai une... non, des questions.

Il rit un peu en répondant:

-Vas-y chérie, je t'en pris.

-Alors si ce n'est pas trop insubtile, quel âge avez-vous?

Pour tout vous dire, je n'ai jamais eu tant de courage pour posez ce genre de question. Malgré tout, il resta avec une expression joviale et étrangement sarcastique. Cela me confuse un peu, mais je passai outre en me disant que ce n'était rien.

-Mon âge? Et que proposes-tu?

Vraiment, son timbre de voix me disait quelque chose. Quoiqu'il n'avait pas la moindre ressemblance entre lui et sa fille. Rick a les cheveux d'un noir charbonneux, sombre comme la nuit et les yeux froids d'un ange démoniaque. Mais entre sa fille et sa femme, par contre, elles étaient indéniables. Elles ont toutes deux les cheveux blonds bouclés et des yeux gris reflètant la naïveté et la "petite peste".

-Heum... Je dirais trente-huit ans, si je veux être logique. 

Cela sembla l'amuser.

-Logique?

-Bien... vous avez plus l'apparence d'avoir trente ans, mais votre fille a vingt deux ans.

Un sourire effroyable s'étira sur sa joue gauche seulement. Un frisson me parcouru le corps. Il me disait quelque chose... mais quelque chose de mauvais.

-Ça va? me demanda-t-il.

Je repris mes esprits en souriant faussement.

-Oui, merci monsieur Painter.

-Oh, chérie, appelles-moi Rick.

Et sa manie de dire "chérie". Nous ne nous connaissons pas, point final. Je ne suis pas sa chérie. Il se déplaça un peu sur son fauteuil pour déposer sa tasse.

-Tu avais d'autres questions?

Bon, j'ai une décision à prendre. Quelle question subtile pourrai-je lui poser? Par rapport à ce qui m'est arrivée dans l'église. Je ne suis pas sûre de tout, sauf pour mon cellulaire. Le reste est un comme un rêve - cauchemar- évanouis.

-E-est-ce que le coin est sûr?

-Pardon? Le coin est certain, tu n'as rien à craindre chérie. Pourquoi cette question?

-Pour rien... je voulais en être certaine, voilà tout.

Il but une autre gorgée de son café qui avait l'air brûlant. Je décidai de poser une question des moins subtiles que j'ai jamais posé. Je me trouves à présent trop stupide.

-Rick, quelqu'un a-t-il déjà reporté un cas de drogue dans les alentours? 

Il recracha presque sa gorgée. Je comprends, mais il sembla plus étonné qu'une personne ne le serait après cette question.

-Ah... Je ne suis pas de ceux qui font ces échanges là, mais je ne crois pas. Sauf que j'ai une question, moi aussi.

TOUT sauf ça! Vraiment! Je ne l'ai pas vue venir, celle-là. Dommage et tant pis pour moi. Malgré tout, peut-être que monsieur Rick le tout jeune est digne de confiance. Je ne sais pas à qui je dois faire confiance. J'ai beaucoup de difficulté avec cette notion.

-Qu'est-ce qui t'es arrivé? 

"Détrompez-vous, il ne m'est rien arrivé," aurai-je du répondre. Dois-je lui faire confiance? J'opte pour un oui, et au pire, il va me croire folle, sauf que je n'ai rien à faire de son opinion.

-Êtes-vous digne de confiance, Rick?

-Plus que n'importe qui. Racontes, chérie.

Il se pencha en avant comme si j'allais lui dire un récit. Par quoi commencer? Mot pour mot, voici ce que je lui dis: 

-Monsieur Rick, je suis aller découvrir le coin, vers dix-sept heures. Cela fut abrégé.

Blablablabla... je lui racontai tout. La sensation d'engourdissement, d'où le fait que j'avais pensé à la drogue. Puis cette action étrange qui me faisait croire qu'il voulait manger ma tête, ou du moins mon cou. Enfin l'autre qui était venu s'interposer avec une force incroyable - que je ne m'en rappelai que maintenant. On dirait qu'en ne faisant que le raconter, tout me revenait en tête.

Étonnement, monsieur Painter resta silencieux. Pas de "chérie"? Je dois dire que j'aurais la même réaction, mais pas nécéssairement la même réponse que lui:

-Mais c'est intéréssant. Tu as vu leur visage? Tu les connaissais?

-Je les ai vu, mais ils ne me disaient rien.

Il pâlit un peu en me demandant à quoi ils ressemblaient. Je décris sans contredis l'être sanguinaire, mais l'autre, le prétendu sauveur, maintenant que je le réalise, je n'en avais pas de souvenir fixe. Cheveux pâles, yeux pâles, mais c'est tout. J'étais encore sous l'effet de la "drogue".

-Ce n'est pas de bon augure, marmonna-t-il.

-Quoi?

-Rien, tout cela est... étrange.

J'acquiesçai.

Après avoir discuté de rien avec le reste de la famille, Taria et moi partîmes de leur maison. Ma soeur tarda un peu devant l'entrée en parlant avec Sarah. Une amie? Je ne m'en doute pas. Je concentrai plutôt mes sens sur Darlene et Rick qui discutaient au salon visible depuis l'entrée. Je dois dire que j'ai lu sur leurs lèvres pour comprendre tout.

-Qu'y a-t-il Rick?

-Nous avons un problème, Darlene.

Là, les deux étaient aussi pâles. Rick se laissa tomber sur le divan en soupirant d'inquiétude. Sarah salua Taria et cette dernière partie en me tirant le bras. Juste avant que Sarah ne referme la porte, j'entendis la voix grave de M. Painter:

-Ils sont revenus.

Oser {EN RÉÉCRITURE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant