KINDRED - Première Chasse

KINDRED - PREMIERE CHASSE

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes. Loup se ruait droit devant lui, ne prêtant guère attention à ce qui se passait autour. Il ne voulait surtout pas perdre la course.

Le cœur de la forêt était particulièrement sombre, seuls les yeux d'un bleu flamboyant de Loup étaient perceptibles à travers les branches et feuillages.

Son pelage noir hirsute était recouvert de petits morceaux de branches cassées et de quelques feuilles mortes qui s'étaient retrouvées coincées là.

Confiant, il ne perdrait pas. Il ne se laisserait pas doubler. Devant lui, se dressait un obstacle, un tronc d'arbre d'un diamètre assez imposant qui venait lui barrer la route.

Sans ralentir, ses pattes avant prirent appui sur le sol humide et boueux tandis qu'il donna davantage de force dans son train arrière pour se propulser au-dessus du tronc. Sans grand effort, il atterrit nonchalamment dans une flaque recouvrant ses pattes et le bas de son corps de boue. Prêt à repartir, un fin bruit attira son attention. Il dirigea son oreille droite vers l'arrière, en direction du bruit, et leva le bout de son museau vers la cime des arbres. Une légère brise agita les feuilles. Quelques rayons de soleil percèrent légèrement au travers de l'épaisse toison rouge, éblouissant Loup. Ses pupilles se contractèrent un instant, il plissa les yeux pour se protéger. Au même instant, une ombre vint obstruer les rayons passagers du soleil, quelques mètres au-dessus de lui. Elle sautait de branche en branche, avec une agilité incroyable. Elle chantonnait, ne se souciant guère de ce qui se passait aux alentours.

L'ombre était blanche et réfléchissait les rayons du soleil comme seul un diamant pouvait le faire. Loup trépigna sur place comme un chiot qui voulait jouer. Il éclaboussa davantage de boue et expira brutalement avant de bondir tel un chasseur traquant sa proie. La tête bien en avant, il allongea son corps pour gagner de la distance. Les yeux fixés sur son objectif sans se soucier de l'obscurité de la forêt. Il pouvait distinguer chaque détail, chaque vie de la forêt : les petits krugs cachés dans un tronc d'arbre mort, autant que les oiseaux qui s'envolaient lorsqu'ils l'entendaient arriver. Rien n'avait d'importance hormis la victoire. Il contracta ses muscles pour gagner en rapidité, évitant chaque branche et obstacle sur sa route.

Il tendit à nouveau l'oreille et entendit un petit rire cristallin à quelques pas en avant. Il souffla brusquement et ralentit la cadence. Il arriva au pied de l'arbre en face de lui. Bougon, il s'avança les oreilles basses tandis qu'à nouveau un petit rire éclata.

- J'ai gagné Loup ! ricana joyeusement Agneau cachée par quelques branches sous la canopée de l'arbre.

Elle sauta tout en légèreté et vint s'asseoir sur la branche au-dessus de Loup.

- Dans quel état tu es Loup ? Regarde-toi ! Tu es couvert de boue ! se moqua-t-elle.

Loup ne répondit pas. Toujours la tête basse, il ne voulait pas croiser son regard.

- Eh bien voyons, mon cher Loup, je t'ai connu plus râleur que ça.

Loup leva enfin la tête pour croiser le regard de sa partenaire de jeu, mais il n'eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit. Elle se laissa glisser de la branche et vint atterrir auprès de son ami. Loup baissa la tête, pour être à sa hauteur. Agneau était plus petite que Loup, à peu près la taille d'une fillette de huit ans tandis que lui était encore plus massif qu'un loup normal. Comme à son habitude, Agneau vint se blottir contre son visage et poser une main sur son front. À son contact, Loup ferma les yeux et releva les oreilles.

Sa respiration se calma tandis qu'elle lui chuchotait à l'oreille :

- J'ai triché, Loup. Je suis passée par les arbres pour gagner du temps.