Nous sortons du restaurant et nous nous dirigeons vers notre voiture, garée quelques mètres plus loin. Il me prend la main en souriant et nous accélérons le pas en silence. L'automne est déjà bien installé, le temps est particulièrement froid et humide ce soir.
Dès qu'il démarre la voiture, je me jette sur l'écran tactile pour allumer le chauffage et le pousse au maximum. Je ne rêve que d'une chose, m'emmitoufler dans ma couette, bien au chaud au fond de mon lit.
— J'ai passé une bonne soirée, me dit mon mari, en se penchant vers moi pour déposer un rapide baiser sur mes lèvres. Je t'aime.
— Je t'aime aussi. J'aimerais qu'on arrive à se programmer ces temps à deux plus souvent.
— Moi aussi, ma chérie.
Je l'attrape par la nuque pour l'attirer à moi et l'embrasser à nouveau.
Alors qu'il s'engage dans la circulation, je ferme les yeux, m'installant le plus confortablement possible au fond de mon siège, les mains dans les poches de mon manteau, me concentrant sur les morceaux diffusés à la radio pour empêcher mon esprit de faire la liste de toutes les choses à faire ce week-end. Bercée par la musique et le rythme de la voiture, la fatigue de la semaine ne tarde pas à me rattraper. Les notes mélodieuses de « Forever young » du groupe Alphaville m'accompagnent alors que je me laisse tomber dans les bras de Morphée.
Le réveil est aussi brutal que l'endormissement fut doux. Je perçois un choc d'une extrême violence, puis tout se met à tourner autour de moi dans un fracas assourdissant. Les vitres explosent et des débris de verre se répandent partout. Je suis bringuebalée en tous sens et ma tête cogne les parois du véhicule à plusieurs reprises. Les airbags et ma ceinture de sécurité me coupent brutalement la respiration. Quand tout s'arrête enfin de bouger, je reste immobile, comme paralysée, ne comprenant pas ce qui vient de se passer. J'entends des personnes crier mais ne parviens pas à saisir ce qu'elles disent. J'ai l'impression d'être prise au piège dans un épais brouillard, de ne plus vraiment être moi-même, comme si tout ceci arrivait à quelqu'un d'autre. J'essaie d'analyser la situation, mais n'y parviens pas. Finalement, tout s'estompe autour de moi et je perds connaissance.
Quand je reprends conscience, la première chose que je ressens est la douleur. Une douleur physique intense dans tout le corps. Je reste ainsi sans bouger pendant ce qui me semble être une éternité, n'arrivant pas à initier le moindre mouvement, mon esprit et mon corps semblant en être incapables.
J'entends alors la sirène des pompiers. Ce son me sort en partie de ma torpeur et je comprends que nous avons eu un accident de voiture. NOUS. Je réalise à cet instant que l'habitacle est plongé dans un profond silence. Je tourne lentement la tête côté conducteur et ce que je vois me glace le sang. Des larmes se mettent à couler sur mes joues et une angoisse comme je n'en ai encore jamais ressenti monte de mon abdomen et se bloque au niveau de ma poitrine. Tout mon corps se met à trembler.
— Madame... Madame...
J'entends qu'on m'appelle, mais suis incapable de répondre.
— Est-ce que vous m'entendez ?
Ce n'est pas possible.
— Est-ce que vous pouvez me serrer la main ?
Ça ne peut pas réellement arriver.
Je sens que quelqu'un essaie de me faire sortir du véhicule, mais je ne peux pas, je ne veux pas. Je n'arrive pas à détourner mon attention de lui. Mon mari. Mon univers. Mon centre de gravité. Ses yeux verts sont ouverts dans ma direction, mais son regard est immobile, inerte, sans vie.
VOUS LISEZ
En un regard [En cours d'écriture]
RomanceSynopsis : Sarah élève seule ses deux enfants depuis la mort brutale de son mari et remonte la pente du mieux qu'elle peut. Julien, musicien dans l'âme, vit au jour le jour, profitant des plaisirs de la vie et enchaînant les conquêtes. Tout semble...