Chapitre 10

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Je m'assois à table de manière à être en face de la scène pour voir Julien. Je n'arrête pas de sourire, sans pouvoir m'en empêcher, à tel point que je commence à avoir mal aux joues. Je ne me suis pas sentie aussi bien depuis très longtemps.

Instinctivement, je porte ma main à mon cou et réalise que je n'aie pas pris le temps de faire réparer mon collier. Une pointe de culpabilité me titille, et j'essaie tant bien que mal de la laisser de côté pour le moment. J'y reviendrai et l'affronterai plus tard. Ce soir, je veux simplement profiter de l'instant présent. Je veux m'accorder ce répit, ce petit moment de bonheur, sans me poser trop de questions.

Installée confortablement, j'ose enfin lever les yeux vers les filles. Je les ai rejointes depuis plusieurs minutes déjà, mais aucune de nous n'a encore dit quoi que ce soit. Je sais que c'est à moi de faire le premier pas.

Elles me regardent complétement abasourdies. Je respire profondément pour être la plus calme possible au moment de prendre la parole :

— Je suis désolée d'être partie comme ça. Quand j'ai aperçu Julien, j'ai réagi sans réfléchir.

Elles me fixent toujours sans dire un mot. Je triture nerveusement mes doigts.

— Dites quelque chose s'il vous plaît ou ce moment va vraiment devenir gênant.

Je les supplie du regard de briser ce silence. Le visage de Pauline est fermé, si bien que je n'aie aucune idée de ce qu'elle pense, et Estelle semble hésitante. Cette dernière finit par prendre la parole :

— Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis exactement ?

— Comment ça ?

— Sarah, on était sur le point de rentrer tellement tu étais angoissée à l'idée de le revoir, me répond ma meilleure amie. Deux minutes après, tu nous as laissées sans un mot pour traverser la rue et aller l'embrasser, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

— Je... Euh... Je ressentais plus un mélange d'excitation et de nervosité, que d'anxiété au sens où vous l'entendez. Et puis, disons que je me pose beaucoup moins de questions quand il est près de moi.

— C'est-à-dire ? intervient Pauline, dont le visage demeure dénué de toute expression.

Je sais qu'elles veulent des réponses. Je leur dois bien ça après tout ce qu'elles ont fait pour moi. Je reste silencieuse un instant, le temps de faire un peu de tri dans mes pensées, puis je me lance :

— Pour être honnête, je ne comprends pas trop ce qui m'arrive depuis hier soir. Je ne suis pas prête à me lancer dans une relation, mais je n'arrive pas à garder mes distances avec Julien. Il m'attire comme un aimant. Et impossible de réfléchir clairement quand je suis avec lui. Je me laisse aller au moment présent sans rien pouvoir contrôler.

Je marque une pause avant d'ajouter dans un murmure :

— Je le connais depuis moins de vingt-quatre heures. Pourtant il arrive à m'apaiser et à me calmer comme personne.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demande Estelle, intriguée.

— Eh bien... J'ai commencé à faire une crise d'angoisse hier en montant en voiture avec lui, mais il a réussi à me calmer très rapidement, simplement en me prenant dans ses bras. Je n'ai fait aucun cauchemar cette nuit, en dormant à ses côtés. Et c'est aussi ce qui s'est passé tout à l'heure. Il a suffi qu'il me sourit et mes doutes se sont comme envolés.

En un regard [En cours d'écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant