Cendrillon

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Hope

-Bonjour Monsieur Turner. Répond calmement Hayden en serrant la main du concerné.
-Tu arrives toujours autant à te faire remarquer.
-Je déteste suivre les dress code, ça te pose un problème.
J'ai l'impression d'assister à une chamaillerie d'enfant de primaire, mais non elle concerne les deux hommes les plus importants de la mafia.
Hayden renchaîne en disant :
-D'ailleurs Blake, je te présente Hope, ma cavalière pour ce soir mais surtout ma femme.
Je crois que je ne m'habituerai jamais à l'entendre m'appeler "sa femme". Bien que ça ne me déplaise pas, je crois.

Et c'est lorsqu'il pose sa main sur mon dos que je m'en rends compte au vu de ma peau qui se remplit de dizaines de frissons incontrôlables.
À ce moment, Blake me regarde avec intention, beaucoup d'intention. J'ai l'impression qu'il me domine et que je ne suis qu'une petite fille vulnérable. Hayden doit le sentir puisqu'il glisse sa main vers le creux de ma hanche et m'attire vers lui.

Je suis maintenant collée à son torse chaud et je peux sentir sa respiration et ses battements de cœurs agités. Est-ce le fait d'être prêt de Blake Turner qui le rend comme cela ? Je ne sais pas et je ne le saurais sûrement jamais, puisqu'il se détache de moi, me prend la main avec une délicatesse folle avant de me dire :
-M'accorderiez-vous cette danse madame ?
Je me prête au jeu, et lui répond :
-Avec plaisir monsieur.

Nous nous avançons donc vers le centre de la pièce, tournant le dos à Monsieur Turner, toujours main dans la main.
En nous voyant, les gens s'écartent de nous comme si l'on possédait une maladie contagieuse et ne cessent de faire des messes basses tout en nous jetant des regards incessants.

Contrairement à moi, cela ne semble pas déranger le moins du monde Hayden qui traverse la foule avec confiance tout en me tirant doucement derrière lui.

Lorsque nous sommes arrivés, nous sommes seuls, mais ça ne me gêne plus.
Il n'y a que lui et moi, que sa main sur mon dos, que son torse contre ma poitrine. Nos jambes se mélangent et nos corps tournent aux rythmes des instruments de l'orchestre. Les personnes qui nous entouraient tantôt ont complètement disparu, je ne perçois plus rien mis à part lui.
Pour autant, il ne me regarde que très peu et fixe un point au loin.
Je suis ses yeux et tombe sur Blake. Pourquoi semble-t-il être autant obsédé par lui ?

Je me suis trompée, dans cette danse il n'y a pas qu'Hayden et moi, il n'y a que les deux chefs rivaux qui tentent de s'impressionner.

Soudain, il s'écarte de moi et part à grandes enjambées et traverse la foule sans même dire un mot.
Je me retrouve abandonnée au centre de cette énorme pièce. Tout le monde me regarde et me juge. Ils se moquent de moi je le sais. Cette danse a semblé durer moins d'une minute avant qu'il ne s'échappe comme Cendrillon l'aurait fait.
L'air a du mal à rentrer dans mes poumons, les larmes me montent et mes jambes deviennent fébriles.
Putain non, ce n'est pas le moment de faire une crise d'angoisse.

Je recule soudainement, sans vraiment avoir le contrôle de mes actions mais m'arrête net quand je percute quelque chose, ou plutôt quelqu'un.
-Pardon madame ! S'écrit une voix enjouée.
Je me retourne et je suis surprise de voir un enfant qui n'a pas plus de six ans. Il a une bouille de petit ange, avec de grand yeux noirs, des cheveux courts et une peau brune. Mais ce qui le rend d'avantage mignon, c'est le costume qu'il porte avec fierté.
-Oh non c'est moi qui t'ai poussé, excuse moi.
-Pas de soucis madame me répond-t-il en souriant de toutes ses dents.
Cet enfant est une source de bonheur, être à ses côtés est suffisant pour me sentir beaucoup mieux.
-Tu peux m'appeler Hope si tu veux.
-D'accord ! Moi c'est Aaron. Me dit-il en me tendant sa petite main.
Je la saisis et je la secoue tout en lui répondant :
-Enchanté Aaron ! Où sont tes parents ?
-Là bas ! S'écrit-il toujours aussi joyeux en me pointant du doigt un couple assis à une table.
-Hope ? M'interroge-t-il.
-Qu'est ce qu'il y a ?
-Toi aussi tu as des pistolets à eau et tu vends des ingrédients pour faire des gâteaux comme papa et maman ?

Des pistolets à eau et des ingrédients de cuisine ? J'ai compris ! Bien que ses parents soient des mafieux ils ne veulent pas gâcher l'enfance de leur fils et ils ont énormément d'inspiration pour cela. C'est tout à fait respectable.

-Euhh...
Je m'apprête à lui répondre mais mon bras est soudain saisi avec force et je suis entraînée à toute allure.
-Putain Hayden c'est maintenant que tu reviens après m'avoir laissé comme une moins que rien ?
-On parlera de ça plus tard, maintenant bouge.
-Qu'est ce qui se passe ? Où est Blake ?
-Ah oui ! La personne que tu devais attirer c'est vrai. Malheureusement tu étais trop occupée à faire la discussion avec un gosse plutôt que ton taff.
-Si tu m'aurais prévenue avant de partir à toute vitesse j'aurais peut-être fait quelque chose.
Il m'a mit en rogne. Comment ose-t-il me faire porter le chapeau ?
-Comment tu as fait alors ? Je le questionne.
Il souffle et pendant un instant je pense que ce sera sa seule réponse mais non il me dit :
-Tu verras bien.
Comment ça je verrai bien ? Je sens qu'il y a un détail qu'il m'a caché.
-Il ne va tout de même pas être blessé par la bombe ?
Il ne répond pas.
-Ni personne d'autre ?
Toujours aucune réponse.

Nous sommes maintenant sorti du château et nous continuons à marcher à très grande vitesse sous les regards interrogateurs des hommes de la sécurité.
-Hayden qu'est ce qui se passe putain ?

*Boum*
Je suis projetée brutalement à terre tandis que des bruits de verre cassé éclatent et qu'une lumière orange flamboyante apparaît. Tout cela suivit par de nombreux cris.
-Aïe...
J'ai la tête qui va exploser du aux ultrasons que j'entends.
Lorsque j'arrive difficilement à me mettre sur le dos je me retourne et ce que je vois ne ressemble plus du tout à ce qui était il y a quelques minutes.
Le château est en feu, les vitres brisées et les murs s'écroulent bruyamment.
-NONNN !
Je me lève rapidement, comme si quelques secondes auparavant je n'avais pas été projeté comme une vulgaire poupée.
Je ne vois et je n'entends plus rien mis à part les cris aigus qui sortent de l'endroit.
-AARON ! J'accours à toute vitesse à l'opposé de là où je devrais aller.
Par chance, lorsque j'arrive vers la façade du château cassée je ne tarde pas à le trouver entre les débris.
-Aaron ?

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