Toi, moi et le monde au milieu

Prologue

 Dans un lieu lointain, dans un temple sacré.

Je n'ai plus de force.

Je sens la vie m'abandonner à chaque poussée. Pourtant, je dois continuer à me battre. Pour ma fille.

Allez, une dernière fois, un dernier effort. Je pousse en hurlant.

Puis, j'entends son cri, celui de la vie. Ma vue est tachetée de points blancs, je peine à respirer. Néanmoins, quand Elyon pose ma fille sur ma poitrine, je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie. Elle est magnifique. Elle a des yeux profonds, d'un vert d'eau sublime. Ces cheveux sont si fins et si blonds qu'on les voit à peine sur son petit crâne. Ses mains, ses doigts, tout est si petit, si fragile, si pur. Elle mérite un monde meilleur que celui que je lui laisse. Mon cœur se brise quand je pense à toutes les horreurs qu'elle devra endurer à cause de ce que nous avons fait. Et si elle était prise dans une guerre ? Si elle tombait malade ? Tout cela serait vain. Je n'aurais pas été là pour la protéger.

La terre se met à trembler autour de nous. On entend des explosions retentir à l'extérieur. Le monde s'écroule, alors que la vie la plus immaculée vient de voir le jour. Grâce à elle, nous aurions pu être une famille, un foyer.

— Hestia, soufflé-je. Elle s'appellera Hestia.

— Nous devons y aller.

Je laisse mes larmes se déverser sur mes joues. Tout ceci est la conséquence de mes actes. Je ne devrais pas pleurer pour quelque chose dont je suis l'unique responsable. Mais, à présent, je me sens brisée. J'ai échoué et elle devra en payer le prix.

À contrecœur, je lui tends mon bébé.

J'ai l'impression que l'on m'arrache mon âme. Elle était ma lumière. Pour une fois, je dois faire ce qui est juste et ne pas agir pour mon seul intérêt. Cette enfant grandira bien mieux loin d'ici, loin de la fureur de l'homme que j'aime. Pour sa sécurité, je dois l'éloigner.

Je sens la dernière étincelle d'énergie quitter mon corps. Dans un dernier souffle, je le vois qui emporte mon enfant.

Loin de moi, loin de tout ça. Loin du Chaos.

Puis, c'est le vide.