Chapitre 1

397 23 4
                                    

L'angoisse me tord le ventre alors que Zak m'observe, semblant attendre une réaction de ma part. J'agrippe mes doigts à mon pantalon pour éviter leurs tremblements alors que la salive peine à hydrater ma bouche. Je parviens tout de même à indiquer : 

Oscar - C'est non !


Il fronce les sourcils et lâche un petit rire

Zak - C'est trop tard. Super-licence confirmée et contrat signé : Angel Sullivan pilote à tes côtés à partir de maintenant. Je l'ai vu piloter et je t'assure que ça valait le coup d'oeil.


Oh mais je sais exactement comment est son système de pilotage. Sauf que je ne peux pas le dire. Alors j'avale ma salive et je fais une moue.

Oscar - Pourquoi tu avais l'air de me demander, dans ce cas ? Si j'ai pas mon mot à dire, pourquoi tu tournes ton annonce comme une question ?

Zak - C'est ce qu'on appelle une question rhétorique, Oscar. Je voulais faire passer la pilule plus facilement. Je sais que ça peut être surprenant mais...


La porte s'ouvre et la bombe m'explose à la gueule. C'est exactement l'Angel Sullivan que j'imaginais. Mon ventre se contracte et une nausée m'assaille alors qu'un souvenir remonte dans mon esprit pour s'y accrocher, comme si mes cauchemars ne suffisaient pas pour que je n'oublie pas. Le sourire rayonnant d'Angel me fait bondir sur mes pieds et sortir rapidement. Je bouscule plusieurs personnes mais l'air peine à rentrer dans mes poumons et j'ai vraiment besoin de sortir de là. Je tourne plusieurs fois sans réussir à me repérer. Je connais pourtant les lieux par coeur. Quand je passe, pour la huitième fois, devant la loge qu'Angel utilisera, je commence à vraiment paniquer. Pourquoi je n'arrive pas à retrouver ma route ? Je pose mes mains sur mes oreilles et me laisse glisser contre le mur, les larmes aux yeux. Il faut que j'arrive à me calmer, mais les flashs qui passent dans mon esprit m'en empêche. 

L'odeur. 

Le sang. 

La panique.


Quelqu'un pose ses mains sur mes genoux et tente de capter mon attention, mais je n'arrive pas à voir clair. Tout est trop flou. Tout est trop angoissant ici. Il faut que je sorte. La personne doit sans doute me parler, mais je ne l'écoute pas, les mains serrant mon crâne et mes oreilles un peu plus fort pour ne plus rien entendre.

Je vous choisirais, toujours, vous.


La phrase se répand dans mon esprit. La promesse me revient comme un boomerang en plein visage. Elle se répercute dans mon esprit et je sens les larmes mouiller mes joues. Je relâche ma tête dans l'espoir que les voix autour de moi chassent la promesse brisée qui martèle mon esprit.

Ingénieur - Que quelqu'un aille chercher Logan Sergeant !

Logan Sergeant.

Logan.

Log.


Zak - Non ! Il faut Mark Webber.

L'inquiétude.

Les cris.

La honte.


Ma gorge se serre, je peine plusieurs fois, mais je parviens à tout de même prononcer le prénom de mon ami d'enfance. Zak fait signe à quelqu'un d'aller le chercher. Il doit savoir. Il faut qu'il sache.

Lando - Vous pouvez vous éloigner ? Il a besoin d'air. Pas que vous soyez tous agglutiner autour de lui comme des abeilles sur une fleur. Bougez ! Je m'occupe de lui en attendant Logan.


Il s'assoit face à moi avec l'aide de Zak pour éviter d'appuyer sur le plâtre qu'il a au bras. Il pose sa main sur le côté de ma jambe avec douceur.

Lando - Tu peux avoir confiance. Angel est un pilote d'exception.

Logan qui hurle.

Le choc.

La vitre qui explose.

Oscar - J'en serais pas si sûr, à ta place.

Lando - Ne fais pas ton emmerdeur, O. C'est moi qui l'ai choisi et tu peux avoir confiance en moi. Je n'ai jamais rien fait qui pouvait te blesser.


Pas jusqu'à maintenant en tout cas. Des pas s'approchent et je préfère garder la tête baissée.

Angel - Zak m'a dit d'attendre ici. Oscar doit me faire visiter quand il se sentira...


Sa voix se coupe et je lève les yeux pour comprendre. Son regard est rivé sur l'autre bout du couloir et quand je lance un regard dans la même discussion, Logan est là, avec l'ingénieur. Figé. Tendu, comme ce soir-là.

Les sirènes.

Les gyrophares.

Un enfant.

Logan - Angel ?

Lando - Vous vous connaissez ?

Angel - Nous étions amis, à une époque.


Logan baisse les yeux vers moi et sa mâchoire se crispe. Il secoue la tête avec une mine de dégoût et fait volte-face.

Angel - Sergeant, reviens là !


Il dresse son majeur dans sa direction et le nouveau pilote McLaren le suit pour essayer de le retenir.

Lando - C'est une bonne nouvelle, non ?

Oscar - Tout reposait sur à une époque, dans sa phrase.

Lando - Si vous faites des efforts...

Oscar - C'est impossible de faire des efforts.

Lando - Bah pourtant, tu vas pas avoir le choix ! Putain mais merde ! C'est dingue, ça ? C'est quoi le souci ? Le fait que ça soit une fille ?


Non. Je me fous totalement que ça soit une fille. Le problème c'est pas que ce soit une fille. C'est que ce soit cette fille. Elle n'est pas une simple fille. Elle est la fille qui a fait basculer ma vie et celle de Logan. La fille qui aurait pu briser nos carrières. La fille qui aurait pu nous tuer. La fille qui a détruit les vies de plusieurs familles en un instant. La fille la plus instable que je connaisse. La fille avec laquelle je suis sorti quand j'étais ado. Jusqu'au drame.

Pole position | Oscar PiastriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant