PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2] (sous contrat d'édition)

Chapitre 6

Hillmore University

Vendredi 15 septembre

[Evelyna]

Assise sur une couverture étendue dans l'herbe, j'ai cessé d'écouter le groupe de filles près duquel je suis installée, dont Shirley. Ce sont ses amies. La plupart d'entre elles sont avec elle en filière de journalisme ou bien suivent un cursus en communication.

Elles sont toutes apprêtées, maquillées et parviennent à se démarquer même avec cet uniforme sombre que nous portons toutes. Bien qu'elles soient très gentilles avec moi, parmi elles, je me sens comme le vilain petit canard. Je suis un dindon parmi des cygnes.

Aucune d'elles, pas même ma coloc, n'ont remarqué ma mise en retrait. J'apprécie beaucoup Shirley. Derrière ses airs de pimbêche se cache une fille au grand cœur. Nous avons de bons délires et nos soirées films et potins sont agréables. Cependant, fréquenter son groupe de copines me met mal à l'aise. Je suis trop différente, je ne leur ressemble pas. Ce n'est pas une réflexion péjorative qui a pour but de me dévaloriser ou de les incriminer. Nous sommes tous différents, avec des envies et des besoins qui varient en fonction de notre personnalité et de notre vie.

Et je ne veux pas que ma nouvelle amie se sente obligée de m'intégrer, qu'elle se donne pour mission de m'éviter la solitude.

Mes yeux se posent sur Matt, Isaac, Axel et Nathan en train de se faire des passes. Ils ne peuvent décidément pas vivre sans ballon. Cette constatation m'arrache un faible sourire. Eux aussi, ils sont sympas.

Si je devais résumer ces deux premières semaines de cours, je dirais qu'elles ne sont pas trop mal. Je n'ai jamais été aussi entourée que ces derniers jours, même si je suis souvent figurante.

Au cours de cette semaine, je suis également retournée à la salle de boxe. Je m'y suis rendue mardi et j'ai été soulagée de ne pas y croiser Zayn. Ou peut-être déçue.

Depuis notre moment assez... rapproché de dimanche dernier, il a mis un point d'honneur à m'éviter. Tant mieux, je n'ai plus à supporter son drôle de caractère et je n'ai plus à lui rendre ouvertement sa haine. Pourtant, je me surprends à me remémorer ses prunelles vertes fixées sur mon visage, ses lèvres sur le point de rencontrer les miennes.

Je chasse cette pensée.

Nous sommes bien obligés de nous croiser en cours et parfois dans les couloirs de la Ashen House, mais nos dernières interactions ont été limitées à quelques contacts visuels.

Bon sang, je n'arrive pas à m'ôter l'image de son torse dénudé et de ses tatouages. Quand il m'a plaquée contre ce mur, les abdos luisant de sueur, ma gorge est soudainement devenue sèche. Est-ce normal d'être si bien bâti à son âge ? Depuis combien de temps fait-il de la boxe ? Et surtout à quel niveau ? Car de ce que j'ai compris, ce n'est pas un amateur.

Ça m'énerve qu'il soit aussi beau.

Le karma veut sans doute tester mes limites, car au bout de la pelouse, Zayn et Soren prennent place sur un banc, à l'écart des étudiants. Il fait beau aujourd'hui et les températures sont plus que clémentes. C'est pourquoi Shirley nous a proposé de prendre un sandwich et de venir déjeuner dans les jardins d'Hillmore. Nous sommes loin d'être les seules à profiter du temps et de la verdure.

Le ballon passe entre nous, manquant de nous toucher.

— Pardon, les filles ! s'exclame Matt.

— Vous ne pouvez pas vous asseoir comme tout le monde et profiter du soleil ? s'indigne Shirley.