Sagittaire

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Le petit Aiolos ferma son cahier et son livre. Son maître lui avait demandé d'écrire un exposé sur tous les chevaliers d'or de sa maison qui avaient participé aux guerres saintes. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils avaient tous eu un destin tragique. Aucun n'avait survécu, aucun n'avait fini grand pope.

Le garçon sortit de son temple, le coeur gros mais le soleil brillait. Ça lui remonta un peu le moral. On était au mois d'août et il avait encore le temps de jouer dehors, avant de rentrer au palais du pope.

Aiolos était encore trop jeune pour habiter son temple, tout seul. Il partageait donc, dans le palais du pope, une chambre avec Saga, le futur chevalier des Gémeaux, son aîné de six mois mais surtout, son grand ami.

Et d'ailleurs, quand on parlait du loup... Aiolos, la tête toujours dans son exposé, fut tiré de sa rêverie par la projection d'un petit caillou contre son front.

- Alors ?! Tu baies aux corneilles ? Ça fait une heure que je t'attends pour jouer !
- Saga ! Tu m'as fait mal !
- Mais on n'a plus le temps pour jouer aux échecs, là !
- On y jouera demain. Ce n'est pas grave.
- Alors on fait quoi ?
- Et si on allait voir mon petit frère ?
- On l'a déjà vu hier... Le grand pope ne voudra jamais nous emmener à nouveau jusqu'à la pouponnière. Il a dit qu'il fallait laisser tous les bébés dormir beaucoup.
- Et si on jouait au foot ?
- Oh... Je n'ai plus de ballon... Il a... Crevé.

En vérité, le ballon de Saga existait bien encore, il était même probablement en bon état à ce moment-là mais il avait été "kidnappé" par le jumeau de Saga, dont personne ne devait connaître l'existence. Kanon s'ennuyait ferme, il fallait bien qu'il s'occupe !

- Et si on allait...
- Dans la bibliothèque du pope ?
- T'as tout compris !
- Et puis ça, on a le droit !

Les deux garçons s'étaient mis dans la tête que le grand pope y cachait des cartes aux trésors. Il avait tellement de livres très anciens, aux couvertures en cuir râpé, que les deux enfants rêvaient d'y trouver un vieux parchemin, oublié. Le grand pope, pensant que les deux futurs chevaliers d'or voulaient juste se cultiver, les laissait faire leurs fouilles, à conditions qu'ils remettent bien tout en place.

- Tu penses vraiment qu'on va y trouver une carte, un jour, Saga ?
- Sûr et certain ! Comment crois-tu que le pope trouve tout cet argent pour entretenir le sanctuaire ?!

.........................

- Dans celui-ci non plus... Rien... Pourtant, ça parle de Poséidon, de pirates et il est tout vieux ! Il a été imprimé en 1645 ! Saga, tu m'écoutes ?
- Mmmoui...
- T'as trouvé, toi ?

Saga leva son nez du vieux livre qu'il feuilletait avec attention.

- Euh... En fait, j'ai pas trouvé de carte. Mais là, ça parle des étoiles pour se repérer sur les bateaux, d'astronomie et d'astrologie. Ben tu sais quoi ? T'es pas Sagittaire ! T'es Serpentaire !
- Quoi, qu'est-ce que tu racontes ?!
- Oui ! Ser-pen-taire !
- Je suis Sa-gi-ttaire ! Comme une moitié de cheval !
- Serpentaire ! Comme le serpent ! Sssssssss !

Saga se mit à onduler sur sa chaise, heureux d'avoir trouvé un prétexte pour taquiner son ami : d'habitude, c'était lui le plus sage et lui, la victime d'Aiolos.

- Gggr ! Un centaure, c'est plus classe et ça fait moins peur !
- Non, tu es un serpent, ah ! Ah ! Et puis ton centaure, ils disent que c'est "un guérisseur blessé" ! Si avec ça, tu ne finis pas chkinophrène ! Non... Schkiphro...
- Schizophrène, dit le grand pope qui venait d'entrer dans sa bibliothèque. Vous avez de drôle de discussions, ce soir, les enfants ! Et vous n'êtes pas en train de jouer dehors ?

Le grand pope était vieux, impressionnant par sa stature et son charisme mais était adoré de ses futurs chevaliers. Il pouvait être sévère aussi mais il était toujours juste, ce qu'appréciaient beaucoup les enfants : les punitions étaient toujours méritées quand elles tombaient. Le reste du temps, il était surtout doux et attentionné.

Le coeur d'AthénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant