Chapitre 51

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Summer :

Cela fait une semaine que Rowan s'est réveillé. Il dort constamment sur le canapé et fait des cauchemars en criant et se couvrant les oreilles. La journée je reste assise à l'autre bout du canapé à fixer le vide, les garçons préparent des repas infects. Robert a eu l'initiative de préparer un vrai repas, mais Andres et Jacob n'ont pas supporté que ce soit avec du tofu.

Donc depuis, c'est fast food sur fast food. Je n'arrive à rien avaler sans vomir, je suis resté donc à l'idée des soupes. Le seul plat que je peux manger sans vomir.

Les quatre hommes rentrent en début, se soirée épuisée, les recherches ont l'air de n'avoir rien donné et la tête de Rowan est encore plus contrarié que d'habitude.

Depuis la semaine dernière, il n'a pas tenté de me reparler. Il a osé me parler de l'enterrement de mon père, il est pourtant en partie responsable.

Ton père a tué son meilleur ami et pourtant il te protège au péril de sa vie...

Andres s'affale à côté de moi sur le canapé, j'adore cet homme, il est drôle, gentil, mais surtout fou amoureux de Jacob. Les trois chambres sont côte à côte, la mienne est au milieu des deux hommes et de Robert. Je l'ai entends parler et rire toute le nuit. Le nœud de jalousie qui se creuse au sein de mon ventre chaque soir me rend encore plus ignoble.

⁃ Comment vas-tu aujourd'hui Sum ?

Rien.

⁃ Ah top ! Nous s'était journée merdique entre les recherches, la drogue et tout je suis crevé, fait-il le monologue tout seul

Il continue jusqu'à ce que Robert s'installe à côté et lui dire de dégager s'occuper du repas avec Jacob.

⁃ Summer, commence-t-il, pour l'enterrement je fais comment ? Il me faut des directives, je ne peux pas laisser son corps indéfiniment là ou il est.

Le corps de mon père ?

Ils l'ont récupéré ?

Je regarde interloquée le visage de Robert, espérant qu'il comprenne ce que j'ai dans la tête.

⁃ Quand je n'ai pas pu t'emmener après la mort de ton père c'est Rowan qui s'en est chargé en me donnant deux missions, récupérer son corps et brûler l'entrepôt.

Je hoche la tête pour retenir mes larmes, le corps de mon père n'a pas péri dans les flammes.

Ils sont tous à table, je ne participe pas, comme d'habitude, je reste assise par terre à écrire sur la table basse du salon les instructions pour l'enterrement de mon père. Une fois fini, je dépose le mot à côté de l'assiette de Robert puis monte dans ma chambre.

Un lit en face de la porte, une gigantesque armoire et une grande baie vitrée. Voilà tout ce que j'ai retenu.

Mon père aurait détesté cet appartement, ma mère l'aurait adoré.

Mais on s'en fout, ils sont morts.

Allongée en plein milieu du lit, je regarde le plafond en attendant.

Les cris retentissent dans tout le loft, ceux de Rowan, comme chaque soir. Les garçons et moi atteignons les escaliers tous en même temps. Rowan se bouche les oreilles en criant dans son sommeil, cette image me ramène le soir ou je l'avais soigné.

⁃ Stop ! Crie-t-il, lâchez-la !

⁃ Rowan, nous sommes là, rassuré Jacob qui es le seul à s'être avancé

Andres et Robert sont devant moi, tandis que je reste en retrait. Le voir dans cet état de vulnérabilité me détruit. Je n'ai jamais réagi à ses cauchemars, car je n'y arrive pas, cette douleur, ces cris c'est trop dur. Pourtant je ne peux me résigner à rester dans ma chambre.

⁃ Lâchez-la !! Summer ! Hurle-t-il a pleins poumons.

Il répète ces mots sans arrêt sans se soucier des paroles de Jacob.

⁃ Pardon, pardon, pardonne-moi... pleure-t-il désormais

⁃ À quoi pense-t-il ? J'ose demander

⁃ C'est quand... commencer Jacob avant de tenir le corps de Rowan qui se met à se secouer

J'avance plus proche au point de me mettre devant lui aux côtés de Jacob. Qui me regarde d'un air rempli de détresse. Sa peine se lit dans ses yeux, il souffre autant que nous face à cette situation. Alors que Jacob se déplace sur le côté du canapé pour lui retirer les mains sur ses oreilles, je me recroqueville et tends ma main sur sa cheville espérant l'apaiser. Malgré qu'il est bien répondu aux soins, bouger et hurler comme ça pourrait sévèrement aggraver sa blessure.

Le contact de ma peau sur la sienne me donne une décharge électrique.

Un battement.

Mon corps réagit au sien, comme s'il avait occulté le mauvais et gardé que ces moments précieux sur lesquelles je m'accroche pour ne pas sombrer. Rowan se réveille à ce moment en se redressant en position assise face à moi. Il est aussi essoufflé qu'un marathonien, ses mains sont posées de part et d'autre de sa tête. Ses yeux noirs se plantent dans les miens, il a honte, il n'a pas vu les hommes derrière, mais il sait qu'ils sont là. Ils ont vu sa faiblesse et à quel point il a mal, quoi de pire pour un mafieux. Rowan se frotte le visage, personne ne dit rien, seulement la respiration saccadée et rapide de Rowan remplit la pièce. Mon mari sort de la pièce en récupérant une bouteille d'alcool sur le meuble et monte sur le toit comme chaque soir.

Assise en boule au coin opposé de la ou Rowan dort, j'attends qu'il revienne. Ce n'est qu'au bout de deux heures en titubant, il s'affale sur le canapé et recouvre ses yeux de son bras sans même se rendre compte que je suis là.

Ou peut-être que si...

⁃ Désolé pour ça et ce que j'ai dit sur ta mère, dit-il

Je lève la tête étonnée.

⁃ Chaque soir c'est pareil, vous devriez arrêter de venir

Je ne réponds rien, car cette phrase ne vaut pas la peine. Comment peut-on laisser une personne qu'on aime dans cet état seul ?

⁃ Tu peux retourner dormir, ça va, dit-il sèchement

Quelques minutes plus tard, il lève son bras pour voir si je suis encore là, mais je n'ai pas bougé. Rowan pince ses lèvres puis se tourne pour s'endormir. 

Rescue YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant