Novacandy

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"I would give up my tongue for a taste

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"I would give up my tongue for a taste

Even though I know it's catch-and-release."


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Qu'est ce que je fais là, sérieusement?

Je crois que je n'ai vraiment aucune dignité, mes pieds ancrés sur le perron de ma maison le prouvent. J'attends comme un con, au beau milieu de la nuit. Les rues sont silencieuses, immobiles, tout comme moi, comme si on retenait tous notre souffle, attendant de savoir si j'irais au bout de ma connerie.

Je devrais faire marche arrière, claquer cette fichue porte et tenter de me rendormir. Je devrais bloquer ce numéro maudit, le déclencheur de ma folie. Et pourtant ma raison refuse de prendre le contrôle de mon corps. Je reste là, planté comme une plante verte, à attendre que cette gueule d'ange débarque avec sa vieille voiture à la carrosserie orange délavée.

Je me souviens encore parfaitement du rythme sur lequel mon cœur a dansé quelques minutes plus tôt, malgré moi. Il suffit d'un appel ou parfois seulement d'un message, pour que ma rancœur s'oublie sous mon manque. J'ai l'impression d'être un drogué. À chaque fois je me répète que c'est la dernière, qu'il ne m'aura plus avec ses paroles mielleuses, puis finalement je capitule au moindre coup de fil, mon corps n'est pas encore sevré de son touché.

Merde.

Je crois que j'ai envie de pleurer. Je suis ridicule, un pauvre imbécile qui refait inlassablement les mêmes erreurs parce qu'il s'est épris d'un homme dont il ne peut plus échapper.

Cependant, avant que mes larmes ne coulent, j'entends la reconnaissable mélodie de pneus qui frottent l'asphalte. Au bout de la rue, je peux apercevoir les faisceaux blancs de phares de voiture. C'est lui, j'en suis sûr.

Les freins crissent dans un bruit à réveiller tout le quartier. On pourrait reconnaître cette caisse entre mille. Entre la carrosserie écaillée à la couleur plus que douteuse, la radio toujours au volume maximal et les freins qui grincent bien trop pour que ce soit rassurant, on l'entend et on la voit à des kilomètres. Finalement elle représente bien son propriétaire et sa personnalité édulcorée.

Je ne fais d'ailleurs pas attendre ce dernier. Il est trop tard pour reculer de toute façon. Je traverse mon petit jardin et pousse le portique pour me retrouver sur le trottoir goudronné. Putain, je suis vraiment trop con. Plus je me rapproche de celui que je souhaitais fuir, plus je me le répète. Oui, Eden Williams est un imbécile fini.

Je finis finalement par franchir les derniers pas qui me séparent de la voiture. Ma main agrippe la poignée que je tire avec violence pour m'asseoir sur le fauteuil passager. Je la referme encore plus brusquement, histoire de montrer que je ne suis pas ici par bonté de cœur. J'entends le conducteur se tendre sur le cuir abîmé de son siège, il se retient de me crier « La porte ! » je le sais. Je l'ai fait exprès, il déteste quand je suis trop dur avec son vieux pick-up, moi ça me fait surtout rire. Surtout quand il est conscient qu'il n'est pas en position de me faire des reproches et qu'il se contient. Ah, c'est délectable.

AUSTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant