Visite nocturne

Visite nocturne (One shit)

Newt venait d'abaisser les volets-minables-de-son-appartement-étudiant-déjà-on-en-a-on-va-pas-se-plaindre et s'apprêtait à se pieuter bien comme il faut. Quoi de mieux à faire un mardi soir, à vingt-deux heures trente ?

Au moment où il allait se glisser dans son petit lit, chaussons abandonnés avec joie sur le sol de sa chambre, quatre coups secs sont assénés contre la porte.

Putain de bordel. Encore les agents du CROUS qui viennent inspecter son appart à des heures pas possibles ? La dernière fois, ils avaient osé s'introduire dans son appartement à huit heures du matin, alors que Newt était encore endormi !

Il peut s'attendre à tout, avec ces gens.

Au moins aujourd'hui ils ont la prévenance de toquer, songe Newt en se relevant péniblement.

Le temps qu'il traverse la pièce, d'autres coups retentissent. Et la chambre fait dix mètres carré, c'est dire à quel point ils sont pressés d'entrer.

- C'est bon j'arrive. Ya pas le feu. Grince-t-il

Pieds nus, en pyjama, il récupère sa clé posée sur une pile de livres et vient déverrouiller son placard-à-balais-communément-nommé-chambre-étudiant.

La porte s'ouvre enfin, et Newt se retrouve face à un garçon d'à peu près son âge.

- Eh bien, ils les recrutent jeunes. Commente-il sans pouvoir s'en empêcher

Et l'uniforme en vigueur est apparemment un tee shirt et un caleçon ?

Les deux garçons se font face, sans un mot. L'inconnu regarde Newt comme s'il était la huitième merveille du monde, ou au moins comme s'il venait d'inventer le remède contre une maladie mortelle.

C'est finalement Newt qui brise le silence, agacé par la situation.

- C'est pour quoi ?

L'autre continue de le fixer bêtement. Newt est de plus en plus impatient. Son lit l'attend.

- Mec, qu'est-ce que tu veux ?

Ses mots semblent réanimer l'activité cérébrale du garçon, si toutefois il en a bien une. Il se redresse, bombe le torse en avalant sa salive. Son expression se fait on ne peut plus sérieuse, et il ouvre la bouche pour répondre par une question.

- Comment tu t'appelles ?

- Newt.

- C'est pas un prénom.

- Va te faire foutre ?

- Non non pardon ! Ne ferme pas la porte !

- Quoi ?

- J'ai grandement besoin d'aide...

Newt pousse un soupir. Il sent que ça va être long.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Il y a une araignée dans ma chambre...

Newt, hébété, toise l'inconscient qui ose venir le déranger à une heure pareille, et surtout pour une histoire d'insecte. Et même si l'araignée n'est pas un insecte, c'est pareil.

Il commence à refermer la porte, et l'inconnu s'accroche désespérément à la poignée :

- Je t'en prie, Newt. Je t'en supplie !

- Je ne sais même pas qui tu es !

- Je suis Minho, j'habite au même étage que toi ! On s'est déjà rencontrés en plus.