ø :« eu » comme dans « bleu ». Skøll peut être lu comme Skull (en anglais). Beaucoup l'appellent comme ça.
Ragnarök : Dans la mythologie nordique, le Ragnarök renvoie à une fin du monde prophétique.
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Skøll n'a pas toujours été Skøll.
Est-ce la meilleure façon de commencer cette histoire ?
Patience, ma psy, me répète souvent que je ne dois pas raturer ou déchirer, qu'il faut que j'écrive et garde tout, même les erreurs. Je ne sais pas si c'est sa façon de me dire qu'il faut que je me garde moi.
Que je ne me foute pas en l'air.
Patience est gentille, professionnelle, mais je crois qu'elle n'aimerait pas lire mes journaux. Connaître le véritable visage de la personne qui s'est assise tant de fois face à elle.
Au début, tant que j'étais encore un peu l'autre, encore les débris du "je" d'avant la fin du monde, de mon Ragnarök, je n'avais pas grand-chose à lui cacher, plus à l'écoute que bavard, de toute façon. Mais quand j'ai commencé à poursuivre le Soleil, Patience n'a plus jamais su qui j'étais.
Elle n'a pas remarqué le changement. Je pense qu'elle n'a jamais soupçonné que je puisse lui mentir vraiment.
Peut-être qu'aujourd'hui, elle se méfierait davantage face à moi ?
Je ne sais pas, je suppose.
On ne sait jamais rien de toute façon. On ne connaît jamais personne non plus. Il en est la preuve.
Mais tout comme Skøll n'a pas toujours été Skøll, le Monstre n'a pas toujours été le Monstre. Non, pardon, j'ai tort ; pas de rature, mais une précision. Aux yeux du monde, des miens, le Monstre n'a pas toujours été le Monstre.
Est-ce que tant qu'il est le seul à savoir, alors, il n'est pas encore réellement un monstre ? Faut-il qu'au moins une personne découvre son secret ? Est-ce la première victime, la première vie détruite, qui fait officiellement de lui un monstre ? Ou un témoin, un observateur extérieur plus difficile à berner que les autres, suffit-il ?
Patience n'a jamais eu de réponses à ces questions. Je ne sais pas si elle me dit toujours ce qu'elle pense que je veux entendre ou simplement ce que ses livres lui dictent, mais je ne suis jamais convaincu ou satisfait. Juste déçu.
Les gens sont décevants, de toute façon. Mon histoire l'est également.
Tout commence avec le Monstre, je crois.
Lorsque vous le rencontrerez, il portera d'abord un autre nom, montrera un autre visage, mais contrairement à moi, vous saurez.
Tout commence avec le Monstre, mais ne vous méprenez pas, ce n'est pas son histoire, que je vais vous raconter.
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