L'échange Équivalent (FR)

Chapitre I - "Vivre"

Et voilà la dernière partie de ma lettre... Heureuse que tu la lises et que tu sois en accord avec mon choix.

Après avoir lu la première partie qui t'indique là où on doit enfin se retrouver, voici la seconde qui t'expliquera tout ce que tu dois savoir, sur le chemin de notre rencontre.

Je suis désolé... Tu dois avoir tellement de questions, et je ne sais pas si tu te souviens de tout. Alors pour me rassurer, je vais prendre le soin de tout te raconter. D'accord ?

Bien, aujourd'hui est le départ ! Prête ma chérie ? Es-tu accompagnée ? Comment es-tu habillée ? Tu me raconteras hein ?

Alors, je sais, qu'une lettre manuscrite c'est pas terrible et n'est pas vraiment "album photos sous un plaid, un dimanche pluvieux autour d'un chocolat ».
Mais disons que je n'ai pas eu beaucoup de choix. Hum, j'y pense, tu pourrais peut-être l'écrire et la publier sur Wattpad ? J'aimerais que tout le monde connaissent notre histoire ! Elle est si belle...

Bon, par où commencer ? Hum... Je sais : 12775 jours, 306600 heures, 35 années, enfin bref, je rumine comme à mon habitude. Et malgré tout ce temps passé, il y a quelques mois, je n'avais pas toujours conscience de qui j'étais.

Vivre : "Être en vie. Exister." Te souviens-tu... ?

Certainement le mot le plus important à connaître dans notre existence. Vivre...
Cinq lettres qui représentent un sens à ce que les êtres humains sont.

Aristote définit ainsi la vie comme la « capacité de se nourrir, croître et dépérir par soi-même ».
Sénèque, lui, pense que "la vie est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée."

Me concernant, je n'aimais pas jouer et encore moins au théâtre !
Pour résumer plus simplement, ma vie était assez terne, sans couleur ni vie.
Une existence que je traînais comme un boulet au pied.
Mon intérieur était froid, vide et froissé, comme un pétale fané.
Triste résumé n'est-ce pas ?

Mon enfance fut assez banale et j'avais tout ce dont un enfant avait besoin. Un équilibre entre amour, bien-être, et sécurité. Je n'ai aucun souvenir marquant... Positif comme négatif.

Mes parents et moi habitions dans un village ensoleillé du sud de la France. Une belle maison, de la réussite professionnelle et le gros lot que tout les parents espère avoir : une fille unique et bancale.
Désolé papa, maman !

De mémoire, le seul souvenir qui m'apportait une once de bonheur, était de m'evader pendant les vacances d'été. Errer sur la côte basque, avec mes tristes pensées comme seule compagnie me soulager...
C'était si paisible et profondément calme. Je m'installais chaque jour près d'une balançoire fixée à un arbre posté à l'est, qui surplombe la plage. Tu ne peux pas le rater, c'est un décor de carte postale !
Puis, le bruit des vagues qui se jetaient avec violence plus bas, résonnait en moi m'apportant un sentiment étrange de plénitude.
Tu verras, ça te plaira. D'ailleurs, j'espère que tu es bientôt arrivée ?

Reprenons... Au fil du temps, le manque d'émotion me tourmentait de plus en plus. Toutes ces questionnements me grignotaient comme un foutu cancer en phase terminale. Silencieux mais dévastateur.
L'adolescence, qui est souvent mouvementée et remplie d'histoires totalement « abominables » à supporter, m'a plutôt bien épargnée.
Je n'ai pas connu cette phase dans la vie d'une adolescente ou elle est le berceau d'émotions, de surprises et de dramaturgie.
Disons que ma fabrique à sensation et émotion était anesthésiée.

« Dépressive » ; « choc émotionnel » ; « anhédonie » et tant d'autres, fut les mots posés sur mes maux. Mettre des coupables sur ce que je « ressentais » (ou pas) ne rassuraient pas mes parents plus que de raison.
Cela a été surtout un pansement, afin qu'ils se sentent moins responsables de l'erreur que j'étais.