L'échange Équivalent (FR)

Chapitre III - Aurevoir

L'attente à l'hôpital fut extrêmement longue. La solitude qui était ma plus belle compagnie jusqu'à présent, était devenue infecte et détestable.
Plein de nouveaux sentiments se mêlèrent en moi... Comme la peur, de l'incompréhension, et l'une des émotions la plus difficile à contrôler : L'angoisse.

Elle est rapide, incisive, percutante et extrêmement violente. Elle prend le contrôle de tes pensées, mais aussi de ton corps. Tremblements, asphyxie, nausées, accélération du rythme cardiaque, vomissements... Voilà juste un tout petit échantillon de cette pathologie.

J'arrivais à identifier et à classer chaque émotion qui traversait mon corps.
Mes années de lectures sur la psychologie et l'humain n'avait aucune utilité.
Les méthodes à adopter que j'ai pu découvrir dans différents livres, sont très clairement inefficaces.
Trouver de la logique dans un flot de détresse, relevé d'un miracle ! C'est comme si je devais apprendre à respirer sous l'eau... Physiologiquement impossible. En bref, un calvaire.

Quand le médecin sorti de ta chambre et qu'il se tourna dans ma direction, j'ai compris assez rapidement ce qu'il en était.
L'analyse non-verbale fut sans appel :
Épaules baissées, marche décousue, transpiration, se frotte l'alliance avec insistance et pour couronner le tout : il évite mon regard et retarde la sortie du son de sa voix.
J'avais malheureusement vu juste. C'était grave...

L'un de tes reins était en fin de vie, associé à une infection bactérienne assez avancée.
La voix triste et rauque du médecin qui pénétra dans mes oreilles, me serra davantage la mâchoire.

"- Son état est... assez critique. L'infection est assez costaude et nous avons beaucoup de difficulté à l'enrayer. Cela a créé un effet domino assez violent, sur un corps déjà bien abîmé. Il faut vous attendre au pire, je... Je suis désolé. Essayez d'être calme et patiente, il se peut qu'un rein soit disponible rapidement. Nous faisons vraiment notre maximum pour la sauver.

Chaque mot m'ont achevé !! Être patiente ? Mais comment ?! Être calme ? Encore moins !! Je vais devoir buter qui pour un rein ?!

Le temps était devenu à la fois extrêmement lent et rapide. Puis vinrent les premières larmes qui fut libératrices et détestables à la fois.
Et l'enfer ne s'arrêta pas là... En quelques heures, ton état avait de nouveau empiré. Tu étais toujours inconsciente, mais je voulais tellement te faire savoir que j'étais là, près de toi. Te serrer la main, te caresser la joue ou te dire que je suis là près de toi, au creux de ton oreille.

Quelle injustice de se voir refuser l'accès de ta chambre ! J'avais jamais ressenti autant de haine pour un être humain !! Tout mon corps voulais tuer tout ceux qui se mettaient en travers de mon chemin...

Puis après m'être calmée, j'ai bien entendu pris conscience, que c'était uniquement pour ton bien. Néanmoins, ne pas être à tes côtés quand tu souffrais était tout simplement un enfer. Et ce fut le cas pendant un petit moment...

Les jours qui ont suivi furent longs et éprouvants.
Et durant cette période, je me suis découverte...
Tout ce que j'étais avant n'était plus et ce que je suis aujourd'hui, est un mélange d'émotions et de sensations totalement contradictoires, se bousculant pour prendre la place de l'un et de l'autre.
C'était donc ça hein ?
Toute ma psyché était entrain de se déconstruire progressivement en moi. Bloc par bloc. Tout comme ton état de santé...

Le septième jour, je pris la décision de t'offrir mon rein. Ne me demande pas comment j'ai pu procéder, je garderais ça pour moi.
J'en deux reins, alors prends en un. Si ce n'était que ça... Le prix était bien peu coûteux pour te revoir sourire.
Tu sais... Jamais de ma vie, je n'ai été autant déterminée et impatiente. Jamais !
La peur qui pour moi était une ennemie pendant des jours, fut devenue ma plus grande force.
Je passais fièrement au second plan, pour quelqu'un que je connaissait à peine.
Tu étais mon unique priorité...