༄ Chapitre I ༄

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Mes coudes appuyés sur la lucarne de ma chambre me faisaient terriblement souffrir. Des échardes du rebord en bois s'enfonçaient dans ma peau à mesure que je me rapprochais des carreaux.

De la chaleur se dégageait du verre et l'air chaud me brûlait les poumons à chacune de mes inspirations. Mais ce n'était rien comparé à la lumière qui me brûlait le visage.

Je n'avais pas besoin de me voir pour deviner les marques rouges que le soleil avait sûrement déjà laissées sur ma peau.

Pourtant, je ne bougeais pas, continuant de contempler le ciel. Comme chaque jour de mon existence, désespérément.

À la recherche du nuage qui serait porteur de pluie.

Jamais je n'en avais vu un dans le ciel, seul dans un ancien livre j'en avais aperçu les contours. J'espérais qu'un d'eux soit gris, presque noir.

Il serait de la couleur de la fin, mais il serait le début. Le début d'un avenir où l'eau serait une ressource accessible, où les humains ne feraient pas les mêmes erreurs que ceux de l'ancien temps.

À l'époque, ils avaient épuisé les ressources de la nature sans même s'en soucier, et ils avaient fini par le payer, et avec eux toutes les générations suivantes.

Ils se croyaient supérieurs à la nature, mais en se prenant pour des dieux, ils avaient fini comme des animaux.

Et après des siècles de domination, Mère Nature a rompu le cycle de l'eau.

Elle était devenue accessible pour la plupart des humains, et ils en avaient oublié sa valeur.

Mes ancêtres ont d'abord cru à une sécheresse, mais elle a duré des jours, des mois, des années, des siècles...

Et depuis, rien n'a changé, je suis née au milieu de toute cette horreur. Le seul et unique décor de ma vie avait toujours été le désert.

Évidemment, quelques plantes sèches et autres cactus vivaient encore dans ces terres brûlées. Mais pour le reste, la plupart des animaux et des plantes n'étaient plus que des dessins sur des carnets rescapés de la course du temps.

Le fait que l'espèce humaine ait donc survécu relevait plus du miracle que d'autre chose.

Et ces humains, fidèles à eux-mêmes, avaient refusé de mourir sans se battre. Alors, ils ont pris les armes et se sont déclarés la guerre, et de guerre en guerre...

La grande guerre de l'eau a débuté.

N'étant pas éternels, ils ont commencé à recruter des soldats de plus en plus de jeunes. C'est ainsi qu'un jour, ils ont frappé à notre porte.

Je retenait mes larmes tandis que je tentai de calmer ma respiration lancinante.

Les souvenirs qui refluaient dans mon esprit m'obligeaient à me poser sur le sol. Malgré les trois années qui avaient passé, le poids que son absence me pesait chaque jour un peu plus.

Je plantai mes ongles dans le barreau de la chaise la plus proche de moi tant ma douleur me broyait de l'intérieur.

D'autant que la peur de le rejoindre au front n'était plus si loin de moi. Le service obligatoire à la guerre touchait tous les jeunes répertoriés à partir de seize ans.

Lorsque mon frère avait atteint cet âge fatidique, ils n'étaient pas venus tout de suite le chercher, nous laissant espérer qu'ils l'avaient oublié.

Pourtant je voyais ces traits tirés, ces sourires qui n'atteignaient plus ces yeux et son angoisse qui le rongeait de l'intérieur.

Il ne savait pas ce qui l'attendait si ils venaient le chercher.

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