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Los Angeles, quartier de Downtown Los Angeles, Cathédrale Notre-Dame-des-Anges

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Los Angeles, quartier de Downtown Los Angeles, Cathédrale Notre-Dame-des-Anges

Les convives arrivent en silence, leurs pas résonnant sur les dalles froides, comme un écho de notre chagrin partagé. L'air est lourd de tristesse, imprégné de l'odeur des bougies et des fleurs, des fleurs qui devraient célébrer la vie mais qui ici, semblent pleurer une absence. Les vitraux colorés projettent des éclats de lumière sur les bancs de bois poli, créant des motifs abstraits sur les murs, un contraste déchirant avec l'atmosphère sombre qui enveloppe la pièce.

Là, sur l'estrade près du piano, je me tiens debout, vêtue d'une sobre robe noire, le symbole de notre deuil collectif. Mes yeux sont vides, comme deux abysses sans fond, incapables de saisir l'ampleur de la perte. Mes doigts effleurent les touches du piano, mais aucune mélodie n'en sort, aucun son pour exprimer la douleur qui me ronge. La musique, qui était autrefois notre refuge, semble désormais un lointain souvenir.

Je me remémore les moments précieux que nous avons partagés, Lucas, avec ses boucles châtains et son sourire espiègle, si vivant et curieux. Je me revois le prendre dans mes bras, sentir son petit corps vibrer d'excitation à chaque nouvelle découverte. 

Je me rappelle aussi des après-midis passés au parc, où Lucas courait après les papillons, ses petits pieds s'élançant avec une énergie débordante. Chaque fois qu'il en attrapait un, son rire résonnait comme une mélodie pure, une symphonie d'innocence et de joie. Je le voyais plisser les yeux sous le soleil, émerveillé par la beauté éphémère de ces créatures délicates. Nous avions passé des heures à construire des châteaux de sable à la plage, Lucas insistant toujours pour que son château ait le plus grand des douves, des détails imaginaires se dessinaient dans son esprit, des dragons et des princes en guerre pour son royaume de sable.

Je me souviens aussi des soirées où je lui lisais des histoires avant de dormir, son lit devenu un havre d'aventures. Lucas écoutait attentivement, ses grands yeux brillants de curiosité fixés sur moi, absorbant chaque mot comme s'il s'agissait d'un trésor. Il adorait les histoires de superhéros, et j'aimais inventer des aventures fantastiques juste pour lui, tissant des récits où il était le héros, capable de tout surmonter, avec un cœur vaillant et une force inébranlable.

Mais aujourd'hui, cette joie est ensevelie sous le poids du chagrin. Je lutte pour contenir mes larmes, le cœur lourd de l'injustice de cette situation. Ces moments, si simples et pourtant si précieux, ne reviendraient jamais. Mais je chérirai chaque souvenir, chaque rire éclatant, chaque câlin réconfortant qui réchauffait mon cœur. Lucas a été une lumière dans ma vie, une étoile brillante dans l'obscurité. Même s'il est parti trop tôt, il vivra toujours dans mon cœur, son esprit libre et joyeux illuminant mes jours sombres.

Comment peut-on continuer à avancer quand une étoile s'éteint ? Je regarde les visages des convives, les larmes silencieuses qui trahissent leur peine, et je me sens à la fois connectée et isolée, perdue dans ce maelström d'émotions.

Je rêve d'une mélodie qui pourrait apaiser nos cœurs meurtris, mais chaque note semble se dérober à moi. Je me demande si c'est cela, le deuil : une lutte perpétuelle entre la mémoire et le présent, entre le désir de chanter et l'impossibilité de le faire. Au fond de moi, j'espère qu'un jour, les souvenirs de Lucas, de son rire, de sa lumière, pourront résonner à nouveau, non pas comme un rappel de notre perte, mais comme une célébration de ce qu'il était et de ce qu'il continuera d'être dans nos cœurs.

Maman et papa pénètrent à leur tour dans l'église, leurs visages marqués par la douleur, leurs épaules voûtées sous le poids insupportable de la perte. Je les observe échanger une étreinte réconfortante, un geste fragile dans ce contexte de chagrin, avant que ma mère ne se dirige vers moi, son regard empli d'une profonde inquiétude.

— Samy ? demande-t-elle d'une voix douce, presque tremblante.

J'esquisse un pauvre sourire, une tentative désespérée de masquer la tempête qui fait rage en moi.

— Chérie, tout va bien ? continue-t-elle, scrutant mon visage à la recherche d'un indice.

— Il y a environ deux ans, Kim et Mike sont partis à Chicago rendre visite à Miguel, me remémoré-je d'une voix enrouée, mes pensées vagabondant vers des souvenirs plus légers. Il m'a tellement supplié que je l'ai laissé engloutir une tonne de sucreries. Il savait y faire. Il a le charme de Mickaël. Et c'est un vrai coquin. Résultat, on a fini chez le médecin. Kim était folle. J'avais interdiction de lui donner un seul bonbon par la suite. Après cet épisode, Lucas m'appelait... Sweet Samy.

Je baisse la tête, mes yeux s'embuant de larmes, chaque souvenir se transformant en une poignante lame de fond.

— Je n'y arriverai pas maman... Je ne pourrai pas. J'ai chanté pour célébrer leur amour, je ne peux pas chanter pour l'enterrement de leur enfant... Je ne peux pas croire que Lucas soit parti...

Ma mère me serre contre son cœur, les sanglots secouant mon corps comme des vagues de douleur, chaque gémissement résonnant dans la salle vide. Les larmes coulent, incontrôlables, comme un torrent de chagrin qui ne semble jamais s'arrêter. Chaque pensée de Lucas est à la fois une caresse et une brûlure, un mélange dévastateur de tristesse et de gratitude. Je ressens une douce mélancolie qui m'accompagne, une résonance de son rire et de sa joie qui continuent de danser dans mes souvenirs, tels des papillons virevoltant à travers un champ ensoleillé, leur beauté éclatante un rappel cruel de ce qui a été perdu.

Les démons du passé - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant